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Auteur : Anne Saulay
Date de saisie : 12/02/2016
Genre : Romans et nouvelles - français
Editeur : Le Passeur éditeur, Paris, France
Prix : 16.90 €
ISBN : 9782368903773
GENCOD : 9782368903773
Sorti le : 24/09/2015
1) Qui êtes-vous ? !
Une femme, qui a écrit dans la tête d'un homme.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
C'est une invitation à voyager dans la tête d'un homme, candidat à la plus haute marche du pouvoir, et qu'un événement imprévu va pousser à se dévoiler.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
"Croyez-vous aux miracles, monsieur R ?"
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
C'est le Lac des cygnes, de Tchaïkovsky, car le livre tangue et hésite en permanence entre le calme et la houle.
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
Les clins d'oeil- dont le livre est truffé.
18 mars 2017. 120000 personnes se massent sur la place de la Bastille. Après avoir battu le pavé dans les rues alentour pour soutenir les idées du Mouvement, ils attendent leur leader, Jean-Paul Roman. Le discours qu'il prononcera aujourd'hui sera décisif pour l'issue du premier tour des élections présidentielles.
Le temps passe et la foule ne cesse d'affluer de toute part. La place est bondée, les manifestants sont en danger. Jean-Paul Roman se trouve alors face à un dilemme : doit-il monter à la tribune au risque de créer un drame ou renoncer à cette échéance déterminante pour son destin national ? Il a quatre minutes pour se décider.
Dans sa loge, seul face à lui-même, il convoque les camarades, les hommes d'influence et de l'ombre qui ont jalonné son chemin vers l'ascension au pouvoir, pour qu'ils le guident dans la décision à prendre. Les minutes s'égrènent inexorablement et Jean-Paul Roman se remémore les prémices de son engagement politique, cette gauche de conviction qui fut le terreau de son itinéraire d'idéaliste, les moments marquants de son existence et le délitement de ses utopies à l'épreuve de la réalité. Aujourd'hui, l'ampleur du rassemblement le galvanise. La victoire de ses idéaux est possible !
Dehors, ils l'attendent. La ferveur est à son comble.
Monsieur Roman, il est temps, quelle est votre décision ?
Administrateur du Sénat entre 2001 et 2006, Anne Saulay a exercé ensuite les fonctions de directeur administratif et financier de l'Opéra-théâtre d'Avignon. Aujourd'hui à nouveau administrateur du Sénat, Anne Saulay enseigne en filière culture du master Affaires publiques de Sciences Po et y coordonne le Festival de théâtre universitaire.
Il est 16 heures place de la Bastille. Loïc, puis Marie-George quittent à l'instant la tente - «ma loge», clin d'oeil à l'Opéra tout proche. Le timing est tenu. Sur les écrans de contrôle, que l'équipe suit en permanence, le défilé des marcheurs que nous venons de quitter. L'improbable «carré de tête» des personnalités, pourtant précédé de plusieurs milliers de manifestants, a finalement atteint, à l'issue d'une remontée sous haute surveillance de la rue du Faubourg-Saint-Antoine, son point d'arrivée.
«Il est là ?» C'est Gabriel, l'homme de l'organisation logistique, qui entre. Il est avec François. Concentré sur les mots que je m'apprête à prononcer, je ne lève pas la tête. Mais je les sens. Je les reconnais. Ce sont mes compagnons de combat depuis des années. Même s'ils sont encore «jeunes», nous avons les mêmes codes, les mêmes mots pour désigner les choses. À la tonalité de la voix de Gabriel et à cette façon qu'ils ont tous les deux de se tenir en retrait, je comprends qu'ils ont quelque chose à me dire.
Depuis quelques minutes, l'objectif est atteint : la place de la Nation, point de ralliement de notre appel à 13 h 30, ne désemplit pas. Reliée en permanence aux camarades chargés des comptages, Lydia, en charge de la cellule «com'», me confirme ce que certains camarades croisés dans le cortège osent à peine faire circuler : nous sommes plus de cent vingt mille. Gabriel et François ont le même chiffre. Pourtant, le problème qu'ils me poseront dans quelques instants est, sans doute, le plus extravagant que j'aie jamais rencontré dans mon parcours d'orateur politique.
«La place de la Bastille est pleine.» François a pris la parole en premier. Gabriel reste en retrait, livide. «Les avenues et les rues immédiatement adjacentes se remplissent. Les issues de dégagement de la place seront donc bloquées dans peu de temps.» Gabriel enchaîne : «Le parcours jusqu'à Nation est toujours plein. Et la place de la Nation ne s'est toujours pas vidée.»
Je comprends que le système est devenu quasi incontrôlable. Il faut vider la place de la Bastille ou du moins la débonder. Trop de gens commencent à s'écraser sur les barrières. Notre propre service d'ordre ne peut plus circuler. Les véhicules de secours ne pourraient pas passer en cas d'urgence, il y a beaucoup d'enfants au milieu de la foule. «Jean-Paul, il y a danger.» La maquilleuse a suspendu son geste. Lydia s'est arrêtée de tourner en tous sens. François n'use jamais de mots à la légère.
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