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Auteur : James Lee Burke
Traducteur : Christophe Mercier
Date de saisie : 24/02/2016
Genre : Policiers
Editeur : Rivages, Paris, France
Collection : Rivages-Thriller
Prix : 22.50 €
ISBN : 9782743634841
GENCOD : 9782743634841
Sorti le : 06/01/2016
De retour avec sa famille et son ami Clete Purcel dans le sauvage Montana, Dave Robicheaux se laisse troubler par une succession d'événements déplaisants. C'est d'abord Alafair, sa fille, qui évite de peu un pseudo accident de chasse ; puis Gretchen, la fille de Clete, qui entre en conflit avec un flic local. Enfin, Alafair se persuade qu'elle est suivie, et croit reconnaître un visage familier : Asa Surette, assassin multirécidiviste qu'elle avait interviewé, prétendument décédé dans un accident de fourgon lors d'un transfert. Est-il réellement mort ? Le doute s'installe, alors que des liens se dessinent entre plusieurs crimes sadiques et sexuels qui suggèrent qu'une présence véritablement maléfique hante ces paysages sublimes.
JAMES LEE BURKE a remporté, parmi bien d'autres récompenses, l'Edgar, le Crime Novel of the Year, le prix Mystère de la critique, le Grand Prix de Littérature policière, et a été nommé Grandmaster par les Mystery Writers of America en 2009. Trois de ses romans ont été adaptés au cinéma, dont Dans la brume électrique par Bertrand Tavernier. Sa série consacrée à Dave Robicheaux, le policier cajun, a fait le tour du monde.
«Bave Robicheaux est un homme d'action avec un oeil ûe peintre et une langue de poète.»
The Wall Street Journal
Un sadique trouble les vacances de l'inspecteur Robicheaux. Enquête dans le Montana, dont la nature sauvage incite à la méditation. Les livres de James Lee Burke sont comme des opéras, avec des récitatifs, des tempos différents et un finale dont seul un homme qui a vu la mort au fond des yeux aurait pu écrire le livret...
Dans ce magnifique Lumière du monde, aux dialogues percutants, on songe à Terrence Malick. De la même façon qu'il décrivait le bayou dans d'autres livres, Burke médite ici sur la nature du Montana et les morts qu'elle abrite : la lumière bleue qui coule dans un canyon, le vent qui caresse le faîte des mélèzes, les traces des cerfs et des castors dans les ruisseaux asséchés, les âmes errantes des Indiens massacrés au xixe siècle. Burke met ses bottes dans les traces de Thoreau et Whitman, sans oublier que la violence peut faire basculer ses personnages dans un combat à mort contre le mal absolu.
James Lee Burke, entre pessimisme de l'intelligence et optimisme de la volonté. Avec Lumière du monde, James Lee Burke confirme qu'il est le maître du roman noir américain. Que Dave Robicheaux se retrouve au coeur d'un Montana peuplé de figures inquiétantes dans un récit truffé d'actions et de rebondissements ne suffirait pas à distinguer ce roman d'autres à l'efficacité immédiate mais voués à l'oubli...
Depuis trente ans, Burke, «jeffersonien de gauche» qui aime à évoquer Woody Guthrie et les IWW, dénonce le cauchemar américain.
Je n'ai jamais été doué pour les énigmes. Je ne parle pas de celles que résolvent les flics, ni de celles qu'on lit dans les romans, ou qu'on voit à la télévision ou sur des écrans de cinéma. Je ne parle pas non plus du mystère de la Création, ni des présences impalpables qui se tiennent peut-être juste de l'autre côté du monde visible. Je parle du mal, sans majuscule, mais quand même du mal, du type de mal que les sociologues et les psychiatres expliquent difficilement.
Les policiers gardent leurs secrets, peu différents en cela des soldats qui reviennent des champs de bataille avec un syndrome que les survivants de la Grande Guerre appellent le syndrome du regard d'après-combat. Je suis persuadé que la fable de la pomme cueillie sur l'arbre défendu est une métaphore destinée à nous garder de scruter trop profondément les tendances les plus sombres de l'âme humaine. Les photographies des prisonniers de Bergen-Belsen ou du camp d'Andersonville, ou les cadavres dans les fossés de My Lai, nous dérangent singulièrement, car ces manifestations d'une extrême cruauté humaine ont, la plupart du temps, été le fait de chrétiens baptisés. À un moment donné, nous refermons le volume contenant des images de ce type, nous le mettons de côté, et nous parvenons à nous persuader que ces événements étaient une aberration, due au fait d'avoir laissé des soldats trop longtemps sur le terrain, ou permis à une poignée de misanthropes de prendre le contrôle d'une bureaucratie. H n'est pas dans notre intérêt d'en extrapoler une signification plus large.
Hitler, Néron, Ted Bundy, la Chienne de Buchenwald ? Leurs actes ne sont pas les nôtres.
Mais si ces individus ne sont pas comme nous, s'ils n'ont pas les mêmes gènes, n'ont pas le même ADN, alors qui sont-ils, et qu'est-ce qui en a fait des monstres ?
N'importe quel flic des homicides vit avec des images dont il ne peut libérer ses rêves ; n'importe quel flic ayant enquêté sur un viol d'enfant a vu un aspect de ses frères humains dont il ne parle jamais à personne, ni à sa femme, ni à ses collègues, ni à son confesseur, ni à son barman. D existe certains fardeaux qu'on n'impose pas aux gens de bonne volonté.
Quand j'étais policier en civil au NOPD, je traitais ces problèmes dans un bar de Magazine Street, non loin du vieil Irish Channel. Avec son comptoir bordé d'un rail de métal, ses tables de bourrée tapissées de feutre et ses ventilateurs aux pales de bois, il était devenu l'église séculière dans laquelle la Louisiane de ma jeunesse, le monde du Bayou Teche, d'un vert doré, couvert de mousse, ombragé par les chênes, n'était qu'à une gorgée de moi. Je commençais par quatre doigts de Jack dans un verre épais, accompagnés d'une Budweiser mousseuse, et à minuit je me tenais à une extrémité du comptoir, armé, ivre et penché sur mon verre, moralement et psychologiquement détruit.