Auteur : Michael Lucken
Date de saisie : 23/06/2008
Genre : Histoire
Editeur : Hermann, Paris, France
Prix : 35.00 / 229.58 F
ISBN : 978-2-7056-6638-5
GENCOD : 9782705666385
Sorti le : 20/06/2008
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
Cet ouvrage repertorie et analyse les centaines de photographies prises en aout 1945, le jour et aux lendemains des deux bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Il resitue le contexte dans lequel les cliches ont ete pris. Il retrace la vie de leurs auteurs japonais ou americains, et montre, enfin, comment ces images sources ont ete relayees et reinvesties dans la culture.
Livre d’histoire et de reflexion sur le statut historiographique de l’image, 1945 – Hiroshima est aussi un acte d’engagement pour une intelligence des faits et des differentes manieres dont ils sont reproduits.
Michael Lucken est professeur des universites a l’INALCO. Il enseigne l’histoire de l’art du Japon moderne et dirige la revue Cipango. Il a publie, entre autres livres, L’art du Japon au vingtieme siecle (Hermann, 2001).
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
Extrait du preambule :
Photographie et histoire La defaite a bras le corps de John Dower et Democratie et Patriotisme : nationalisme et espace public dans le Japon d’apres-guerre d’Oguma Eiji sont sans doute les deux principaux livres publies ces dix dernieres annees sur l’histoire contemporaine du Japon. Or, bien que leur perspective embrasse le pays tout entier, l’un comme l’autre utilise en couverture une photographie des ruines de Hiroshima : le premier reproduit un cliche de Wayne Miller montrant un soldat japonais dans un paysage devaste ; le second, une scene de la visite de l’Empereur du 7 decembre 1947 avec, en fond, le Dome atomique. Les photographies de Hiroshima apparaissent comme une sorte d’arriere-plan incontournable de l’histoire de l’archipel depuis 1945. C’est cet arriere-plan que nous nous proposons d’examiner dans toute sa dimension visuelle, mais aussi historiographique. Car ces photographies ne sont pas uniquement des illustrations : elles informent a plusieurs niveaux la pensee et l’ecriture de l’histoire.
Chronologiquement, la photographie est nee a peu pres en meme temps que l’histoire comme discipline universitaire autonome. Or il y a la un paradoxe. Car l’histoire s’est construite en partie contre l’image. Ce qui ne signifie pas contre la photographie. Mais contre l’image. Le meilleur document de l’historien est un document par lequel il y a saisie directe du fait (registre des naissances et des morts, carnets de compte, minutes judiciaires, textes legislatifs, etc.). C’est-a-dire un document qui porte, comme dit Marrou, la trace d’une action volontaire de l’homme, un document qui, d’une certaine maniere, a photographie un present passe, et le transmet tel quel, sans distorsion, de sorte qu’a son tour l’historien puisse en rendre compte et s’en servir de maniere aussi objective que possible. Dans sa pretention scientifique, l’histoire possede une parente avec la photographie ; ce sont deux aspects d’un meme besoin de reperer le temps et, ce faisant, d’affirmer la domination de la pensee sur l’oubli – la difference principale etant que ce travail s’effectue selon une perspective diachronique pour l’histoire, et synchronique pour la photographie.
Grace au travail pionnier de chercheurs comme Marc Ferro dans les annees 1970, l’image mecanique fait desormais pleinement partie des materiaux historiques. Pourtant, l’histoire a mis longtemps avant d’assimiler celle-ci, alors meme que de nombreux etudiants venaient a la discipline par ce biais. Le processus d’integration n’est du reste pas termine : l’analyse et l’interpretation des sources photographiques et cinematographiques sont aujourd’hui encore peu representees dans les cursus d’histoire. On peut avancer trois explications pour comprendre cette situation :
1- Lorsque l’histoire s’est constituee comme discipline, elle portait son attention sur des periodes bien anterieures a l’apparition de la photographie. Lorsque suffisamment de temps s’est ecoule pour que la photographie puisse commencer a servir de document historique, il a ete difficile de reevaluer ces criteres, d’autant que l’histoire contemporaine restait marginale dans les cursus.
2 – On sait que la photographie au XIXe siecle a cherche dans la peinture des modeles et une source d’inspiration – ce que formalisera le pictorialisme. Ce rapprochement de la photographie avec les Beaux-arts a contribue a son discredit. Elle etait suspecte, car elle subordonnait ouvertement le programme de la machine a des normes qui lui etaient etrangeres.