
Auteur : Olen Steinhauer
Traducteur : William Olivier Desmond
Date de saisie : 30/01/2007
Genre : Policiers
Editeur : L. Levi, Paris, France
Collection : Policier
Prix : 20.00 / 131.19 F
GENCOD : 9782867464362
- Les presentations des editeurs : 16/09/2008
Mu par une logique impenetrable, le nez rive a ses dossiers mysterieux, Brano Sev, inspecteur de la Securite d’Etat, est l’oeil du Parti au sein de la Brigade criminelle, dans la Capitale d’une republique socialiste. Mais en 1966, tout ca c’est du passe pour le major Sev, implique dans un meurtre en Autriche. Sa hierarchie l’expedie dans sa ville natale, pour enqueter sur un probable agent double. Cette investigation le ramenera a Vienne ou, en pleine Guerre froide, se presse une nuee d’espions de tous bords. Abandonne par ses camarades, coince entre Est et Ouest, Brano Sev connaitra – pour la premiere fois – la tentation de faire passer sa vie personnelle avant son devoir patriotique.
Un thriller cerebral qui file a cent a l’heure, remarquable de style et de concision.
Esquire Magazine
Qu’il est fascinant de voir l’autre cote du Rideau de fer… Rendons hommage au talent de l’auteur, qui parvient a nous faire admirer et encourager le personnage de Sev tandis qu’il se debat dans ce thriller d’espionnage a l’intrigue habile.
The Guardian
Olen Steinhauer, ne en Virginie, vit aujourd’hui en Hongrie. C’est a Bucarest qu’il a concu cette serie policiere, qui met en scene un meme commissariat decrit sur cinquante ans. Apres Cher camarade (egalement en Folio Policier) et Niet camarade, il s’aventure avec 36, boulevard Yalta sur les terres du roman d’espionnage.
- Les courts extraits de livres : 16/09/2008
Mercredi, 8 fevrier 1967
Parti de la Capitale au matin, il s’arreta a Udjorod pour faire le plein, puis continua vers les montagnes en se mefiant des virages que cachaient les bouquets de pins saupoudres de neige. Une petite valise et un porte-documents tressautaient sur le siege de passager.
Il s’appelait Brano Oleksy Sev. Age de cinquante ans depuis un mois, il portait moins de cicatrices que ce qu’il aurait merite et etait au volant de la Trabant P50 blanche qu’il avait achetee dix ans auparavant. Il avait remplace tellement de pieces qu’en dehors de la carrosserie et du chassis, il ne devait pratiquement plus rien rester du vehicule original. Le volant lui-meme avait ete change en 1961 (le 31 octobre, le jour ou l’on avait retire le sarcophage de Staline du mausolee de la Place Rouge), apres que Brano l’avait retrouve sur ses genoux pour avoir trop tire dessus dans un virage serre, pendant qu’il pourchassait un suspect.
A Vranov, il dejeuna dans le restaurant desert ou il s’etait deja arrete trois ans avant – c’etait une etape quasi obligatoire. La serveuse, une grosse femme arborant un bec-de-lievre, le foudroyait de regards maussades. Elle finit par se pencher sur sa table, une legere odeur de transpiration provenant de ses joues, et lui demanda s’il ne voulait pas prendre un verre avec son repas. Nous avons le meilleur cognac de la region.
Brano secoua negativement la tete et regarda la femme qui retournait dans la cuisine, la mine toujours renfrognee. Les doigts froids, il prit alors un dossier dans son porte-documents et l’ouvrit.
Jusqu’au mois d’aout dernier, Brano avait eu le grade de major et occupe un poste au ministere de la Securite d’Etat, 36, boulevard Yalta. Mais depuis cinq mois, il etait camarade ouvrier dans l’eternel vacarme de l’usine du peuple Pidkora; troisieme sur la ligne de montage, il branchait des fils electriques dans des appareils de mesure pour que les machines de l’agriculture socialiste ne tombent jamais en panne. Puis, la veille, il avait senti une tape sur son epaule. Son alcoolique de contremaitre se tenait derriere lui.
Quelqu’un veut te voir, Sev ! Dans mon bureau !
- Les courts extraits de livres : 16/09/2008
Le dossier contenait un bref resume. Soroka etait ne en 1934 a Sanok de parents fermiers, Wladislaw et Son Soroka. On ne parlait pas de son enfance, ni du transfert de ses parents, en 1947, a la raffinerie de petrole de Bobrka. On retrouvait Jan a seize ans parmi les Pionniers qui s’etaient rendus en delegation dans la Capitale, ou ils avaient serre la main au secretaire general Mihai et fait le tour des monuments. A vingt-trois ans, Jan avait demande et obtenu son transfert dans cette meme Capitale, ou il etait devenu conseiller aupres du Comite central pour l’Industrie du Gaz, dans le cadre de la reforme industrielle lancee par Mihai en 1956, quelques mois avant sa mort. Avant de disparaitre, Soroka avait assiste, dans la ville d’eau de Gyula, a une conference sur l’avenir de l’energie dans les Etats freres socialistes, a laquelle etaient presents des sommites, venues de tout l’Empire, dans les domaines du gaz, du petrole et de l’energie nucleaire. Une semaine apres la fin de cette manifestation, Lia Soroka avait signale une disparition : Jan n’etait jamais retourne chez lui. Le lieutenant de la milice Emil Brod, charge de l’enquete, n’avait rien trouve. En derniere ligne du resume, on lisait : Activites externes : voir rapport joint.
Le rapport de Vienne, long de cinq pages, presumait que Soroka etait entre en Autriche le 21 aout (soit six jours apres le depart mouvemente de Brano) et faisait la liste des lieux visites par le transfuge. Liste des plus banales. Elle comprenait les sites touristiques habituels, la cathedrale Saint-Stephane, le Kunst-historisches Museum, le palais de Schonbrunn et les bars ou l’on a des chances de rencontrer des compatriotes, le plus connu de tous etant Im Carpe, sur Sterngasse. Puis, le 25 aout, un jeudi, il entra pour la premiere fois a l’ambassade americaine, ou il resta cinq heures. Pendant ce temps, on avait fouille sa chambre d’hotel sans rien y trouver d’interessant. Soroka etait retourne le lendemain a l’ambassade ou il n’etait reste qu’une heure. Apres quoi il avait ete se refugier a La Carpe et s’etait enivre.
Le lundi suivant, il s’etait rendu pour la premiere fois a la Raiffeisenbank ou, d’apres ce qu’avaient cru comprendre, depuis leur poste d’observation de l’autre cote de la salle, les agents qui le filaient, il avait ouvert un compte. Cette information ne fut jamais convenablement verifiee.