Auteur : Isabelle Affolter
Date de saisie : 18/09/2008
Genre : Societe Problemes et services sociaux
Editeur : Eres, Ramonville-Saint-Agne, France
Prix : 10.00 / 65.60 F
ISBN : 978-2-7492-0951-7
GENCOD : 9782749209517
Sorti le : 25/09/2008
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- Les presentations des editeurs : 18/09/2008
Dans les annees 1980, des centres d’accueil pour femmes victimes de violences conjugales fleurissent sur le territoire. Chaque institution est marquee par les circonstances de sa naissance et par les hommes et les femmes qui la font vivre, qu’ils soient professionnels ou usagers.
Ce livre raconte l’histoire d’un lieu, les histoires des femmes qui y sont passees plus ou moins rapidement, qui y ont vecu parfois longtemps : histoires de rencontres, de vie, d’amour, de folie, de mort.
Isabelle Affolfer a cree et dirige un Centre d’hebergement et de reinsertion sociale pour femmes victimes de violences conjugales. Elle est maintenant psychanalyste et formatrice de travailleurs sociaux.
- Les courts extraits de livres : 18/09/2008
Il pleut des hommes
Paperasserie, courriers administratifs, cahiers de comptes, bref, bureau encombre. L. frappe et entre, s’assied en face de moi, le regard sur ses pieds ; elle tire ses meches de cheveux devant ses yeux et s’agite.
J’ai toujours laisse les femmes de l’appartement therapeutique entrer dans mon bureau, sauf pendant les entretiens bien evidemment, circulation apparemment aleatoire, angoisse a dire ou a montrer, station rituelle dans des trajets.
Ces apparitions me rappellent pourquoi je me coltine a toute cette gestion qui encombre mon bureau et parfois ma tete ; une institution ca se gere, mais les murs servent a abriter des humains.
L. tripote ses cheveux et dit : Et en plus les Algeriens nous ont declare la guerre.
Je continue mes ecritures en pensant que cette phrase n’est pas dans le registre habituel du delire de L. Elle est en general poursuivie par des membres de sa famille dont elle ne sait plus s’ils sont vivants ou morts, elle trebuche sur l’identite de ses compagnes d’appartement qu’elle prend l’une pour sa mere, l’autre pour sa soeur, pense avoir ete violee par le fils d’un rocker vieillissant, mais n’est pas tres preoccupee par les evenements politiques ; elle mene une autre guerre avec la part d’elle, qui l’assaille en voix.
Et en plus il pleut des hommes.
Je leve la tete, moi qui me pique d’entendre ce qu’elle tente d’articuler dans son delire pour soutenir son existence, je ne comprends pas ce qu’elle raconte… il pleut des hommes…
Le telephone sonne, un collegue parti faire un accompagnement en voiture et qui ecoute la radio m’informe que des avions viennent de s’ecraser sur des tours a New York.
L. et moi, nous nous retrouvons devant la television de l’appartement qui marche quasi non-stop et je vois une pluie d’hommes qui tombent.
11 septembre 2001 ; qui delire ?