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Auteur : Aki Shimazaki
Date de saisie : 24/06/2015
Genre : Romans et nouvelles - français
Editeur : Actes Sud, Arles, France | Leméac, Montréal, Canada
Collection : Domaine français
Prix : 13.50 €
ISBN : 9782330038199
GENCOD : 9782330038199
Sorti le : 07/01/2015
Une écriture pudique et respectueuse. Des personnages qui reflètent admirablement la morale japonaise. Une belle découverte qui m'a donné envie de lire les autres cycles de l'auteur.
Mitsuo Kawano, jeune trentenaire, est étonné quand il croise par hasard Gorô Kida, un ancien camarade de classe devenu le président d'une importante compagnie. Il est encore plus surpris lorsque celui-ci l'invite dans un club très sélect où travaille une autre ancienne amie d'école, la belle et mystérieuse Mitsuko, devenue entraîneuse.
Mitsuo mène une carrière de rédacteur pour une publication culturelle en attendant de fonder sa propre revue d'histoire. En dépit d'un certain détachement sexuel, il s'entend bien avec Atsuko, la mère de ses deux enfants. Il se contente de fréquenter les salons érotiques pour combler ses besoins. Mais ces retrouvailles fortuites ravivent en lui les rêves et les désirs de jeunesse.
Avec sa prose intimiste et précise, Aki Shimazaki explore cette fois ce que l'on devine derrière la paroi trop lisse des apparences.
Née au Japon, l'auteure vit à Montréal depuis 1991. Sa première pentalogie, Le Poids des secrets, s'est achevée avec Hotaru (Prix littéraire du Gouverneur général du Canada 2005). Sa seconde pentalogie, Au coeur du Yamato, comprend les romans Mitsuba (2006), Zakuro (2008), Tonbo (2010), Tsukushi (2012) et Yamabuki (2013). Azami est le premier titre d'un troisième cycle.
Derrière l'insensibilité ou l'obéissance de façade, tout le monde bouillonne. Les moeurs sont pour nous aussi exotiques que les expressions en japonais, traduites à la fin du livre...
Azami a le charme des commencements : les jeux sont ouverts, à nous de deviner ce qui est trop beau, de pointer les étrangetés et d'imaginer ce que les volumes futurs en feront. Par exemple, est-ce un hasard si Mitsuko, entraîneuse érudite, s'intéresse de près au sujet «l'amour et la criminalité» ?
Je descends l'escalier en consultant ma montre. Il est trois heures passées. Je viens de prendre un déjeuner tardif au restaurant à l'étage.
Ce matin, j'ai interviewé monsieur L. pour le présenter aux lecteurs : il tiendra dorénavant une rubrique de conseils de vie dans notre revue. Après quoi, j'ai passé un long moment dans mon bureau à transcrire l'enregistrement de cette entrevue. On avait besoin du texte final avant deux heures cet après-midi. Plongé dans ma rédaction, j'ai complètement oublié d'aller manger.
Il me reste encore trente minutes de pause. En contemplant le bois naturel qui revêt le mur extérieur du restaurant, je me demande comment tuer le temps.
Je m'engage dans la rue commerçante à arcades, d'où je peux retourner directement à mon bureau. Il y a beaucoup de monde, car ce sont les vacances du golden-week. Je flâne sans but dans la foule.
Deux femmes entre deux âges me dépassent en caquetant à plein gosier. Une forte odeur de parfum me pique le nez. La couleur de leurs cheveux teints est pareille : violâtre. À leur air inhabituel, j'ai l'impression qu'elles sont entraîneuses de bar ou de cabaret. Elles entrent dans le pachinko-ten situé au bout de la rangée de boutiques à ma gauche. Le pachinko me tente, mais je continue de marcher.
Au bout de quelques pas, je m'arrête devant une vitrine. C'est un magasin spécialisé dans les stylos-plumes haut de gamme. Attiré par un stylo noir de marque P., je songe à en acheter un plus tard, si ma femme est d'accord.
En passant devant un magasin de musique, j'entends une chanson populaire des années 70. Immobile, je tends l'oreille. En l'écoutant, je me souviens de la berceuse de ma grand-mère, Azami.
«Ce soir encore, ton oreiller est baigné de larmes.
À qui rêves-tu ? Viens, viens vers moi. Je m'appelle Azami. Je suis la fleur qui berce la nuit.
Pleure, pleure dans mes bras. L'aube est loin encore.»
Je sors de ma distraction lorsque j'entends :
- Mitsuo.