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Agrippa d’Aubigne ou Les miseres du prophete

Auteur : Samuel Junod

Date de saisie : 08/04/2008

Genre : Litterature Etudes et theories

Editeur : Droz, Geneve, Suisse

Collection : Cahiers d’humanisme et Renaissance

Prix : 49.65 / 325.68 F

ISBN : 978-2-600-01083-2

GENCOD : 9782600010832

Sorti le : 14/02/2008

  • Les livres d’exception : Max Engammare – 17/09/2008

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Max Engammare – 08/04/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Agrippa d’Aubigne ou les miseres du prophete explore les paradoxes qui s’attachent a la fonction prophetique. Parole absolue qui doit s’incarner dans les contingences de l’histoire, elle aliene son enonciateur, qui ne possede en general ni l’art, ni les predispositions naturelles, ni l’envie pour en assumer la mission. Reve de performativite et d’efficacite, le propos prophetique est avant tout le constat de son impuissance dans le present, du rejet et de la suspicion qui caracterisent sa reception. Dans Les Tragiques, Aubigne estime la mission de sa parole a l’aide de figures, telles que celles de Jonas et Jeremie, exemplaires d’un prophetisme concu sur le mode du tourment. La complexite de l’ethos prophetique albineen se nourrit en outre de la place problematique qu’occupe le prophete dans l’ecclesiologie protestante, position vide qui ne laisse plus guere de champ qu’a des postures, comme le montrent les ecrits de Luther, Calvin et Zwingli. Un probleme de reconnaissance affecte le prophete, au point d’en devenir probablement une des caracteristiques intrinseques. Si Agrippa d’Aubigne integre cette donnee dans sa propre enonciation, il est remarquable que cette derniere perturbe aussi le discours critique sur son prophetisme des la premiere reception des Tragiques au XIXe siecle.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Extrait de l’introduction :

Aubigne et prophete : ces deux mots, ces deux instances de la complexe figure litteraire construite par Agrippa d’Aubigne dans son oeuvre, ont un destin commun, dans la critique litteraire et dans l’image convenue que l’on se fait du poete des Tragiques. Si l’on a choisi de revenir une fois encore sur le sujet du prophetisme albineen, ce n’est pas uniquement dans l’optique de se debarrasser de la biographie prophetisante et d’ancrer la question dans le champ d’une strategie litteraire et d’une poetique; de nombreux commentateurs l’ont fait avec une grande pertinence. Il est indeniable qu’il subsiste ce que je serais tente d’appeler une facilite critique consistant a qualifier de prophetique le caractere vehement et affirmatif d’un message, qui s’inscrit, de surcroit, dans un engagement personnel dont temoigne la biographie de l’ecrivain. Le qualificatif permet l’economie d’une evaluation detaillee du discours dans la mesure ou le commentateur concede a l’auteur un investissement personnel total et quasi sacrificiel dans la defense de la verite et reconnait l’impact de son message. On percoit l’ambiguite du terme : il peut, dans son acception la plus noble, designer le porte-parole d’un message divin ou, dans un sens plus large et parfois pejoratif, temoigner de la reconnaissance de l’engagement d’un individu dans la cause a laquelle il croit.
Je voudrais ici tirer profit de la rencontre entre un auteur et un (ou des) modele(s) prophetique(s) pour etudier l’oeuvre d’Aubigne selon une double perspective, celle de la production et celle de la reception. La figure prophetique est construite par la mise en oeuvre de strategies qui relevent de la creation litteraire : l’imitation, l’ethos. Elle est egalement un effet de reception, le choix du lecteur d’accorder a l’auteur du discours, au prix d’un glissement subtil, le prestige qui revient au personnage discursif invente par ce meme discours. Cela revient a dire que le masque traduit, pour l’hermeneute, la facon dont l’auteur a voulu se representer. Bien plus, il peut refleter quelque chose de ce qu’est veritablement le producteur de l’oeuvre. Aubigne se represente en prophete, mais finalement, il a quelque chose du prophete. On verra combien, a la fois sur le versant de la creation et sur celui de la reception, l’hesitation et l’approximation qui affectent la denomination prophetique sont des donnees recurrentes dans l’oeuvre albineenne et dans sa lecture. En outre, il n’est pas imprudent d’affirmer que l’instance auctoriale (Agrippa d’Aubigne) et sa figuration en prophete s’eclairent mutuellement. Car Aubigne trouve dans le personnage oraculaire une facon de penser son activite d’enonciateur. Inversement, l’exegete trouvera dans les ecrits de l’ecrivain saintongeois l’occasion d’affiner sa comprehension des notions problematiques de prophetisme et de prophete.

CONSTRUCTION DU PROPHETE

Prophete : le terme est a coup sur galvaude, aujourd’hui comme autrefois, signe qu’il designe une realite qu’il est malaise de definir, un etre improbable, une fonction suspecte. Le meme mot peut aisement se rapporter a un devin homerique, de preference aveugle, comme Calchas, a un paysan rugissant de l’Ancien Testament, tel Amos, a l’initiateur d’une nouvelle doctrine (Luther par exemple), a un astrologue relativement competent dans son domaine comme l’etait Michel de Nostredame, ou encore a un personnage public suffisamment visionnaire pour que son projet audacieux se realise, de son vivant ou non (Henry Dunant, Jean Monnet, Steve Jobs, etc.).
Il faut le repeter, l’etiquette prophete est souvent une cheville lexicale servant a designer l’existence d’une certaine capacite chez une personne a etonner par son discours ou son action, sans oublier que cette designation comporte egalement un investissement affectif. La personne ainsi nommee detourne sur son etre le credit accorde a son propos, a moins que ce ne soit l’inverse.
Les etudes globales pour approcher le phenomene du prophetisme sont rares et souffrent en general de la dilution du propos qu’impose une analyse diachronique a cheval sur plusieurs religions et civilisations. Lorsqu’un ouvrage ne se contente pas de la simple recolte d’exempla, a la maniere du Thresor des propheties de l’univers de Guillaume Postel ou de l’Histoire de l’avenir de Georges Minois, les nombreux points de convergences que favorisent les divers exemples d’activites prophetiques au cours des ages suscitent l’emergence d’un leurre, a savoir la decouverte de l’essence du prophetisme. Or, le prophetisme, la prophetesse / le prophete, la prophetie sont des realites construites qui ne constituent en aucun cas une quelconque essence, mais qui, au contraire, sont le resultat d’un diagnostic porte sur une parole. Analyser un phenomene humain ou discursif comme prophetique releve d’un choix interpretatif signifiant, a savoir la volonte de traiter une parole ou une activite humaine selon la modalite de leur autorite.

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