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Aristote au Mont-Saint-Michel : les racines grecques de l’Europe chretienne

Auteur : Sylvain Gouguenheim

Date de saisie : 17/04/2008

Genre : Histoire

Editeur : Seuil, Paris, France

Collection : L’Univers historique

Prix : 21.00 / 137.75 F

ISBN : 978-2-02-096541-5

GENCOD : 9782020965415

Sorti le : 06/03/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

On considere generalement que l’Occident a decouvert le savoir grec au Moyen Age, grace aux traductions arabes. Sylvain Gouguenheim bat en breche une telle idee en montrant que l’Europe a toujours maintenu ses contacts avec le monde grec. Le Mont-Saint-Michel, notamment, constitue le centre d’un actif travail de traduction des textes d’Aristote en particulier, des le XIIe siecle.
On decouvre dans le meme temps que, de l’autre cote de la Mediterranee, l’hellenisation du monde islamique, plus limitee que ce que l’on croit, fut surtout le fait des Arabes chretiens. Meme le domaine de la philosophie islamique (Avicenne, Averroes) resta en partie etranger a l’esprit grec.
Ainsi, il apparait que l’hellenisation de l’Europe chretienne fut avant tout le fruit de la volonte des Europeens eux-memes. Si le terme de racines a un sens pour les civilisations, les racines du monde europeen sont donc grecques, celles du monde islamique ne le sont pas.

SYLVAIN GOUGUENHEIM
Professeur d’histoire medievale a l’ENS de Lyon, Sylvain Gouguenheim travaille actuellement sur l’histoire des croisades. Il a recemment publie Les Chevaliers teutoniques (Tallandier, 2008).

  • La revue de presse Stephane Boiron – Le Figaro du 17 avril 2008

Contredisant la these d’un islam des Lumieres, Sylvain Gouguenheim montre que le savoir grec antique n’a jamais disparu d’Europe et que les Arabes qui traduisirent ces textes n’etaient pas des musulmans…
Felicitons M. Gouguenheim de n’avoir pas craint de rappeler qu’il y eut bien un creuset chretien medieval, fruit des heritages d’Athenes et de Jerusalem.

  • La revue de presse Roger-Pol Droit – Le Monde du 4 avril 2008

Etonnante rectification des prejuges de l’heure, ce travail de Sylvain Gouguenheim va susciter debats et polemiques. Son theme : la filiation culturelle monde occidental-monde musulman. Sur ce sujet, les enjeux ideologiques et politiques pesent lourd. Or cet universitaire des plus serieux, professeur d’histoire medievale a l’Ecole normale superieure de Lyon, met a mal une serie de convictions devenues dominantes. Ces dernieres decennies, en suivant notamment Alain de Libera ou Mohammed Arkoun, Edward Said ou le Conseil de l’Europe, on aurait fait fausse route sur la part de l’islam dans l’histoire de la culture europeenne…
Il conviendrait meme, si l’on suit ce livre, de reviser plus encore nos jugements. Au lieu de croire le savoir philosophique europeen tout entier dependant des intermediaires arabes, on devrait se rappeler le role capital des traducteurs du Mont-Saint-Michel. Ils ont fait passer presque tout Aristote directement du grec au latin, plusieurs decennies avant qu’a Tolede on ne traduise les memes oeuvres en partant de leur version arabe. Au lieu de rever que le monde islamique du Moyen Age, ouvert et genereux, vint offrir a l’Europe languissante et sombre les moyens de son expansion, il faudrait encore se souvenir que l’Occident n’a pas recu ces savoirs en cadeau. Il est alle les chercher, parce qu’ils completaient les textes qu’il detenait deja. Et lui seul en a fait l’usage scientifique et politique que l’on connait.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

Extrait de l’avant-propos :

Dark Ages…

Les ages sombres du Moyen Age sont de retour. L’histoire culturelle de l’Europe, pourtant eclairee depuis plusieurs decennies par les travaux de nombreux medievistes, fait l’objet d’une revision. S’impose desormais l’image biaisee d’une chretiente a la traine d’un Islam des Lumieres, auquel elle devrait son essor, grace a la transmission d’un savoir grec dont l’epoque medievale avait perdu les cles. On parle d’un heritage oublie, dont il faudrait rendre conscients les Europeens.
La these n’aurait en soi rien de scandaleux, si elle etait vraie. Il reste qu’elle repose sur un certain nombre de raccourcis ou d’approximations, et qu’elle fait l’economie d’une serie d’elements historiques pourtant bien etablis. Elle releve ainsi, malgre les apparences, plus du parti pris ideologique que de l’analyse scientifique. On oublie en effet la permanence de l’attrait pour la Grece antique au cours des premiers siecles du Moyen Age, ainsi que les composantes culturelles grecques de la religion chretienne. On oublie aussi que la Grece survivait en partie au sein de la vaste construction politique et civilisationnelle qu’etait l’Empire byzantin, empire que l’on evacue de l’histoire europeenne. De la sorte, on laisse sous silence les echanges culturels, la circulation des manuscrits et des lettres entre Byzance et l’Occident, ainsi que le role des traducteurs du grec en latin, authentiques passeurs de savoir. Au coeur de ces divers processus se situe l’oeuvre immense realisee au debut du XIIe siecle par Jacques de Venise et les moines du Mont-Saint-Michel, encore trop ignoree – ou occultee. Egalement absents de nombreux livres ou publications, les chretiens d’Orient, les savants nestoriens, qui, par un immense et seculaire effort de traduction du grec au syriaque puis du syriaque en arabe, conserverent le savoir grec, pour finir par le transmettre a leurs conquerants musulmans.
En somme, l’histoire du developpement culturel de l’Europe medievale, et en particulier de sa reappropriation du savoir grec, histoire dense et complexe, n’obeit pas au schema trop simple et trop lineaire qui tend de nos jours a s’imposer. C’est donc a une tentative de reequilibrage scientifique d’une vision unilaterale et orientee que je me suis ici attele, en voulant donner a un public aussi large que possible, en depit de leurs aspects techniques ou erudits, des elements d’information et de comparaison issus des travaux de specialiste, souvent peu mediatises. Mon intention n’est pas polemique, sauf a considerer comme tel le souci de refuter des discours faux.