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Auteur : Olivier Barde-Cabuçon
Date de saisie : 01/05/2017
Genre : Policiers
Editeur : Actes Sud, Arles, France
Collection : Actes noirs
Prix : 22.50 €
ISBN : 9782330075385
GENCOD : 9782330075385
Sorti le : 01/03/2017
Dans les jardins si carrés de Versailles, tout va de travers. Au milieu de l'enchevêtrement d'allées et de statues moralisatrices du labyrinthe qui orne le plus beau jardin du monde, un horrible meurtre est commis. Un précurseur de Jack l'Éventreur sévit-il sous les fenêtres de Louis XV, le Singe-roi ? Stupéfaite, la cour semble attendre la prochaine victime comme un poulet son égorgeur. Parmi les suspects, rien de moins que le premier chirurgien du roi, un peintre de la cour et la tenancière d'une maison d'un genre très particulier où les relations habituelles entre hommes et femmes sont inversées. Gangrené, Versailles semble devenu le royaume de la transgression des interdits.
Dans cette nouvelle enquête du commissaire aux morts étranges, jamais encore les rapports de force n'avaient été aussi exacerbés et l'autorité autant remise en question. Faut-il se soumettre, se démettre ou se révolter ? Le chevalier de Volnay sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur, tandis que, tout excité, le moine semble considérer les jardins de Versailles comme un nouveau terrain de jeu.
La tension est extrême, les deux enquêteurs abordent la plus périlleuse et la plus fascinante de leurs missions alors que, dans les jardins, le danger rôde partout et surgit souvent de là où on l'attend le moins.
Olivier Barde-Cabuçon vit à Lyon. Féru de littérature, de théâtre et d'histoire, amateur d'intrigues policières et passionné par le XVIIIe siècle, il a créé la série du commissaire aux morts étranges, publiée dans la collection Actes noirs et en Babel noir.
Nouveau tome de la série, Le Moine et le Singe-roi s'appuie sur une scène initiale tapageuse fondée sur un motif criminel rebattu : celui de l'éventreur de jeunes filles, ici transposé à la cour de Louis XV, le «singe-roi». L'intrigue se révélera cependant plus fine, en jouant sur la mémoire de Jack l'Éventreur et les hypothèses formulées sur son identité (un peintre et un chirurgien sont suspectés). Mais le roman vaut surtout pour son panorama de la cour versaillaise : hors la Pompadour, peu de ces figures poudrées échappent à l'acidité républicaine de l'auteur.
LE BASSIN DE L'ÎLE DES ENFANTS
Je veux des enfants partout !
Louis XIV
Le Labyrinthe était le fruit de l'imagination de l'architecte André Le Nôtre sur une partition de Charles Perrault. Ce dernier en avait eu l'idée lors de la publication des Fables d'Ésope, mises en vers par La Fontaine. A chaque extrémité ou croisement d'allées, s'offraient à la vue une fontaine et un bassin de rocaille reproduisant des animaux de fables paraissant dotés de vie : le paon et le rossignol, le lièvre et la tortue, le loup et le porc-épic, le chat pendu et les rats... Un bestiaire inquiétant s'étalait ainsi le long des allées ombragées, délivrant de sages ou de révoltantes leçons de morale ainsi que d'ambigus messages sur la nature humaine.
Au pied d'un cygne et d'une grue hautaine qui voulaient boire la même eau irisée jaillissant d'une fontaine, gisait le corps d'une jeune fille. De la robe de taffetas qui l'habillait semblaient sortir ses entrailles.
L'un après l'autre, les courtisans amassés s'écartèrent devant un grand jeune homme, à l'allure déterminée, vêtu d'un justaucorps sombre éclairé par une chemise blanche, un jabot et une cravate. Il ne portait pas de perruque et ses cheveux d'un noir de corbeau, longs et sans poudre, flottaient derrière lui. Une cicatrice au coin de l'oeil droit remontait le long de sa tempe.
Le jeune homme ne se donna même pas la peine de ralentir ou de s'excuser en fendant la foule poudrée et parfumée, vêtue d'or et d'argent, de dentelles, de velours et de soie. Un murmure de mécontentement parcourut l'attroupement auquel il ne prêta aucune attention, son oeil bleu de glace figeant instantanément celui sur qui il se posait.
- Le commissaire aux morts étranges, murmura quelqu'un. C'est lui ! Le chevalier de Volnay !
Le murmure enfla mais cette fois pour propager l'information.
Dans le sillage du policier marchait un moine d'une cinquantaine d'années, de haute taille, mince, svelte et droit. Il avait les traits marqués par des rides d'amusement, comme en témoignaient les pattes-d'oie autour de ses yeux, et de curiosité intellectuelle comme l'indiquaient les rides de son front. Sa barbe s'ouvrait pour l'instant sur un sourire aimable mais on sentait toute la fragilité de celui-ci tant ses yeux noirs étincelaient.
- Et son assistant, le moine hérétique, souffla un autre. Car si peu savaient qu'il n'était pas plus moine qu'eux mais obligé par l'ordre royal, par son insolence et ses erreurs passées, à porter de nouveau la bure, comme il en avait été contraint par ses parents durant sa jeunesse, encore moins connaissaient la filiation de Volnay envers lui.
Le sourire du moine s'accentua encore et il releva fièrement la tête, toisant la foule avec insolence.
- Pas son assistant, souffla-t-il au passage de l'impertinent qui venait de parler, son collaborateur !
(...)