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Auteur : Josephine Winslow Johnson
Date de saisie : 05/07/2017
Genre : Romans et nouvelles - étranger
Editeur : Belfond, Paris, France
Collection : Belfond vintage
Prix : 14.00 €
ISBN : 9782714474339
GENCOD : 9782714474339
Sorti le : 16/03/2017
Une année dans la vie des Haldmarne, famille middle class ruinée à la Grande Dépression, venue tenter sa chance dans une misérable ferme du Midwest. Une année entre sécheresse, incendies, tempêtes de sable qui verra la famille glisser inexorablement vers la tragédie.
Novembre. À présent, je revois d'un seul coup nos vies durant les années passées. Cet automne est à la fois une fin et un commencement, et les jours naguère brouillés par ce qui était trop proche et trop familier, sont clairs, étrangers à mes yeux.
Ce fut une longue année que la dernière, et plus pleine de signification que ne l'avaient été les dix précédentes. Il y eut des nuits où je sentais que nous avancions vers une heure terrible et sans espoir, mais lorsque cette heure arriva, elle fut hachée et confuse parce que nous en étions trop près, et je ne compris même pas très bien qu'elle était venue.
Aujourd'hui je puis regarder en arrière et voir les jours écoulés comme le fait celui qui contemple de loin le passé ; ils ont plus de forme et de sens qu'autrefois. Mais rien n'est jamais vraiment fini, on ne laisse rien derrière soi sans retour.
«Délicatement ciselé, poétique au meilleur sens du terme, fruit d'un esprit particulièrement éveillé, Novembre confine à la perfection. La voix de son auteur est si unique qu'on ne saurait confondre aucun de ses mots avec ceux d'un autre écrivain.»
The New York Times
Joséphine Johnson est née en 1910 à Kirkwood, dans le Missouri. Après des études à l'université de Saint Louis, elle retourne dans la ferme de sa mère et entame la rédaction de Novembre. Dès sa parution en 1934, le roman est salué comme un chef-d'oeuvre de la littérature de la Grande Dépression. Joséphine Johnson remporte le prix Pulitzer l'année suivante à seulement vingt-quatre ans, ce qui fait d'elle la plus jeune lauréate du prestigieux prix. En France, le livre paraît chez Stock en 1938. En 1942, Joséphine Johnson épouse l'éditeur d'une revue agricole avec lequel elle aura trois enfants. Elle devient professeur à l'université d'Ohio, sans pour autant renoncer à sa carrière d'écrivain. Auteur prolifique, elle écrit deux recueils de nouvelles, de la poésie, un livre pour enfants, des mémoires et trois autres romans, qui ne connaîtront pas le même succès que son extraordinaire premier roman. Joséphine Johnson s'éteinte en 1990 à Batavia, dans l'Ohio.
Certains ont parlé, à juste titre, de chef-d'oeuvre, au moment de la parution en France, en 1938, de Novembre, le premier roman de Josephine Johnson (1910-1990). Quatre ans plus tôt, la jeune romancière de 24 ans avait remporté le prix Pulitzer pour cette magnifique tragédie familiale, devenue un classique de la littérature américaine du XXe siècle.
Novembre. À présent je revois d'un seul coup nos vies durant les années passées. Cet automne est à la fois une fin et un commencement, et les jours naguère brouillés par ce qui était trop proche et trop familier sont clairs, étrangers à mes yeux.
Ce fut une longue année que la dernière, et plus pleine de signification que ne l'avaient été les dix précédentes. Il y eut des nuits où je sentais que nous avancions vers une heure terrible et sans espoir mais, lorsque cette heure arriva, elle fut hachée et confuse parce que nous en étions trop près, et je ne compris même pas très bien qu'elle était venue.
Aujourd'hui je puis regarder en arrière et voir les jours écoulés comme le fait celui qui contemple de loin le passé ; ils ont plus de forme et de sens qu'autrefois. Mais rien n'est jamais vraiment fini, on ne laisse rien derrière soi sans retour.
Les années étaient toutes semblables, estompées et se confondant l'une avec l'autre. L'esprit est une sorte de tamis ou de sable mouvant, mais je me souviens bien du jour où nous sommes arrivés et des mois qui le suivirent. Trop bien. Les racines de nos vies, plantées là en ce mois de mars, il y a longtemps, ont une bizarre analogie avec leurs branches.
Les collines étaient nues à cette époque-là, les feuilles d'hiver balayées par la bise, mais les vergers avaient un air vivant. Ils étaient tachés de l'encre rouge de leur sève, et l'écorce des troncs paraissait trop étroite pour contenir la vie nouvelle des feuilles qui allaient naître. Le domaine était ancien, les Haldmarne possédaient cette terre depuis la guerre de Sécession, mais lors de notre arrivée personne n'y habitait depuis des années. Des fermiers y étaient restés un peu de temps et puis s'en étaient allés. Le terrain pierreux contenait cependant des promesses, et les troupeaux engraissaient dans les pâturages où des stries de roche affleuraient le sol, déchaussées par le gel, comme des dents de pierre blanche.
De grands vergers étaient alignés du haut en bas des pentes, et lorsque Mère les aperçut, dès le premier jour, elle pensa qu'elle aurait à en faire la cueillette, à remonter ensuite avec les pommes ces côtes rapides, mais elle dit simplement qu'il pourrait y avoir une belle récolte et que les arbres paraissaient forts, bien que vieux.
«Même s'ils donnent du fruit, il nous manquera un marché, avait dit mon père, et il ajouta : Et puis le terrain est hypothéqué.»
Personne ne lui répondit, et le chariot continua à gémir et à grincer dans les ornières. Ma soeur Merle et moi regardions les geais voltiger à travers les branches et nous entendions leurs cris. Les ormes étaient couverts de bourgeons et formaient contre le ciel un treillis brun. Dans les pâturages, c'était dénudé et beau, les noyers projetaient une ombre couleur de lavande, très nette ; toutes choses paraissaient étrangères et sans relations entre elles, ne formant aucun dessin que l'on pût aisément retracer.