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A la rencontre des cygnes

Auteur : Aurelien Loncke

Date de saisie : 31/03/2008

Genre : Jeunesse a partir de 13 ans

Editeur : Ecole des loisirs, Paris, France

Collection : Medium

Prix : 9.50 / 62.32 F

ISBN : 978-2-211-08996-8

GENCOD : 9782211089968

Sorti le : 13/03/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

A la rencontre des cygnes

J’etais un peu fou, un peu hors de moi. A la fois le meme et un autre. Si vous voulez la verite,j’aurais fait n’importe quoi, des sports de haut niveau, de la meditation intensive ou meme des activites debiles comme des concours de flechettes ou de mots croises, tout, pour oublier ne serait-ce qu’une minute l’absence definitive de mon frere. Amblin etait mort et moi vivant, et je croyais que, si la pluie pouvait me nettoyer la tete, je n’y penserais plus trop. Il avait disparu tragiquement, il me manquait du matin au soir et rien, me disais-je, ne pourrait le remplacer. Je me trompais en un sens. Il ne faudrait jamais avoir trop de certitudes. Si c’est le cas, la vie finit toujours par vous contrarier pour le pire ou le meilleur.

Aurelien Loncke est ne en 1978 a Sarrebourg. Il vit maintenant a deux pas de la baie de Somme, un endroit merveilleux ou la couleur change toujours. Apres des etudes de lettres modernes, il a travaille quelques annees dans une ecole primaire, ou il essayait de donner aux eleves le gout de la lecture. Il dit adorer les contes, adorer les bons bouquins. Selon lui, si le monde est souvent trop gris, trop serieux, trop vicieux, la fantaisie d’un livre pour enfants est comme un bon bol d’air, une promesse, un sourire ecrit.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Je sais que pour certaines personnes la pluie est romantique, et peut-etre l’est-elle vraiment ! Peut-etre que marcher sous la pluie apporte d’agreables sensations, comme ils disent dans les films et les chansons, mais j’en doutais franchement a une epoque. Je suis sceptique par nature. On ne me fait pas avaler n’importe quoi. Sceptique mais pas bute. Je veux bien decortiquer une incertitude si c’est necessaire, aucun probleme, sinon elle me taraude et m’empeche de dormir. Ainsi, un jour different des autres, il me fallut verifier cette histoire de pluie avant de me montrer si categorique. Je detesterais ressembler a ces gens obtus qui s’imaginent tout savoir et ne se remettent jamais en question. La plupart des amis de mes parents sont ainsi. Ils aiment expliquer de maniere a peine voilee a quel point ils sont intelligents, sensibles, un poil au-dessus de la melee et beaux et malins. Ensuite, ils disent qu’il faut savoir se montrer humble et a l’ecoute de son prochain. A l’ecoute, la bonne blague ! Ils sont aussi attentionnes qu’un serpent affame avec sa proie, et c’est pourquoi ils me rendent nerveux. Je ne les comprends pas et il m’est tres difficile de les supporter plus d’un quart d’heure. En general, chaque semaine, j’ai au moins dix raisons de m’enerver contre eux.
Je suis donc reste sous une averse l’annee derniere, juste pour essayer. Simple experience menee sur un coup de tete ! J’etais sorti sans veste et sans echarpe pour la bonne raison que je n’en voulais pas, meme s’il pleuvait a seaux ce jour-la. De longues cordes d’argent chutaient a flots ininterrompus. Le deluge ! A force de faire les cent pas sur un bout de gazon boueux et collant, je fus victime de la vigoureuse offensive d’un rhume carabine en moins de vingt minutes. Un rhume de la pire espece qui valait au moins une grippe, voire une pneumonie bien salee. Pas etonnant si j’usai des mouchoirs a la chaine. Comme je n’avais aucune protection, l’eau me traversa facilement. Au debut, peu m’importait de tomber malade, l’essentiel etant de mener l’experience a son terme pour sentir cette petite etincelle de joie sous la pluie, si elle existe.
Je perseverai dans les trombes d’eau, je patientai. Seulement voila, apres ces vingt minutes de va-et-vient sous la plus importante mousson du siecle, une violente toux me secoua brusquement. J’ai une sante delicate qui me rend sujet a des quintes en serie. Autant rentrer au chaud avant de cracher ma langue dans le jardin, me dis-je. Tant pis pour les sensations agreables. J’en avais pourtant besoin. Une prochaine fois, qui sait.
En attendant, je degoulinais de partout, au moins autant qu’une serpilliere imbibee. J’aimerais dire que c’etait formidable de sentir toutes ces rigoles sur mon visage. Que les gouttes brillaient dans la lumiere, qu’un leger parfum flottait dans l’air. Mais non, certainement pas. Je ne vous ferai pas le coup du film sentimental ou tout est si perpetuellement merveilleux. Je ressemblais a une loque au moment de pousser la porte. Les vetements me collaient a la peau, mes cheveux etaient completement aplatis et de grosses gouttes de boue nourrissaient une flaque au milieu du salon. Une enorme flaque de la taille d’une maree. En plus, je frissonnais comme un animal blesse, ce que j’etais en quelque sorte. Un animal fragile.