Auteur : Alain Gex
Preface : Claude Azema
Date de saisie : 07/01/2008
Genre : Guides et conseils pratiques
Editeur : Jacob-Duvernet, Paris, France
Prix : 19.90 / 130.54 F
ISBN : 978-2-84724-169-3
GENCOD : 9782847241693
Sorti le : 17/12/2007
- Les presentations des editeurs : 07/01/2008
A deux plombes du mat, a la fin du concert, nous nous retrouvions, Dassin, Adamo, Gilou mon accordeoniste et mezigue pour taper la petanque. Apres le confit d’oie et la tourte landaise, nous attaquions les deux chanteurs de charme. Chaque partie gagnee etait copieusement arrosee… Vous savez ce que c’est, ca donne soif !
Cette profession de foi de Pierre Perret est frappee au coin du bon sens. N’est-elle pas plus belle la vie, boules en mains ?
Une partie de petanque, ca fait plaisir, dit la chanson, un hymne pour 400 000 accros et cinq fois plus de pratiquants, enfants de Jules Le Noir qui, avec ses rhumatismes, inventa la petanque un jour de 1907. Pour celebrer ce centenaire, Alain Gex ressuscite les Bebert de Cagnes, Othello, Charly de Gemenos et met en scene les Foyot, Quintais, Fazzino, tous les athletes aux pieds tanques qui font la grandeur de ce sport.
Cette petite encyclopedie amoureuse vous permettra de cheminer du Parc Borely pour Le Mondial La Marseillaise (ce Roland-Garros des boules), a Millau, a Saint-Tropez, et meme en Thailande, sans oublier bien sur le Midi de Pagnol, de Fernandel… et du bienfaiteur de la petanque, le Saint-Pere Paul Ricard
Journaliste et ecrivain, Alain Gex a integre le service des Sports de l’AFP en 1970, pour une collaboration de plus de 36 ans. Responsable de la rubrique rugby, il s’est egalement specialise dans l’athletisme, la boxe, le cyclisme… et la petanque. Il signe ici son cinquieme ouvrage aux Editions Jacob-Duvernet.
- Les courts extraits de livres : 07/01/2008
Extrait de l’introduction :
Ma Madeleine s’appelle Emile
On a tous, nichee dans sa memoire, plaquee contre son coeur, sa madeleine. La mienne ne s’exprime pas essentiellement au gout, mais caresse plutot les sens de la vue et de l’ouie, mamelles indissociables de la petanque, quand elle n’escagasse pas un troisieme : l’odorat.
Ne sentez-vous pas en effet une epatante odeur d’anis, de badiane, de thym, de lavande, d’amande grillee, d’olive, d’aioli, voire de merguez et de sardine, autour des terrains ?
Mais a y bien reflechir, en fait de poisson de mer, ma madeleine ressemblerait davantage a un anchois. Ceux que l’on piegeait du cote de Collioure a l’epoque ou la peche aux lamparos etait encore autorisee, le long de cette cote vermeille vibrant par ailleurs aux exploits rugbystiques de l’USAP et d’un certain Jo Maso, coqueluche des nanas en minijupe.
La madeleine de mes vacances, vous l’aurez compris peuchere, ne risquait pas de boucher le Vieux Port et ne composait pas avec le mistral li vent que boufon a marsiho (le vent qui souffle a Marseille). Ma madeleine, en fait, etait secouee par la douce tramontane et se prelassait en Pays catalan des sardanes, dans les faubourgs populaires et barioles de Perpignan, la-haut, a Saint-Jacques, en plein quartier gitan, ou il n’etait pas question de graves conflits entre les communautes, alors pacifiques, du voyage et maghrebine.
Le paradis local se trouvait place du Puig – chiche, mais chaleureux arpent du Bon Dieu – ou l’on arrivait, en short, a la force du jarret, apres avoir grimpe, pour ne pas dire escalade, la rue de l’Anguille ou ma tante tenait un petit commerce d’epicerie.
Le terrain devant le casernement n’etait pas encore un parking, fait d’un empirique asphalte. Les premiers joueurs prenaient place au declin du soleil, vers 17 heures, et n’en repartaient que pour aller, le plus souvent bougonnant et s’invectivant dans un esperanto local, a la soupe avant de refaire surface, excites par quelques verres de rouge pesant une tonne.
Le littoral avait egalement sa somme de fideles dont nous faisions partie. A Canet-Plage ou nous louions une villa, il n’etait point besoin de jeter un oeil sur l’horloge. Le bruit des premiers carreaux avait valeur de carillon : il etait 21 heures et, en consequence, temps de se lever joyeusement pour aller choisir sa partie – generalement celle qui retenait l’attention des anciens – dans les ruelles mal eclairees de la station balneaire a la mode, lesquelles carrossables arteres dans un decor de carton-pate n’etaient pas encore bitumees.
D’un pas alerte, entre deux allees de lauriers-roses, je choisissais mon champion. Je peux maintenant vous l’avouer : ma Madeleine s’appelait Emile. Emile Palanque. Avec le que final, s’allongeant allegrement de son batonnet telle une guimauve ou cette celebre gui-gui sortant des kiosques des plages de Normandie : Pal… ann… quuue.
On le surnommait le Capitaine parce qu’il n’arretait pas de donner des ordres, de faire la morale dans un langage colore, truffe de patois, et de jurer, bruyamment, entre deux applaudissements, deux encouragements, contre adversaires et meme partenaire. Bref contre la terre entiere. Fallait le voir rudoyer et blasphemer si besoin…
Quelle gouaille ! Mes oreilles faisaient un plein d’aromatiques formules. Le romantique adolescent que j’etais buvait alors du petit lait. Pensez ! Tant de rustiques debordements, de vocaliques envolees, de melodieux propos : ella gouagnat, maniac (elle a gagne mon bon), a ben jougad nin ! (bien joue, petit !).
Parole… Parole… Parole…, chantait Dalida.