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Auteur : Nicolas d' Estienne d'Orves
Date de saisie : 25/10/2015
Genre : Histoire
Editeur : Plon, Paris, France
Collection : Dictionnaire amoureux
Prix : 25.00 €
ISBN : 9782259217491
GENCOD : 9782259217491
Sorti le : 01/10/2015
«Si je suis amoureux de Paris ? Et comment ! Amoureux partial, amoureux nostalgique, amoureux terroriste. Mais amoureux sincère, amoureux gourmand, amoureux frénétique.
Choisir c'est renoncer : j'ai donc tranché dans le vif, au gré de mes passions, de ma curiosité et de mes souvenirs. C'est pourquoi ce dictionnaire n'est ni un guide touristique, ni un précis d'histoire parisienne, ni un recueil de bonnes adresses. D'Accordéon à Zucca, des Catacombes à André Hardellet, de la Bièvre au Palais-Royal, il est l'herbier subjectif d'une ville qui n'appartient qu'à moi et que je ne troquerais pour rien au monde. Bienvenue dans mon Paris !»
Né en 1974, Nicolas d'Estienne d'Orves est écrivain et journaliste. Paris est le théâtre de (presque) tous ses romans et (presque) tous ses articles. Il n'imagine pas vivre ailleurs.
Ce Dictionnaire amoureux de Paris est une sorte d'autoportrait de son auteur, provincial fan de la capitale, qui ne pourrait vivre ailleurs, mais né trop tard pour ne pas céder à des agaceries ou à des répulsions...
Va donc pour la nostalgie, en sorte que le livre est bourré d'histoires en tout genre, de récits tirés de la gigantesque mémoire de la cité, d'anecdotes croustillantes ou éclairantes. Et quand "NEO" aime, il aime ! Les autobus, les grands boulevards, les îles, la salle Favart, le Palais-Royal, l'Opéra Garnier (mais sans le plafond de Chagall), les librairies, la brasserie Lipp, le Jardin des Plantes (sa passion), certains restaurants (13 pages !), la rive gauche, le jardin du Luxembourg, le jardin de la rue de Bièvre, etc...
En guise d'introduction
Paris est un rêve intime, un monde secret, une parenthèse enchantée. D'un côté jaillit la ville réelle, concrète, d'une grisaille hautaine et séculaire ; de l'autre transparaît le Paris rêvé, celui que chacun perçoit, celui qui s'infiltre dans le regard du badaud, du touriste de passage.
Jamais la littérature parisienne ne fut plus abondante qu'aujourd'hui. Comme si chacun voulait s'approprier la ville, lui donner un nouvel éclairage. Comme si chacun tentait de définir ce mot équivoque et galvaudé de «parisianisme».
Aux temps anciens, Jules César a décrit avec une froide curiosité sa conquête de l'arrogante Lutèce ; plus tard, l'apostat Julien en louera les charmes et la douceur. Lors, chacun a apporté sa pierre à cette grande cathédrale littéraire que constitue Paris : Villon l'a chanté, Mercier en a dressé l'inventaire, Balzac a décrit ses travers, Hugo l'a boursouflé, Zola l'a radiographié, Leroux l'a endiablé, Aymé l'a enchanté, Fargue et Calet l'ont arpenté, Sue puis Malet l'ont chargé de mystères, Blondin y a bu, Guitry l'a joyeusement peinturluré, Hazan l'a brillamment synthétisé, jusqu'au sottement décrié Lorànt Deutsch, qui l'a révélé à un public avide d'histoire et d'histoires.
Le fleuve qui divise la cité en deux rives se gorge de mots et de fantasmes. Paris est comme ce caillou jeté dans une eau claire, dont les cercles concentriques vont croissant, se perdant peu à peu dans le lointain. De l'île primitive est né un chapelet d'enceintes et de boulevards qui vont ceinturer la ville pour la mieux faire respirer. Comme si Paris devait étouffer avant de vraiment éclore. On songe à ces courtisanes des siècles passés, engoncées dans d'atroces corsets, lesquels mettaient pourtant en valeur leurs formes et rotondités. Tel est bien Paris : une chair muselée, une sensualité sous cloche, qui ne demande qu'à s'épanouir, qu'à déferler. Paris, ville des plaisirs, n'a plus rien à prouver. L'âge d'or des bordels n'est plus, mais il reste enraciné dans le tissu urbain. Le Paris lubrique de Restif de La Bretonne s'est galvaudé, il a perdu de son faste, mais il poisse encore les murs. Certes, les lestes gambades du mollet parisien, monde festif et affriolant transfiguré dans le French Cancan de Jean Renoir, se limitent à présent à de mornes démonstrations de souplesse pour Chinois en jetlag.
Il faut l'admettre, Paris n'est plus ce phare d'antan. Première destination touristique au monde, l'ancienne Lutèce reste pourtant un immense playground, un terrain de jeux pour grandes personnes, une sorte de parc d'attractions où chacun trouvera ses montagnes russes, sa barbe à papa et son train fantôme. Puisque les mâles édiles nous enjoignent avec une fermeté totalitaire d'abdiquer la voiture, redevenons piétons et explorons la cité en quête de ce qu'elle cache encore. Il faut suivre la maxime d'André Hardellet (dernier grand poète parisien) et devenir «trappeur des grandes cités opaques».
(...)