
Auteur : Bernard-Henri Levy
Date de saisie : 00/00/0000
Genre : Documents Essais d’actualite
Editeur : Grasset, Paris, France
Prix : 20.90 / 137.10 F
ISBN : 978-2-246-68391-9
GENCOD : 9782246683919
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Depuis la deuxieme guerre d’Irak, et meme bien avant, les Etats-Unis occupent, dans l’imaginaire mondial, une place symbolique qui depasse largement les notions de puissance, de politique, de geographie. L’Amerique, en verite, est devenue un concept, une region de l’ame, une matrice de passions et de phobies dont le deploiement contradictoire n’en finit pas d’infuser nos propres debats. C’est, precisement, cette realite diverse que Bernard-Henri Levy a voulu cerner, observer, penser, dans ce livre ou le reportage se mele a la reflexion, et ou le pittoresque emprunte a la philosophie de l’histoire.
A l’origine, ce livre est ne d’une commande de l’influent magazine Atlantic Monthly : demander a un intellectuel francais de visiter l’Amerique et de donner sens a ce pays-continent en refaisant le fameux voyage qu’Alexis Tocqueville avait entrepris au debut du XIXe siecle, a partir duquel il avait ecrit son desormais classique De la democratie en Amerique. Pendant une annee, B.-H. Levy a ainsi sillonne les Etats-Unis. Plus de vingt mille kilometres d est eh ouest et du nord au sud, la plupart du temps par la route : de Rikers Island a Chicago, des communautes islamiques de Detroit a une enclave Amish de l’Iowa, l’auteur interroge la nature du patriotisme americain, la coexistence de la liberte et de la religion, le systeme penitentiaire, la tyrannie de la majorite, le retour en force de l’ideologie…
B.-H.L. a rencontre les visages varies de l’Amerique : les illustres, les anonymes, ceux du desert ou des megalopoles. De Sharon Stone a une veuve de mineur du Wisconsin, d’un milliardaire philanthrope a Norman Mailer, de Woody Allen a un homeless de Californie, de Hillary Clinton a un contestataire turbulent, de Barack Ohama, la star montante du parti democrate, a la pensionnaire d’un bordel du Nevada, il ecrit la comedie humaine de ce pays-continent. D’ou la vitalite prodigieuse de ce reportage qu’on devore, page apres page, avec un enthousiasme qui ne se dement jamais. Un oeil de romancier, et une profondeur de penseur.
Les conclusions de ce voyage ? B.-H.L. les tire en chemin, et elles sont souvent contradictoires. A l’heure ou la democratie en Amerique est de plus en plus contestee, ce livre atteste, au contraire, de sa prodigieuse vitalite. A cet egard, l’epilogue substantiel de ce livre permet au philosophe de reprendre le pas sur le journaliste et le final de cet ouvrage conduit son lecteur au coeur des grands debats – des theses de Fukuyama ou Huntington aux arrieres-pensees des neo-conservateurs – dont la complexite, bien souvent, gouverne le destin du monde.
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Ou va l’Amerique ? Vers le destin imperialiste que lui predisent ceux qui la haissent ? Vers l’horizon democratique qu’elle incarne aux yeux de ses amis ? Devant ce pays colossal et blesse, contradictoire et proteiforme, devant ce pays-concept dont les emblemes, nobles ou infamants, tournent a n’en pas finir sur le manege mediatique mondial, chacun est pris de vertige. Pour explorer ce vertige, Bernard-Henri Levy a parcouru plus de 20 000 km pendant presque une annee. Du Nord au Sud. De l’Atlantique au Pacifique. De la prison de Rikers Island a la douce Savannah. D’une ville arabe pres de Detroit aux communautes juives de Brooklyn. De La Nouvelle-Orleans avant et apres Katrina aux deserts de l’Arizona. Des banlieues pauvres de Los Angeles a Guantanamo ou aux nouvelles grandes eglises evangeliques. La, dans ce chaos de perceptions, au fil de ce recit qui se lance sur les traces de Tocqueville mais ou l’on croise tres vite un vieux Sudiste blanc antiraciste et une fille de mineur du Wisconsin, un milliardaire philanthrope et Norman Mailer, Woody Allen, Hillary Clinton, Sharon Stone, un chef indien antisemite, une prostituee du Nevada, tant d’autres, c’est toute la comedie humaine d’un peuple en proie au doute et au messianisme qui se deploie sous nos yeux. Avec, au bout de l’enquete, une reflexion sur les modeles republicains compares de la France et des Etats-Unis, la nature de leur patriotisme respectif, les formes inedites qu’y prennent les tyrannies de la majorite et des minorites, leur rapport a la religion, la politique, l’ideologie. American Vertigo ? Un livre-enquete mobile et chaleureux. Un reportage conceptuel et un “road book” sensuel, cerebral, drole, veridique. La perspicacite du philosophe. L’oeil et le style du romancier.
- La revue de presse Sylvie Kauffmann – Le Monde du 10 mars 2006
… Lire ce dernier livre comme si c’etait le premier d’un intellectuel francais parti a la decouverte de l’Amerique, tel Tocqueville il y a un peu plus de cent soixante-dix ans.
Et s’en tenir a cette ligne. American Vertigo est alors non pas une enquete, mais une quete, passionnee et insatisfaite, de l’identite americaine et des ressorts d’une nation qui n’a jamais cesse de nous fasciner. Que va chercher, au fond, a part la notoriete, l’auteur de La Barbarie a visage humain en Amerique ? Trois questions le taraudent, au moment du depart : l’anti-americanisme est-il justifie ? L’idee d’un Occident rassemblant l’Europe et l’Amerique du Nord conserve-t-elle un sens ? Ou en est la democratie ? Ou, formulees autrement : “l’Amerique serait-elle a un tournant de son histoire ? Qu’est-il arrive au reve fou ?” Questions importantes et legitimes.
Pour trouver la reponse, Bernard-Henri Levy ne menage pas sa peine. Voyageur de luxe, sans doute, mais voyageur quand meme, il devore 20 000 km en neuf mois, rencontre, observe, dine (beaucoup), visite, lit, parle, questionne, ecoute, s’etonne. Il y a, dans ce journal de bord, quelques moments forts…
Souvent, dans son recit, Bernard-Henri Levy met le doigt sur de vraies questions, mais passe son chemin avant d’avoir trouve la reponse. “C’est etrange, cette obsession du drapeau, observe-t-il. Peut-etre le patriotisme americain est-il plus complexe, plus douloureux qu’il n’y parait ?” On se contentera du point d’interrogation : l’etape suivante l’appelle. A Atlanta, il apercoit la classe moyenne noire, mais ne va pas non plus a sa rencontre. C’est dommage. Au debut de son voyage, l’auteur indique avoir “parcouru les premieres pages” d’un livre que le sociologue Alan Wolfe lui a donne la veille a Boston. Ce livre, One Nation, After All, remarquable travail d’Alan Wolfe sur les classes moyennes americaines, peut-etre BHL aurait-il du le lire jusqu’au bout ?…
Bernard-Henri Levy s’attarde longuement sur les neoconservateurs, stigmatises par “l’epaisse ignorance de l’anti-americanisme europeen”, qui, finalement, le decoivent, mais auxquels il rend grace d’avoir remis des idees, voire de l’ideologie, dans le debat americain et d’avoir reinjecte la valeur democratie dans la politique etrangere…
L’ecrivain garde neanmoins confiance dans la prodigieuse capacite de l’Amerique a se reinventer…
- La revue de presse Daniel Rondeau – L’Express du 2 mars 2006
Alexis de Tocqueville et son compagnon Gustave de Beaumont ont debarque a Newport, en mai 1831, pour parcourir la seule grande republique de leur temps. Un siecle et demi plus tard, Bernard-Henri Levy a mis ses pas dans leurs pas pour un voyage de 20 000 kilometres a travers les Etats-Unis. Le but du periple de Tocqueville, rapporte son biographe Andre Jardin, etait l’observation directe d’une societe de type nouveau et des forces qui la liaient ou la faisaient mouvoir.
Le propos de Levy est plus modeste, meme s’il est parti avec une valise pleine de grandes questions eternelles. Il se debarrasse d’ailleurs de Tocqueville d’une facon aussi desinvolte que sincere des ses premieres pages, les plus brillantes de son American Vertigo. Disons que Levy est alle voir ce qui se passait de l’autre cote de l’Atlantique. Il a tente d’exprimer ce qu’il avait compris de ce pays et de son temps… C’est la route qui fait le livre, lance Levy a l’oree de son vertige americain. C’est vrai. Il oublie que la lecture est un voyage a rebours et que, dans ce voyage, ce sont les mots qui font le chemin.
- La revue de presse Marianne Wiggins – Los Angeles Times, traduit dans le n796 de Courrier International
Kevin Starr, incontestablement le meilleur guide de notre pays, lui fait visiter les monuments d’Olvera Street, “des endroits sans vie”, ecrit M. Levy. “C’est un quartier fige dans le temps.”
C’est peut-etre vrai. Mais s’attendait-il vraiment a en savoir plus sur Los Angeles, sur ses peines, ses joies et ses delices en visitant ce piege a touristes ? Il a beau vouer une admiration sans bornes a notre pays et ecrire avec enthousiasme sur l’Amerique, ses choix concernant les lieux a visiter et les personnes a rencontrer manquent cruellement de discernement. Apres avoir fui Olvera Street, il court interviewer Cynthia Stamper Graff, la directrice de la clinique Lindora, specialisee dans les problemes de poids, qui est, selon lui, “l’un des etablissements de pointe dans ce combat sanglant contre l’obesite”. Cette visite eclair inspire a M. Levy une conclusion tres profonde : les Americains ne sont pas plus obeses que les Europeens, mais l’industrie des regimes est trop lucrative pour les laisser nager tranquillement dans leur graisse. Pourquoi cette meditation sur la minceur coincide-t-elle avec sa visite a Los Angeles ? Peut-etre parce qu’il acheve sa visite en discutant politique avec Sharon Stone. La ville de Cleveland a droit a une page dans l’ouvrage du philosophe, BHL en gratifie Sharon Stone de trois.
La methode de travail de Bernard-Henri Levy consiste a faire jouer a des celebrites le role d’oracle local. Jim Harrison pour le Montana, Charlie Rose pour la Caroline du Nord, Sharon Stone pour Los Angeles. Parsemer un article de noms de celebrites rend sa lecture plus aisee et plus agreable, le probleme, c’est qu’ AmericanVertigo aurait pu s’appeler “Celebrites en Amerique” ou “Dans l’intimite des stars”.
Apres les articles publies dans The Atlantic Monthly, on a droit, dans cette nouvelle edition, a une postface fastidieuse ou Bernard-Henri Levy essaie de sauver sa reputation de penseur, mais n’allez pas croire que cette epoque cruciale ou la majorite blanche – et son pouvoir pour imposer son diktat – est en train de se reduire de facon draconienne lui inspire la moindre conclusion originale. Peu lui importe qu’en Amerique, comme dans les banlieues francaises, majoritairement arabes et musulmanes, la majorite blanche doive affronter de nouvelles realites celles d’une population de couleur en plein essor et determinee a reclamer sa part du gateau. Le livre de M. Levy aurait pourtant pu etre l’occasion d’aborder ce sujet et d’y apporter un eclairage nouveau. Vive Monsieur de Tocqueville !…