
Auteur : Jules Maurin | Remy Pech
Preface : Maurice Agulhon
Date de saisie : 28/06/2007
Genre : Histoire
Editeur : Privat, Toulouse, France
Collection : Histoire
Prix : 19.00 / 124.63 F
ISBN : 978-2-7089-6873-8
GENCOD : 9782708968738
Sorti le : 22/03/2007
- Les presentations des editeurs : 16/09/2008
Mars-juin 1907 : la revolte gronde dans le Midi viticole, de Perpignan a Nimes. Des comites d’action viticole se forment, des leaders surgissent, des maires demissionnent, les villes accueillent des centaines de milliers de manifestants, des emeutes eclatent, on releve des morts. L’armee est appelee a la rescousse pour retablir l’ordre. La region est pourtant pleinement republicaine, mais elle est poussee au desespoir par la mevente du vin. L’un des regiments, le 17e d’infanterie de Beziers, refuse de tirer sur les viticulteurs insurges, et se mutine. C’est l’apogee d’une crise ; la France retient son souffle.
Les mutins sont envoyes en punition a Gafsa, en Tunisie et Clemenceau retablit le calme. Mais la revolte du Midi et la mutinerie du 17e regiment sont entrees a jamais dans la memoire collective.
Ce livre retrace le contexte et le deroulement de cette page ignoree de l’Histoire de France. Sa force tient au choix de mettre a l’honneur la parole des mutins : plusieurs d’entre eux ont redige a chaud des carnets qui font entendre, parfois en occitan, la voix d’un peuple qui se saisit de son destin.
Remy Pech, professeur d’histoire contemporaine et ancien president de l’Universite du Mirail (Toulouse), est un specialiste de la viticulture languedocienne et des evenements de 1907.
Jules Maurin, professeur emerite d’histoire contemporaine et ancien president de l’Universite Paul Valery (Montpellier), est un specialiste de l’histoire de la conscription et de l’armee sous la Troisieme Republique. Ils ont contribue ensemble a la realisation d’un telefilm sur la revolte des vignerons.
- La revue de presse Nicolas Offenstadt – Le Monde du 29 juin 2007
Le dossier rassemble par Jules Maurin et Remy Pech, qui reprennent et actualisent ici des travaux menes depuis des dizaines d’annees, comprend, apres la presentation des evenements, les temoignages des mutins – certains rencontres sur leurs vieux jours par les auteurs – ainsi que differents documents sur la rebellion et ses traces. L’ensemble est assez copieux pour inviter a des comparaisons, avec les mutineries de 1917 en particulier (peur pour les civils, role des rumeurs, enjeux d’organisation de mouvements non premedites…). Il s’inscrit enfin dans les commemorations du centenaire de la “revolte vigneronne”, occasion de nombreuses publications, de ceremonies, d’expositions et de colloques dans le Midi languedocien, qui montrent toute la vivacite de cette memoire, entre patrimonialisation du passe, regionalisme et militantisme republicain…
- Les courts extraits de livres : 16/09/2008
La revolte viticole a son paroxysme
Depuis l’epanouissement de l’age d’or de la viticulture en Bas-Languedoc, au milieu du XIXe siecle, la region a mise sur la vigne, substrat de toute son economie agricole, industrielle et commerciale, et de toute sa vie sociale.
L’affirmation de la vocation viticole de la region amene la confiance pour aujourd’hui, l’optimisme pour demain. Lorsque le vin va, tout va dans notre pays… Nous maintiendrons a l’avenir la prosperite et la vitalite du vignoble de l’Herault, s’exclame Coste-Floret, s’interrogeant, en 1902, sur L’avenir de la vigne dans le Midi, optimisme justifie par la reussite de l’entiere reconstitution du vignoble, au lendemain de la crise du phylloxera qui avait secoue la region pendant pres de vingt ans, dans les annees 1870-1890.
Au debut du XXe siecle, le vignoble est donc l’element capital. Particulierement etendu dans l’Herault avec 46 % des superficies cultivables, il distance nettement tout autre type de culture. Il couvre encore pres de 30 % de la superficie cultivee dans l’Aude et 14 % dans les Pyrenees-Orientales.
L’hectare de vigne est toujours estime au prix le plus fort. Par rapport aux terres cerealieres, l’hectare de vignoble couterait ainsi 85 % plus cher dans l’Aude, 65 % dans l’Herault, 51 % dans le Gard, 36 % dans les Pyrenees-Orientales. La vigne attire aussi les hommes qui sont surs de trouver du travail, ne serait-ce que comme journaliers ou domestiques, esperant peut-etre acquerir quelques lopins de vigne. Venant des montagnes proches, de l’arriere-pays, voire d’Espagne ou d’Italie, ils grossissent les villages viticoles de la plaine, tels Serignan, Coursan, Capestang, qui prennent des allures de petites villes.
Qu’ils soient d’origine languedocienne, gavach ou etrangere, tous vivent peu ou prou de et pour la vigne. En temoigne la structure professionnelle du canton de Capestang, gros bourg proche de Beziers, en 1906 : 82 % de la population vit directement de la vigne, 75 % sont des vignerons, qu’ils soient proprietaires, ouvriers ou regisseurs, et les 7 % restants sont les artisans et commercants lies au vignoble.