
Auteur : Nguyen Huy Thiep
Traducteur : Sean James Rose
Date de saisie : 23/08/2006
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Ed. de l’Aube, La Tour-d’Aigues, France
Collection : Regards croises
Prix : 18.00 / 118.07 F
ISBN : 978-2-87678-962-3
GENCOD : 9782876789623
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Apres 5 recueils de nouvelles et 2 pieces de theatre, Thiep nous propose ici son premier roman, a la fois tres fort et emouvant. En effet, ecrit a la premiere personne, il ressemble a un double cri : celui d’un adolescent qui hurle sa revolte et son mal etre et celui d’un pere demuni et inquiet.
“Je m’appelle Khue. J’ai vingt ans cette annee. Et je vais vous dire franchement : personne ne capte rien. Tenez, ma famille, par exemple. J’ai un pere, une mere et un grand frere qui sont cons comme leurs pieds. Non, mes parents ne sont pas cons, simplement des parents normaux, voire des parents qui ont reussi dans la vie. […] Moi, je suis un cas a part. Je vous dirai de but en blanc que des connaissances, j’en ai zero […]. Je me demande bien comment j’ai pu faire des etudes secondaires, passer mon bac et entrer en fac. Meme si mes parents ont pratique un peu de magie blanche dans les coulisses, cette magie n’a pas donne grand-chose. Mon pere est un ecrivain celebre qui, il fut un temps, a ete la coqueluche des jeunes generations. Il a toujours su garder l’honneur sauf, j’en suis pas peu fier et lui sais gre de n’avoir jamais rampe devant personne. […]”
D’emblee les personnages et leur histoire sont campes : un pere et un fils s’aiment et se dechirent, le fils partant dans une derive que le pere ne peut plus controler, sauf peut-etre encore par le biais de l’ecriture. Un roman terriblement contemporain et pourtant universel, qui confirme, si besoin est, que Thiep est un immense ecrivain.
Nguyen Huy Thiep, considere comme le plus grand ecrivain du Viet-nam tant par ses compatriotes que par les critiques, vit a Hanoi ou il est ne en 1950. Aujourd’hui, c’est dans l’art que l’homme peut exprimer sa liberte, surtout dans un regime totalitaire. Et l’oeuvre de Thiep, dans toute son expression, est l’illustration meme de cette conviction. Il a decide de ne plus faire que ce qu’il aime : ecriture, peinture, sculpture, ceramique. Sont deja publies, aux editions de l’Aube : Un general a la retraite, Le coeur du tigre, La vengeance du loup, Conte d’amour un soir de pluie, Une petite source douce et tranquille, l’Or et le feu.
- La revue de presse Christophe Ono-dit-Biot – Le Point du 21 avril 2005
C’est l’histoire d’un gamin aux poches percees qui n’a pas d’ideal… le heros d’A nos vingt ans n’a pas pour muse la poesie, mais une prostituee de Hanoi et quelques grammes d’heroine… Ecrit en un mois pour tenter d’oublier les crises de manque de son fils toxicomane, c’est le premier roman du nouvelliste vietnamien Nguyen Huy Thiep. A l’heure ou l’on fete le 30e anniversaire de la chute de Saigon, cette confession offre un eclairage inedit sur l’etat d’un pays qui, ecartele entre communisme doctrinal et liberalisme economique, promeut Britney Spears mais refuse toujours de publier ce roman pourtant beaucoup moins toxic.
- La revue de presse Natalie Levisalles – Liberation du 3 mars 2005
Khie a 20 ans. Dans sa vie, il a un pere, ecrivain a la grande notoriete et a l’experience de vieux con, une mere a la devotion de serpilliere et un frere qui passe des heures a chatter sur le Net avec des filles qui se revelent etre des mochetes qui arborent le foulard rouge des jeunesses communistes. Ils me font tous vomir, dit logiquement Khie qui est en principe etudiant, mais prefere trainer avec des apprentis voyous, aller a l’Aquaparc mater les filles des nouveaux riches,… Le dernier livre de Nguyen Huy Thiep, et son premier roman (il n’avait publie que des nouvelles et du theatre), est une description sociologique de la jeunesse de Hanoi, fascinee par les merveilles du capitalisme triomphant. C’est aussi un recit tres autobiographique. L’histoire du jeune Khie est largement celle de son fils cadet, aujourd’hui age de 22 ans, et de sa plongee dans l’heroine… Ne en 1950 a Hanoi, Thiep est un des ecrivains vietnamiens les plus connus. Longtemps considere comme le porte-parole d’une generation qui a grandi dans la guerre, il etait devenu celebre quasi instantanement en 1987 avec la publication d’Un general a la retraite, une nouvelle qui decrivait l’accablement d’un vieil homme face au materialisme et au cynisme de la nouvelle societe socialiste…
Ce roman a ete ecrit dans des circonstances tres particulieres. Quand Thiep a compris que son fils etait devenu toxicomane, il a decide de s’occuper lui-meme de son sevrage et l’a emmene dans l’ile de Cat Ba… Il y a quelques annees, parlant de son pays, Thiep disait : Je n’attaque pas la societe actuelle, je constate ce qu’elle est, je regrette ce qu’elle n’est pas. Aujourd’hui, il dit : Ces quinze dernieres annees ont vu des changements radicaux : les famines ont disparu, les gens peuvent apprendre, nous avons decouvert les loisirs, la technologie, l’Internet, le Vietnam s’est ouvert sur le monde. Mais ce developpement trop rapide a des consequences terrifiantes : la tradition familiale et culturelle a ete detruite….
- La revue de presse Thierry Leclere – Telerama du 9 fevrier 2005
… Le plus jeune de mes deux fils a plonge dans la drogue au moment ou il est entre a l’universite. Comme il n’arrivait pas a s’en sortir, j’ai decide de m’isoler avec lui pendant trois mois sur la petite ile de Cat Ba, dans le golfe du Tonkin. Un ami m’avait prete une baraque sur un petit terrain. Ce fut une bonne periode entre mon fils et moi… Nguyen Huy Thiep decide de faire un livre de cette experience, au moment meme ou il la vit, fin 2002. Et pour pousser plus loin encore cette therapie litteraire, il se glisse dans la peau de son propre fils, et ecrit A nos vingt ans a travers le regard de ce dernier.
Le roman oscille ainsi entre un autoportrait savoureux (ce pere qui ne capte rien est aussi un ecrivain celebre qui, naguere, fut la coqueluche de la jeune generation. Un homme integre qui n’a jamais rampe devant personne…. et une fresque sombre de la jeunesse vietnamienne, individualiste, materialiste, tourneboulee par une societe qui bouscule brutalement les valeurs traditionnelles… Il est pessimiste, aussi, sur le Vietnam qu’il decrit, avec force exemples, ravage par la drogue et la prostitution… Cette vision noirissime de la societe n’a pas plu, on s’en doute, aux autorites vietnamiennes, qui, selon leur technique habituelle de censure a posteriori, ont laisse l’editeur imprimer le livre… avant de l’interdire a la distribution…