Auteur : Remi Gantes | Jean-Pierre Quignard
Date de saisie : 01/03/2008
Genre : Nature, Animaux
Editeur : Belin, Paris, France
Collection : Regards
Prix : 17.00 / 111.51 F
ISBN : 978-2-7011-4549-5
GENCOD : 9782701145495
Sorti le : 20/02/2008
- Les presentations des editeurs : 02/03/2008
La nature nous offre parfois le spectacle de couples etonnants. Ainsi le plongeur pourra-t-il croiser une frele crevette bariolee nettoyant tranquillement la gueule terrifiante d’une rascasse ou un petit poisson gardant fidelement le terrier d’un crustace malvoyant. Et le promeneur verra-t-il des fourmis s’enivrer des ethers produits par certains coleopteres ! Ou encore, un oiseau guider a grands cris une sorte de gros putois vers un nid d’abeilles dont les deux comperes vont se partager le miel.
De nombreux animaux, appartenant pourtant a des especes fort dissemblables, se rendent ainsi des services mutuels et souvent tellement vitaux que les partenaires ne peuvent subsister l’un sans l’autre. Ce livre decrit leurs relations etranges, fascinantes, parfois meme emouvantes. Un fabuleux voyage avec les couples les plus insolites de la nature.
Remi Gantes est journaliste. Naturaliste passionne il a, de longues annees durant, parcouru la planete en tous sens a l’affut des tresors du monde vivant.
Jean-Pierre Quignard est professeur a l’universite de Montpellier.
- Les courts extraits de livres : 02/03/2008
Extrait de l’introduction :
Les alliances au fil du temps de la biologie
L’ethologie (du grec ethos, les moeurs et logos, le discours) est la science qui etudie le comportement des animaux. C’est le naturaliste francais Isidore Geoffroy Saint-Hilaire (1805-1861) qui, en 1854, introduisit dans le langage scientifique le mot ethologie avec son acception moderne. Auparavant, le dictionnaire de l’Academie francaise en donnait la definition suivante : Description du caractere d’apres les mimiques et les gestes. De fait, depuis fort longtemps, les naturalistes zoologistes, d’Aristote (384-322 av. J.-C.) a Buffon (1707-1788) en passant par Pline (23-79 ap. J.-C.) faisaient, tel Monsieur Jourdain, de l’ethologie sans le savoir. Ces savants etaient le plus souvent des scientifiques de cabinet. Les informations qu’ils utilisaient en vue de la redaction de leurs ouvrages avaient ete collectees par des correspondants voyageant dans les terres lointaines et, l’imagination aidant, ils n’hesitaient pas a embellir leurs recits de traits comportementaux exageres et tres anthropocentriques. Nous avons tous lu avec delice l’histoire merveilleuse des gentils dauphins qui viennent aider les pecheurs ou les descriptions du mechant tigre et du noble lion de Buffon.
La perception du comportement animal changea lorsque les naturalistes devinrent hommes de terrain. Pour faire court, nous dirons que le tournant fut negocie au siecle de Charles Darwin (1809-1882) et d’Alfred Russel Wallace (1823-1913). Rappelons que c’est a cette epoque que la biologie, mot invente par Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829), a commence a etre reconnue et qu’une certaine biologie comportementale a fait ses premiers pas. Mais l’ethologie n’etait alors pas encore une discipline a part entiere, comme l’ont montre J. Spark (1982), L. Bodson (1993) J.-L. Renck et V. Servais (2002) dans leurs travaux concernant l’historique des approches comportementalistes. Malgre tout, un pas avait ete franchi, le travail de terrain primait sur les elucubrations de cabinet, les naturalistes vivaient avec l’animal ! Au cours du XIXe siecle, on vit fleurir un nombre impressionnant de naturalistes ethologues de terrain, tous plus pertinents les uns que les autres pour ce qui relevait des observations. Ces travaux etaient le fait de gens eclaires : instituteurs, professeurs, medecins, marins, etc. L’engouement a ete soutenu par la resurrection et la creation de Societes savantes, locales ou nationales, ainsi que de laboratoires souvent nommes Station de biologie marine/terrestre.
Le maitre en la matiere fut Jean-Henri Fabre (1823-1915), savant observateur de terrain et ecrivain de talent, non-universitaire mais docteur d’Etat en 1855, que J.-L. Renck et V. Servais qualifient avec elegance d’Homere des insectes. J.-H. Fabre, dont l’approche experimentale des comportements etait novatrice, a ete raille par nombre de ses compatriotes. H fut toutefois soutenu par quelques savants, dont les Anglais J. S. Miller (1823-1915), C. Darwin, puis, plus tard, dans la seconde moitie du XXe siecle, par le professeur P.-P. Grasse (1895-1985) qui, d’apres Y. Delange (1989), se plaisait a dire et a ecrire que Reaumur et Fabre Jurent les fondateurs de la science ethologique. Les fondateurs aujourd’hui incontestes de l’ethologie sont l’Anglais Douglas Alexander Spalding (1840-1877) et le celebre Autrichien Konrad Lorenz (1903-1989). Rappelons que ce dernier s’est vu decerner en 1973, conjointement avec son compatriote Karl von Frisch et le Neerlandais Nicolaas Tinbergen, le prix Nobel de medecine et physiologie… La reconnaissance du bien-fonde de l’ethologie a ete longue a venir !
Revenons quelque peu en arriere. Si J.-H. Fabre fut, pendant un certain temps, considere comme un savant de second rang, il en fut de meme de ses collaborateurs et successeurs, tous ranges par la majorite de leurs collegues scientifiques dans la classe des professeurs du type le sous-prefet au champ. Les celebres meditations de von Frisch, au milieu des fleurs dans son village de Brunnwinkl, et les sempiternelles discussions de certains ethologues des annees 1920 sur la surdite des poissons y sont certainement pour quelque chose. Cela n’a pourtant pas empeche, comme le soulignent Etienne Danchin et ses collaborateurs, l’ethologie de connaitre une phase d’apogee entre 1935 et 1975.