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Auteur : Sigrid Baffert
Date de saisie : 24/04/2014
Genre : Jeunesse à partir de 13 ans
Editeur : Joie de lire, Genève, Suisse
Collection : Encrage
Prix : 14.50 €
ISBN : 978-2-88908-221-6
GENCOD : 9782889082216
Sorti le : 17/04/2014
1) Qui êtes-vous ? !
L'auteur.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
Il y a plusieurs thèmes centraux dans ce livre : les relations père-fils, la transmission, la génétique, le secret. Et le désir de vivre.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
«Qu'est-ce qui fait qu'un père est un père ? Son désir de l'être ou quelques millilitres de sperme dans un tube de verre ? Et un fils ? Qu'est-ce qui fait qu'un fils est un fils ? Le sang, ou bien l'amour et les souvenirs qui le remplissent ?»
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Nothing else matters, de Metallica.
Cette chanson m'a accompagnée tout au long de l'écriture du livre et reflète bien les sentiments de Virgil.
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
Au départ, il y a eu un fait divers, dans le journal.
Une dépêche, quelques lignes, juste un entrefilet. Mais un entrefilet de choc.
Alors, de ce choc, j'ai tissé un roman. J'ai essayé de comprendre, de creuser.
J'ai inventé. Mais pas seulement. Je crois que j'ai puisé un peu à l'intérieur aussi.
Je ne pensais pas plonger si loin.
Face à son père, Virgil ne s'est jamais vraiment senti à la hauteur. Quand vient ce fameux jour où la réalité dépasse la fiction...
«Oui aurait imaginé qu'en plongeant ce jour-Là, je nagerais plus loin que Le bout du bassin, jusqu'à un puits profond, rempli de questions ? Au moins, il y aura eu du bon dans la compétition. J'aurai nagé jusqu'à la source, comme les saumons. Je m'appelle Virgil, j'ai seize ans et je ne suis pas celui que je crois.»
Auteur pour la jeunesse depuis une dizaine d'années, Sigrid Baffert est reconnue pour sa plume alerte qui aborde avec tendresse et humour les moments graves de la vie. Lauréate du Prix du Roman Jeunesse décerné par le Ministère de la Jeunesse en 2002, et sélectionnée par le Prix des incorruptibles en 2005, elle est l'auteur au Seuil Jeunesse de Ève et la pomme de Newton. Elle anime de nombreux ateliers d'écriture et se déplace beaucoup dans les écoles. Sigrid Baffert vit à Paris.
2012, Massachusetts, USA
Si je suis là devant vous, moi, Virgil, c'est qu'un jour, j'ai été le premier. Si je suis là, c'est qu'un jour, j'ai gagné la course la plus folle dans le plus fou des bassins olympiques : la course à la vie. Un seul spermatozoïde sur la ligne d'arrivée, des millions de perdants scotchés au néant. Coincés dans le rien avant même d'avoir commencé, ça doit être rageant. Je me demande souvent à quoi ressemble le bassin des perdants.
Qui sont tous ces non-nés qui sont restés coincés ? Des «j'aurais-pu-être-roi-voleur-popstar-ou-trapéziste» ? Des «de-toute-façon-j'aurais-crevé-avant-d'avoir-embrassé» ? Des«j'aurais-pu-tous-vous-tuer» ? Ou bien des «au-moins-je-n'aurai-pas-peur-de-ne-pas-être-aimé» ? Le monde ne saura jamais ce qu'il a manqué ni à quoi il a échappé.
Bon, donc si je suis là, c'est qu'une petite part de moi a été, au moins une fois, en haut du podium. Mais pour mon père, ça ne doit pas être assez, parce qu'il continue à me répéter : aujourd'hui, Virgil, pour survivre, il faut être debout devant, tu comprends ?
Être le plus rapide à traverser l'océan (de préférence sur un voilier géant), avoir les plus grosses cordes vocales, les plus beaux cheveux, le meilleur shampoing, être le plus endurant sur le ring, le plus bluffeur au poker, le premier à aller sur Jupiter. Être le plus tout.
Quand mon père a compris que je ne serais jamais le plus quoi que ce soit à l'école, il a cherché un autre tableau d'honneur où m'accrocher. J'avais quelques aptitudes aquatiques, alors il a décrété que je ferais de la natation. Chaque semaine, il m'entraîne, les yeux cloués à son chronomètre. J'ai parfois l'impression que ma vie tient dans son poing et qu'il l'a suspendue à son cou. Pourtant malgré mes efforts, quelque chose refuse de se déplier chez moi. Je suis un pas assez. Peut-être qu'on peut naître et rester malgré tout dans le bassin des perdants ?
Mardi j'aurai seize ans, mon père espère que l'an prochain, je nagerai le cent mètres papillon en moins d'une minute. Mais je crois que le plus épuisant, c'est d'être fils unique. On a beau être le seul, c'est parfois difficile d'être le premier.
Ma mère, elle, c'est différent. Elle a peur pour moi tout le temps. Alors, pour la rassurer, je me sens aussi obligé d'essayer de nager devant comme le meilleur spermatozoïde. Pour lui montrer que je suis bien vivant, puisque pour elle, c'est suffisant.
Si j'avais un frère, il occuperait mes parents de temps en temps. Mon père lâcherait son chronomètre et ses illusions, ma mère regarderait ailleurs, elle aurait peur pour un autre, et ça me ferait des vacances.
Quelle place tiennent les livres dans votre vie ?
Ils sont comme ma deuxième maison : ils sont dans mes fondations, dans mon grenier, dans ma cuisine et ma chambre intérieure aussi, et bien sûr, autour des fenêtres qui m'ouvrent sur le monde.