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Auteur : Toni Morrison
Traducteur : Christine Laferrière
Date de saisie : 01/10/2015
Genre : Romans et nouvelles - étranger
Editeur : Bourgois, Paris, France
Prix : 18.00 €
ISBN : 978-2-267-02878-2
GENCOD : 9782267028782
Sorti le : 20/08/2015
Bride est une jeune femme noire à la beauté éclatante, elle fait une brillante carrière dans l'univers des cosmétiques. Sa vie n'a pourtant pas été toujours été si lisse. Derrière sa fierté, son argent et son bonheur apparent sommeille une jeune femme fragile. Élevée sans amour et rejetée par sa mère, elle a souffert de la couleur de sa peau et cache un terrible secret qui s'avérera explosif. Pour se reconstruire et entrer avec maturité dans l'âge adulte, elle devra se délivrer du poids du passé et de la culpabilité. Une délivrance pour une quête d'identité comme une renaissance. Avec une économie de mots qui rend son texte percutant, Toni Morrison dresse un beau portrait de femme, sans concession, dans la société américaine contemporaine.
Le teint profondément noir, presque bleuté, de Lula-Ann à sa naissance, a effrayé sa mère. Elle qui a le teint clair, comme sa propre mère et sa grand-mère, et dont le mari pourrait presque passer pour blanc, rejette immédiatement ce bébé qui met fin à son couple et perturbe sa vie...
Devenue adulte, Lula-Ann s'est transformée : elle a changé de nom, «Bride» lui fait désormais office de nom et de prénom, et elle a appris à mettre en valeur sa couleur de peau si particulière. Elle est devenue envoûtante ! Et elle a réussi ! Chef d'entreprise accomplie, elle a tout pour elle... Jusqu'à ce que son amant déclare en la quittant qu'elle n'est «pas la femme qu'il lui faut». Tout s'effondre alors, et la jeune femme est rattrapée par son passé.
Dans ce roman à l'atmosphère magique et envoûtante, Toni Morrison revient sur les thèmes qui lui sont chers : le racisme, le rejet, la violence, la place de chacun dans la société. Avec son style toujours aussi poétique et subtil, elle nous livre une fois encore une histoire époustouflante qui met en lumière les perversions de notre époque !
Toni Morrison traite une fois encore des traumatismes et du racisme avec talent.
L'histoire comme l'écriture est à la fois crue et poétique, dure et délicate.
Un brillant tourbillon littéraire !
1) Qui êtes-vous ? !
Une traductrice littéraire, ce qui signifie être un peu une éminence grise...
2) Quel est le thème central de ce livre ?
La couleur de l'enfance, tant au sens propre que figuré du terme.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
"J'ai vendu mon élégante noirceur à tous ces fantômes de mon enfance et maintenant ils me la payent."
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
"I Wanna Dance With Somebody", de Whitney Huston. Et peut-être aussi "Unchain My Heart", de Ray Charles.
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
Je ne partage pas : je leur propose et ils prennent ce qu'ils veulent ou ce qu'il faut, et bien souvent les deux !
6) Avez-vous des rituels d'écrivain ? (Choix du lieu, de l'horaire, d'une musique de fond) ?
Du moka d'Éthiopie ou du Lapsang Souchong avant de me mettre à l'ouvrage.
7) Comment vous vient l'inspiration ?
Par le travail, encore le travail et toujours le travail.
8) Comment l'écriture est-elle entrée dans votre vie ? Vous êtes-vous dit enfant ou adolescente «un jour j'écrirai des livres» ?
La traduction s'est imposée comme une évidence le jour où, par un généreux hasard, on m'a proposé de m'y essayer.
9) Vous souvenez-vous de vos premiers chocs littéraires (en tant que lecteur) ?
"1984" d'Orwell, lu cinq fois en un mois à l'âge de 14 ans. Puis Wilde pour l'immense finesse. Montherlant pour la rigueur et la vigueur. Shakespeare m'a rendue folle amoureuse de Richard III, et Dostoïevski, de Raskolnikov.
10) Savez-vous à quoi servent les écrivains ? !
Ce qu'ils nous offrent aide à vivre mieux, voire à survivre. Mais s'il m'est difficile de préciser davantage à quoi ils servent, j'espère toujours, en traduisant, dignement les servir.
Dans son onzième roman, qui se déroule à l'époque actuelle, Toni Morrison décrit sans concession des personnages longtemps prisonniers de leurs souvenirs et de leurs traumatismes.
Au centre du récit, une jeune femme qui se fait appeler Bride. La noirceur de sa peau lui confère une beauté hors norme. Au fil des ans et des rencontres, elle connaît doutes, succès et atermoiements. Mais une fois délivrée du mensonge - à autrui ou à elle-même - et du fardeau de l'humiliation, elle saura, comme les autres, se reconstruire et envisager l'avenir avec sérénité.
«Rusé, sauvage, et élégant... Toni Morrison distille des éléments de réalisme et d'hyper-réalisme dans un chaos magique, tout en maintenant une atmosphère narrative séductrice et poétique, voire toxique... Une fois encore, Toni Morrison déploie une écriture courageuse et sensuelle qui fait d'elle, sans doute, la plus grande romancière contemporaine.» Lisa Shea, Elle
«Toni Morrison ajoute une nouvelle pierre à l'édifice d'une oeuvre [...] au sein de laquelle elle ne cesse d'examiner, d'interroger les conflits et les changements culturels de notre époque. Délivrances est incontestablement un nouveau chef-d'oeuvre.» Jane Ciabattari, BBC
Beau et tragique comme une chanson de Billie Holiday, le dernier livre de Toni Morrison questionne le mal absolu, les crimes contre les enfants, sans renoncer à l'espoir...
La grande dame de la littérature américaine conserve intacte, à 84 ans, sa colère contre le mal qui broie l'innocence. Elle prend la liberté d'aller où elle veut, de dire une parole essentielle que les lecteurs suivront, hypnotisés. Comment se délivrer du mal, comment guérir des blessures, comment repousser les ténèbres ?...
Écrivain énorme, par l'ampleur des thèmes brassés, la précision de sa construction narrative, la profondeur de ses personnages, les éclats d'humour et les touches de mystère qui composent son oeuvre, Toni Morrison est aussi, avant tout, une moraliste en quête de justice et de pardon.
Voilà plus d'un demi-siècle que Toni Morrison, Prix Nobel de littérature 1993, restitue les traumas, les maux et les blessures des Noirs américains. Avec une âpreté mais aussi un lyrisme et une poésie qui ont fait d'elle la grande voix de l'Amérique multiraciale. A 84 ans, elle publie son onzième roman, qui s'intitule en anglais God Help the Child (« Que Dieu vienne en aide à l'enfant »). Au moment où les Etats-Unis souffrent d'un regain de tensions raciales, ce livre résonne comme une prière on ne peut plus actuelle. Une prière dont le but ultime serait de délivrer - le titre français est Délivrances. Délivrer, aux sens multiples de libérer, donner, accoucher... Délivrer au sens de «Délivrez-nous du mal» et de tout le reste : voilà l'idée qu'explore Morrison dans ce texte où l'on retrouve, comme dans une chambre d'échos, nombre des thèmes qui irriguent son oeuvre.
Voici le grand retour de Toni Morrison qui nous avait laissés sur Home, un livre court et essentiel, au titre intraduisible, disant à la fois maison, foyer, havre, appartenance...
Cette fois, ce n'est plus dans la longue et douloureuse histoire afro-américaine qu'elle a puisé le sujet de son onzième roman, mais dans la société contemporaine, saisie avec une stupéfiante modernité, y compris de langage...
Les deux thèmes majeurs du livre sont installés : comment vivre avec une couleur de peau qui demeure un enjeu brûlant dont l'actualité américaine ne cesse de témoigner ? Comment vivre, aussi, lorsqu'on a subi de près ou de loin dans l'enfance l'agression sexuelle d'un adulte ?
La compassion magnifique de Toni Morrison pour son héroïne, maudite pour être née la peau noir bleuté. L'enfant est un personnage récurrent, omniprésent dans la galaxie des figures que Toni Morrison convoque, de livre en livre, sur la scène de son éblouissant théâtre romanesque...
D'autres enfants habitent les pages fluides de Délivrances. Filles et garçons, noirs ou blancs, vivants ou morts. Il y a Lula Ann, Rain, Adam, d'autres qui parfois n'ont pas de nom, qu'on ne fait qu'entrevoir. Ils sont toujours victimes - du racisme, de la prédation sexuelle, des défaillances morales des adultes.
La Prix Nobel de littérature 1993 revient, à 84 ans, avec Délivrances qui raconte l'histoire d'une fille rejetée par sa mère à cause de la noirceur de sa peau...
Au-delà du ségrégationnisme mis en lumière dans l'intégralité de son oeuvre, Toni Morrison explore dans ce récit la façon dont les préjugés, le racisme des Blancs envers les Noirs, vont jusqu'à modeler les relations sociales des Noirs entre eux, empoisonnant l'inconscient collectif américain. L'adoption de la narration à voix multiples, déjà éprouvée dans Home, rend avec d'autant plus de violence cette injuste réalité. L'auteur, aura néanmoins pris soin de laisser place au sous-entendu, un art qu'elle maîtrise à la perfection, donnant à ce court roman une envergure beaucoup plus vaste que ses 200 pages. Au coeur des bouleversements de son époque, la grande dame au célèbre franc-parler apporte avec ce conte poétique et cruel une nouvelle pierre à son entreprise de mémoire collective de la nation américaine.
Après avoir toujours travaillé sur le passé américain et autour des mémoires collectives, voici que le grand écrivain Toni Morrison pose son scanner littéraire sur notre temps et sur la mémoire individuelle. Un grand roman sur les préjugés, l'inconscient collectif, les relations familiales, mais plus encore sur la dignité.
Sweetness
Ce n'est pas de ma faute. Donc vous ne pouvez pas vous en prendre à moi. La cause, ce n'est pas moi et je n'ai aucune idée de la façon dont c'est arrivé. Il n'a pas fallu plus d'une heure après qu'ils l'avaient tirée d'entre mes jambes pour se rendre compte que quelque chose n'allait pas. Vraiment pas. Elle m'a fait peur, tellement elle était noire. Noire comme la nuit, noire comme le Soudan. Moi, je suis claire de peau, avec de beaux cheveux, ce qu'on appelle une mulâtre au teint blond, et le père de Lula Ann aussi. Y a personne dans ma famille qui se rapproche de cette couleur. Ce que je peux imaginer de plus ressemblant, c'est le goudron ; pourtant, ses cheveux ne vont pas avec sa peau. Ils sont bizarres : pas crépus, mais bouclés, comme chez ces tribus qui vivent toutes nues en Australie. Vous pourriez croire qu'elle nous renvoie en arrière, mais à quoi ? Vous auriez dû voir ma grand-mère : elle se faisait passer pour blanche et n'a jamais rien dit d'autre à aucun de ses enfants. Toute lettre qu'elle recevait de ma mère ou de mes tantes, elle la renvoyait sur-le-champ, intacte. Pour finir, elles ont saisi le message comme quoi il n'y avait pas de message et elles l'ont laissée tranquille. Presque tous les types de mulâtres et presque tous les quarterons faisaient ça, dans le temps ; à savoir s'ils avaient les bons cheveux. Vous imaginez combien de Blancs ont dans les veines du sang noir qui circule et qui se cache ? Devinez. Vingt pour cent, à ce que j'ai entendu. Lula Mae, ma propre mère, aurait facilement pu se faire passer pour blanche, mais elle a choisi de s'abstenir. Elle m'a dit le prix que lui avait coûté cette décision. Quand mon père et elle sont allés au tribunal pour se marier, il y avait deux Bibles et il a fallu qu'ils posent la main sur celle réservée aux Noirs. L'autre était pour les mains des Blancs. La Bible ! Incroyable, non ? Ma mère était femme de ménage chez un riche couple de Blancs. Ils mangeaient chacun des repas qu'elle cuisinait et insistaient pour qu'elle leur frictionne le dos pendant qu'ils restaient assis dans la baignoire, et Dieu sait quelles autres choses intimes ils lui faisaient faire, mais hors de question qu'elle touche la même Bible.
Certains d'entre vous croient probablement qu'il n'est pas bon qu'on se regroupe en fonction de notre couleur de peau - plus elle est claire, mieux c'est - dans des clubs, des quartiers, des églises, des sororités, voire des écoles pour enfants de couleur. Mais comment pouvons-nous autrement conserver un peu de dignité ? Comment pouvez-vous autrement éviter de recevoir des crachats au drugstore et des coups de coude à l'arrêt de bus, de marcher dans le caniveau pour laisser tout le trottoir aux Blancs, de devoir payer cinq cents un sac en papier gratuit pour la clientèle blanche ? Sans compter les insultes. J'ai entendu parler de tout ça et de beaucoup, beaucoup d'autres choses. Mais grâce à sa couleur de peau, ma mère ne se voyait pas empêchée d'essayer des chapeaux dans les grands magasins, ni d'utiliser leurs toilettes. Et mon père pouvait essayer des chaussures à l'avant de la boutique, pas dans une arrière-salle. Ni l'un ni l'autre ne se serait autorisé à boire à une fontaine «réservée aux gens de couleur», même s'ils mouraient de soif.