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Auteur : Anne Fine
Traducteur : Myriam Amfreville | Sophie Aslanides
Date de saisie : 11/09/2008
Genre : Jeunesse à partir de 13 ans
Editeur : Ecole des loisirs, Paris, France
Collection : Médium
Prix : 10.00 €
ISBN : 978-2-211-09005-6
GENCOD : 9782211090056
Sorti le : 11/09/2008
La route des ossements
À l'âge de sept ans,Youri sait déjà tout de «la Glorieuse Révolution». Ou plutôt du «Glorieux Mensonge», comme le chuchote sa grand-mère pour ne pas être entendue des voisins.
Les Chefs de la Glorieuse Révolution ont renversé le Tsar pour délivrer le pays de la corruption. En réalité, rien n'a changé. Les années passent, les gouvernements se succèdent. Le Père Trofim a éliminé les autres Chefs pour instaurer un régime de terreur.
Autour de Youri, des gens disparaissent. Car il suffit désormais d'un seul mot déplacé pour être envoyé «là-bas», à l'autre bout du pays. D'où personne n'est jamais revenu.
Youri a maintenant douze ans. Il a pris l'habitude de vivre avec les privations et la peur. Il se pose beaucoup de questions sur les fissures du système. Même s'il sait qu'il doit se taire pour rester en vie et protéger sa famille.
Jusqu'au jour où Youri ne parvient plus à contenir sa révolte.
Anne Fine est née à Leicester en 1947. Après ses études dans des écoles de filles, elle est devenue professeur, mais ne l'est pas restée très longtemps. Ses romans, caractérisés par une insolence et un humour dévastateurs, ont été acclamés par la critique. Elle a obtenu le Guardian Children's Fiction Award et la Carnegie Medal pour "L'Amoureux de ma mère". "Madame Doubtfire" (paru une première fois sous le titre "Quand Papa était femme de ménage") a été porté à l'écran et a connu un immense succès. Anne Fine écrit également pour les adultes. "Un bonheur mortel" (Editions de l'Olivier) a reçu en 1990 le Scottish Arts Council Book Award. Elle a été désignée en 2001 comme Children's Lauraate au Royaume-Uni, devenant ainsi ambassadrice de la littérature de jeunesse pendant deux ans.
Cette phrase, ma grand-mère la répétait souvent. Je la vois encore, debout à côté du poêle en fonte fissuré que mon père avait si péniblement traîné à la maison à la force de ses bras. Subitement, la nouvelle nous parvenait. «Tchékhov est parti.» «Kerentz est tombé en disgrâce.» «Il semble que Dolov ait eu une "crise cardiaque" tout à fait opportune.» Chaque fois, avec une grimace de mépris, elle marmonnait d'un ton amer, la tête baissée vers les marmites posées sur le feu : «Seuls les idiots se lèvent pour crier de joie lorsqu'un nouveau prince monte sur le trône.»
Pendant des années, je n'ai pas compris le véritable sens de cette phrase. J'avais été, dans mon enfance, bercé par les contes de ma grand-mère, peuplés de belles princesses et de nains malfaisants, je connaissais toutes les histoires de géants au grand coeur et de palais de glace cachés au creux des montagnes. Et même si je l'entendais souvent, sa critique acerbe ne pouvait que nourrir les délires magiques de mon imagination. Je voyais apparaître un jeune prince tout juste couronné assis sur son trône, et je croyais que ma grand-mère disait seulement que les sujets du nouveau roi étaient censés ne jouer qu'un seul rôle : rester agenouillés.