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A mes ennemis ce poignard

Auteur : Liam O’Flaherty

Date de saisie : 21/11/2006

Genre : Romans et nouvelles – etranger

Editeur : Serpent a Plumes, Paris, France

Collection : Motifs, n 270

Prix : 9.00 / 59.04 F

ISBN : 978-2-268-05968-6

GENCOD : 9782268059686

Sorti le : 09/11/2006

  • Les courtes lectures : Lu par Emmanuel Verite – 16/09/2008

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Emmanuel Verite – 21/12/2006

  • Les presentations des editeurs : 16/09/2008

A mes ennemis ce poignard est un livre ecumant de desespoir et d’intelligence, comparable par sa dimension poetique au Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Celine. Hargne, compassion, generosite, cruaute, demence : l’ecrivain ne s’epargne rien, et la passion seule, entiere, le sauve de tous les malheurs. O’Flaherty raconte toute sa vie : la faim, la guerre, l’errance. Abandonnant derriere lui femme et enfant, il part pour la France ; a Paris, puis en Bretagne, il se nourrit d’experiences qui feront de lui un ecrivain. Des iles d’Aran a l’Espagne, de l’Allemagne aux Etats-Unis, de Londres a la Russie sovietique, O’Flaherty n’aura de cesse de parcourir le monde comme un damne. Achevant cette quete presque fatale parmi les pecheurs bretons, il en arrive a une conclusion devastatrice qui le sauve en tant qu’homme et en tant qu’artiste.

  • Les courts extraits de livres : 16/09/2008

Bien que je n’eusse jamais ete riche, j’avais goute a tous les plus beaux fruits de notre planete. J’avais aime selon mon bon plaisir, aussi bien avec le corps qu’avec l’esprit. J’avais connu l’exaltation de la jouissance dans le lit d’une beaute circassienne et au milieu des neiges de Norvege, tandis que les chandelles de glace fondaient aux branches des pins baignes de soleil. N’etant entrave par nulle chaine visible aux yeux d’autrui, je courais les continents a ma guise.
Et pourtant, le diable m’avait terrasse. J’etais convaincu de lui avoir trop souvent tire la queue. Tout ce que j’avais fait n’avait servi a rien, sinon a me persuader qu’il n’existait pas de reponse a la question de Ponce Pilate. Comme un vautour, j’avais survole la terre, devorant ce qui me tombait sous le bec ; et tout cela pour venir echouer a Londres, dans la peau d’une brute assouvie, lugubrement occupe selon toute apparence a me noyer dans l’alcool au fond de tavernes sordides. J’etais incapable d’ecrire. Couvert de dettes. A la charge de quelques amis dont les efforts pour me secourir ne faisaient qu’exacerber mon cynisme desespere. Chaque fois que je me retrouvais seul, une honte epouvantable me submergeait. Je voyais les dons que m’avait octroyes la nature vilement employes, souilles par de sales habitudes, reduits a l’impuissance par l’alcool, dans lequel je recherchais l’oubli. Et puis je tombai malade.
Ce n’etait pas bien grave, mais cela me remit les idees en place. Chez un homme ne sur des rochers aussi nus que ceux des iles d’Aran, ou la lutte pour survivre face a une nature feroce est des plus intenses, l’instinct de conservation est puissant.