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Ana ou La fille heron

Auteur : Marie-Christine Sato

Date de saisie : 29/11/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Ed. Elyzad, Tunis, Tunisie

Prix : 13.50 / 88.55 F

ISBN : 978-9973-58-009-2

GENCOD : 9789973580092

Sorti le : 07/11/2007

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Au sortir d’un spectacle de theatre Kabuki donne a Paris, une grande actrice francaise se sent interpellee dans son art et en vient a reinterroger la beaute, son metier et son jeu de femme. Elle ose un voyage au Japon pour trouver une reponse. Voyage qui, telle une piece de theatre, basculera vers une rencontre amoureuse puis un face a face avec un onnagata celebre.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Kabuki mascarade… le CD tomba net et resta la, aux pieds d’Ana. Elle aurait pu tendre la main, attenuer la chute d’un leger mouvement de jambe, mais, un collant noir de plus a jeter. A voyage to… Japan, se brisa sur les lames en bois du parquet vitrifie, entre tapis persan et fenetre a double vitrage. Dehors, la ville attendait.
Vingt fois deja qu’elle remettait Kabuki mascarade, delaissant la lecture en continu, elle voulait le doigt rageur qui appuie sur un bouton, hesite et finit par ceder. Une voix, une fraction de seconde, entre le son du shamisen et l’arrangement sur ordinateur. De quoi, de qui parlait-elle ? Et ces deux-la, hier, au theatre, le meme agacement, la pensee qui cherche et ne trouve pas. L’emotion sur la defensive et les mots qui ne savent plus dire. Elle se coupa legerement en pressant le plus petit des morceaux en plastique. Ces lignes sur le visage d’un des acteurs… kumadori. Elle avait relu plusieurs fois l’explication sur le fascicule donne a l’entree de la representation, puis au soir quand elle s’etait enfin retrouvee seule, elle avait ferme les yeux sur tous les signes de sa memoire, se blessant beaucoup, riant parfois d’un eclat de bonheur trop aigu. Rouges ? Elle dessina sur son visage ce qui lui semblait etre ses kumadori a elle. Le rouge au bout de son doigt se coula dans l’ebauche tout juste recente des rides. Son front, echappant encore a l’age, se blottit contre le double vitrage de la fenetre ; elle pouvait sentir la buee de l’autre cote, la ou s’ecrasaient tant de pensees inconnues, clochards se muant en papillons de nuit, se brulant a des feux imaginaires.
Elle eut froid tout d’un coup, poinconna de souhaits si pudiques la vitre, que dehors, le froid hesita, laissa couler les premiers rayons de soleil. Paris s’ebrouait. Dans la lumiere naissante, Jakuemon Nakamura IV et Tomijuro Nakamura V s’aimaient, depuis quarante ans ils s’aimaient, et le Japon n’y avait rien trouve a redire. Comment aurait-elle ose, elle, se moquer ?
L’age peut-etre ? Les rides qui plissaient le sexe plus surement que le sourire, et le desir effraye d’etre reste jeune, lui, et se taisant. Impudique. Risible peut-etre, en cascade le rire et les gouttelettes d’eau qui crevent le ciel. Retombent, en pluie.
Delavent le blanc des visages. Nulle coulee de rouge d’ailleurs sur le visage de Jakuemon Nakamura IV et Tomijuro Nakamura V dansant l’amour. C’est elle qui avait surimprime les kumadori de crainte de laisser echapper cette couleur et sa memoire, malhabile en face d’un monde etranger, laissait faire.