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Aki Kaurismaki

Auteur : Aki Kaurismaki | Peter Von Bagh

Traducteur : Anne Colin du Terrail

Date de saisie : 14/10/2006

Genre : Cinema, Television

Editeur : Cahiers du cinema, Paris, France | Festival international de Locarno

Collection : Albums

Prix : 30.00 / 196.79 F

ISBN : 978-2-86642-452-7

GENCOD : 9782866424527

  • Les presentations des editeurs : 16/09/2008

Lorsqu’on a pour la premiere fois en France, dans les annees quatre-vingt, entendu parler de Kaurismaki, il y avait deux prenoms pour un nom. Aki et Mika son frere, tous deux cineastes finlandais, qui nous faisaient decouvrir a la fois un cinema inventif, une troupe d’acteurs, des paysages et des villes a partir de zero. Il y avait donc un cinema en Finlande et des cineastes cinephiles sur les traces de Robert Bresson, de Jean-Luc Godard ou encore d’un acteur fetiche de la Nouvelle Vague, Jean-Pierre Leaud.
Depuis, seize longs metrages plus tard, Aki Kaurismaki conquis une reputation mondiale d’auteur a part entiere. Il suit une voie tout a fait personnelle, aux confluents, comme le pays d’ou il vient, de cultures metissees, particulierement influence par la civilisation russe et son episode sovietique.
Son premier long metrage en 1983 est une adaptation de Crime et chatiment, en 1992 il adaptera dans un studio en region parisienne La Vie de Boheme, en 1989 Les Mains sales, et en 1999 le chef-d’oeuvre de la litterature finlandaise Juha. Il est lui-meme un ecrivain, meme s’il a choisi de s’exprimer par le cinema.
Il doit l’un de ses plus grands succes Leningrad cow-boys a un groupe de musiciens dejantes, coiffes d’immenses bananes et de bottes aux bouts hyper pointus, portant le meme nom, et qui mele les musiques traditionnelles au tango, a la country, au rock n’roll et a la musique de fanfare.
En 2002, L’Homme sans passe est selectionne au festival de Cannes, nomine aux Oscars a Hollywood et rencontre un grand succes public. En 2006, il revient en competition au festival de Cannes avec Les Lumieres du faubourg. Ces deux films portent la vision du monde selon Kaurismaki, de cette partie de l’Europe du Nord ou les etres humains cherchent a recoller les morceaux d’une identite eclatee par les guerres du xxe siecle et la nouvelle ere de la globalisation. Les langues se melangent, le chomage est partout, des reminiscences de cultures et d’expressions artistiques circulent, par la litterature ou les chansons, quand les hommes et les femmes se rencontrent, mais le mal est fait. Le sens de la vie est de se forger une morale personnelle qui respecte la nature et l’homme, puis de s’y tenir (A. Kaurismaki).
Le dialogue avec Peter von Bagh est une complicite de longue date, lorsqu’ils echangeaient leurs opinions cinephiles a la sortie de la cinematheque d’Helsinki, ou encore lorsqu’Aki Kaurismaki proposait ses articles a la revue que dirigeait Peter von Bagh. Desormais, dit ce dernier, c’est moi qui l’ecoute. Ces entretiens sont la manifestation la plus evidente que ces deux-la ont beaucoup a echanger, qu’ils se respectent et s’ecoutent dans des conversations intenses qui permettent au lecteur de penetrer dans l’univers cinematographique d’Aki Kaurismaki.
Depuis ses debuts Aki Kaurismaki travaille avec la meme equipe, dont une photographe de grand talent qui a suivi tous ses tournages, Marja-Leena Hukkanen, qui permet aujourd’hui d’illustrer ces entretiens de superbes photos de plateau et de tournage.

Peter von Bagh est un des meilleurs historiens de cinema. Il vit et travaille a Helsinki ou il anime une revue de cinema Filmihullu. Il a dirige la cinematheque finlandaise ou il a rencontre Aki Kaurismaki. Il a cree avec lui un festival de cinema au cercle polaire qui s’intitule le Festival du soleil de minuit et se deroule tous les ans en juin quand le jour dure 24 heures. Il est egalement le directeur artistique du festival de Bologne. Il est l’auteur d’une trentaine de livres sur le cinema et notamment d’une histoire du cinema mondial. Il realise regulierement des films, des documentaires pour la television et des emissions radiophoniques.

  • Les courts extraits de livres : 16/09/2008

JE SUIS NE, MAIS…

PVB. Commencons par le commencement, nom et date de naissance.
AK. Kaurismaki, Aki Olavi, 4 avril 1957, mais…

PVB. Le premier film que tu aies vu ?
AK. Un Tarzan, au cinema d’Orimattila en 1961, comme toute ma classe d’age, sauf quelques collegues pour qui c’a ete Citizen Kane (Orson Welles, 1941) ou La Charge heroique (John Ford, 1949), selon les jours, les interlocuteurs et les stimulants. Je ne me rappelle pas le titre, mais je suis sur qu’il y avait Johnny Weissmuller dans le role principal. J’ai toujours prefere le haut du panier, en plus nous nous ressemblions, a l’epoque, impossible de me tromper, meme expres.

PVB. Quel souvenir gardes-tu de cette epoque ?
AK. C’est assez rare que tu t’interesses aux souvenirs d’enfance, ils n’ont aucun potentiel commercial, surtout en ce qui concerne le debut des annees 1960, quand l’industrie du jouet etait encore balbutiante en Finlande. Serait-ce du au fait que ton pere etait medecin ? Je n’ai aucun souvenir de ma naissance, mais, d’apres les temoins de l’epoque, ca s’est passe a Hyvinkaa. De la, on m’a bien vite porte dans un couffin a Orimattila, ou j’ai vecu heureux pendant ma petite enfance, a chiper des gousses de pois dans le champ du voisin. Le soleil brillait tout le temps, y compris la nuit.

PVB. Tu as montre quelque chose de cette epoque, plus tard, dans Tatiana… Comme un paysage d’enfance agrandi.
AK. Les images de Tatiana viennent plutot de Lahti, ou j’ai vecu heureux le reste de mon enfance, et de Toijala, ou la souffrance a commence a me marquer de son sceau. A la campagne, dans le milieu des annees soixante, la jeunesse etait divisee en rockers, ou blousons noirs, et hippies amateurs de pop. Les rockers portaient des pantalons taille basse, elargis en pattes d’eph par des triangles elastiques de la taille de leurs santiags. Les hippies, de leur cote, etaient des lavettes qui ecoutaient les Beatles et les Hollies et avaient peur des blousons noirs qui, pour passer le temps, leur flanquaient des raclees, mais pas tres mechamment. A l’epoque, quelqu’un qui aurait donne un coup de pied a un adversaire a terre se serait fait lyncher.