
Auteur : Claude Fremont
Date de saisie : 28/10/2006
Genre : Documents Essais d’actualite
Editeur : le Cherche Midi, Paris, France
Collection : Documents
Prix : 15.00 / 98.39 F
ISBN : 978-2-7491-0826-1
GENCOD : 9782749108261
- Les presentations des editeurs : 28/10/2006
Chevalier blanc, Zorro ou Lucky Luke : les surnoms n’ont pas manque pour qualifier Claude Fremont, directeur de la caisse primaire d’assurance maladie de Nantes. Il quitte la Secu en jetant un ultime pave dans la mare.
Son cheval de bataille ? La lutte contre les fraudes a la Securite sociale. Les psychiatres qui consultent 365 jours par an ; les pharmaciens qui fabriquent de fausses vignettes ; les centres de thalasso qui font rembourser les visites medicales, etc.
Claude Fremont a traque petits et grands arnaqueurs avec, pour seul objectif, la defense de ce qui fut l’une des plus belles conquetes de la Liberation : le systeme francais de protection sociale.
Mais pourquoi celui qui a consacre trente ans de sa vie a la Secu abandonne-t-il le combat ? L’esprit n’y est plus. Il en a assez des reformes inutiles, des solutions a l’emporte-piece, du double discours. Assez des demagogues qui font croire que leur reforme bouchera enfin le trou de la Secu.
L’urgence est a l’action. Claude Fremont en est convaincu : on ne changera rien si on ne change pas tout. Il faut donc de vraies reformes pour sauver la Secu, croyons a l’impossible et revons un instant…
Un livre informe et percutant a l’image d’un homme de terrain qui ne mache pas ses mots.
Claude Fremont, d’abord professeur d’anglais, a debute sa carriere a la Securite sociale en 1975 avant de devenir directeur de la CPAM de Nantes en 1989.
- Les courts extraits de livres : 28/10/2006
Jusque-la, tout va bien…
Des debuts prometteurs
Oui, jusque-la, tout allait bien. Beaucoup de chance et un peu de travail, ou peut-etre l’inverse, m’avaient conduit la ou j’etais. Pas de quoi se vanter, mais de quoi etre fier ou, en tout cas, heureux. Quand on part de rien, on est toujours content d’arriver quelque part. N’etant pas sorti de la cuisse de Jupiter, je ne visais pas l’Olympe.
Fils de la Republique, enfant de boulangers, je realise d’abord le reve de mon pere, reste aupres du sien pour labourer ses champs. A 18 ans, je deviens donc instituteur, c’etait cela le reve. Instituteur de campagne, comme on disait alors. En ce temps-la, le bac servait a quelque chose et le chomage n’existait pas. Mais il y avait deja des ascenseurs et l’ascenseur social me permit de monter. Inscription a la fac, en cours du soir, licence es lettres, maitrise d’anglais. J’aurais aime etre avocat ou journaliste, je deviens professeur, dans un lycee huppe de Nantes. Je croise encore beaucoup de mes anciens eleves. Avocats, notaires, chefs d’entreprise. Huissiers de justice, experts-comptables ou commissaires-priseurs. Et meme medecins ou chirurgiens-dentistes, pour les meilleurs d’entre eux. C’est vous dire le niveau.
La, j’ai connu mai 1968. J’y ai participe, a la tete d’un mouvement au slogan assassin : Mort a l’ecole ! Contre la morale de l’ecole, vehicule de l’ideologie dominante de la bourgeoisie reactionnaire et des classes possedantes. La lutte des classes, quoi. Pour un professeur, ca faisait bien ! J’etais deja bizarre.
La passion de l’enseignement me passe. Je pars sur un coup de tete. Demission a la fin de l’annee scolaire 1973. J’avais tout juste 30 ans. Je vends ma 504 et j’achete un velo, pour aller a la fac. Inscription au concours d’entree du Centre national d’etudes superieures de Securite sociale (CNESSS). Eh oui, meme a la Secu les etudes peuvent etre superieures… Pas vraiment le coup de foudre, mais des etudes payees pour les quarante recus, sur les mille candidats. Coup de bol, je reussis. Une epoque ou meme les litteraires avaient encore une chance… Dix-huit mois d’etudes, une seconde jeunesse a Paris, une premiere pour moi. Et la chance, comme toujours, sourit a la canaille : un poste de chef de service a la CPAM de… Nantes. Puis chef de division, sous-directeur, directeur adjoint. Jusqu’a la consecration : directeur general, en janvier 1989. J’avais 46 ans, j’etais plein d’illusions. J’aurai donc fait plus de trente ans dans la meme caisse, pour le meilleur et pour le pire. C’est un parcours desormais interdit, au nom de la mobilite, un concept imbecile.