
Auteur : Maurice G. Dantec
Date de saisie : 22/08/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Albin Michel, Paris, France
Collection : Romans francais
Prix : 23.00 / 150.87 F
ISBN : 978-2-226-17975-3
GENCOD : 9782226179753
Sorti le : 22/08/2007
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Le courrier des auteurs : 26/09/2007
… Comme vous le savez tous et toutes, nous sommes en pleine rentree litteraire. Donc un ecrivain, j’allais dire, est un peu dans l’obligation de faire son service apres-vente comme je dis. Et parmi les univers qu’il est, dans ce cas precis, oblige de cotoyer – oblige, oui, oblige de cotoyer -, bon, il y a les medias, evidemment : tele, radio, presse ; et puis, il y a quand meme, j’allais dire, l’infanterie d’une certaine maniere des livres, que sont les libraires. Je ne sais pas quels sont les rapports qu’entretiennent les autres auteurs avec les libraires. Moi, j’ai un rapport, j’allais dire assez schizoide, pour changer, a savoir que, de toute facon, je ne peux pas entrer dans une librairie sans ressortir avec moins un bouquin. C’est de l’ordre meme peut-etre de la maladie, si vous voulez. La, par exemple, je peux vous en parler tres precisement. Je sors de La Procure, rue Saint-Sulpice, dans le coin la, a Paris. Je m’etais dit : je vais aller un petit coup d’oeil, comme je fais tout le temps. Et evidemment, je suis ressorti avec une dizaine de livres de Patrice Stick, Maxime le Confesseur, Nicolas de Cues, etc. Et alors, effectivement, on peut se poser la question : est-ce que la librairie, en y incorporant – c’est le cas de le dire – les humains qui y travaillent, est un espace disons reserve aux grandes operations marketing, a ce qu’on appelle les grands auteurs, ou est-ce que c’est une sorte de vaisseau spatial qui traverserait le temps et l’espace et nous permettrait a chacun, et selon nos desirs et nos besoins, d’etablir des connexions parfois pas evidentes, qui peuvent etre secretes d’une certaine maniere, ou qu’on n’a pas encore saisies avant justement de tomber sur deux livres places cote a cote ou places pas loin l’un de l’autre et qui soudainement, se mettent a raisonner entre eux. Moi, je pense a priori qu’une librairie, en fait, c’est un peu les deux, comme le monde d’aujourd’hui. Tout ca est extremement dedouble, c’est-a-dire qu’effectivement, il faut bien l’admettre, le metier de libraire aujourd’hui est, je pense, un metier marchand, il faut vendre des livres. On sait quels sont les livres qui se vendent, on sait a peu pres a quelle epoque ils se vendent, dans quelles conditions il se vendent, et ils se vantent meme parfois… Et puis, vous avez, j’allais dire, la Sainte-Barbe, la ou s’accumule la poudre. Et c’est generalement la que vous allez tomber sur un auteur que vous ne connaissiez pas, ou sur un genre de livre que vous n’aviez pas encore approche, ou une collection qui, pour une raison ou pour une autre, vous semblait rebarbative ; puis, un evenement quelconque qui s’est produit dans votre vie avant, ou qui peut meme se produire sur l’instant dans la librairie, va vous faire vous approcher de ca. La, si vous voulez, c’est comme pour tout le reste, c’est-a-dire que c’est un moment qui echappe au processus marchand, qui est necessaire a la survie de l’entreprise, chose que je comprends totalement, il faut bien vendre quelques Paulo Coelho pour, j’imagine, arriver a faire des bilans positifs. Et puis, malgre tout, je pense, parfois, un humain, un lecteur, quelqu’un, va s’aventurer, comme on dit chez nous, hors de la traque, hors de la piste, et va tomber sur quelque chose qui va lui reveler la litterature telle qu’il ne l’avait jamais encore connue. Et pour moi, la librairie, c’est ca. Encore une fois, je remercie tous les auditeurs d’avoir bien voulu preter l’oreille a mes divagations. Ensuite, je dirai qu’en cette journee anniversaire de la date qui, je pense, ouvre le XXIe siecle, il ne s’agit pas d’aller dans le commemoratif ; il s’agit plutot de faire un effort pour affronter le reel. Il est temps d’arreter de dedaigner le reel. Parce que bizarrement il y a quelque chose dans la litterature qui a ete fausse, je pense en particulier ces dernieres annees : c’est qu’on pense que la litterature dite realiste est celle qui nous donne le mieux a voir et a comprendre le reel. Or, le reel est un mystere, par definition. Donc, si le reel est un mystere, il n’y a que la litterature d’imagination poussee a ses limites qui est capable d’en rendre compte. Et c’est ca que j’aimerais eventuellement que les auditeurs de votre emission pensent aujourd’hui, c’est-a-dire que les gens qui sont susceptibles de rendre compte d’un evenement, c’est-a-dire d’une brisure ultime a l’interieur du monde, que cet evenement s’appelle 11 septembre 2001, ou qu’il s’appelle Auschwitz, ou qu’il s’appelle Hiroshima, doivent comprendre que le reel s’impose comme ca, comme un mystere qui fait craquer le monde ; parce que Hiroshima est un mystere, parce que Auschwitz est un mystere, et meme les attentats du 11 septembre sont un mystere, non pas dans le sens d’un complot, d’une theorie de la conspiration a deux euros cinquante, mais dans le sens ou le reel avance toujours masque par ce qu’on appelle la realite, ce qu’on en voit. Mais pour penetrer le reel, il faut que votre cerveau soit libre de toute attache, qu’il soit capable de rentrer dans les tours et de les affronter par exemple. En disant ca, je me rends compte que je deblaie peut-etre d’un geste sans doute peremptoire toutes ces, j’allais dire, polemiques bidons qui ont l’air de courir dans Paris au sujet de quelques livres, concernant la legitimite de l’auteur d’ecrire des livres sur des sujets qu’il n’aurait pas vecus. Je pense, en particulier, a des morts d’enfants, a des choses comme ca. Precisement, le seul moyen de parler peut-etre de la mort d’un enfant, c’est precisement de passer par l’imagination. Il n’y a que l’imagination qui peut vous faire penetrer dans le domaine de l’horreur, comme dans le domaine de la redemption ou de l’esperance.
- Le journal sonore des livres : Lu par Maurice G.Dantec – 13/09/2007
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Maurice G.Dantec – 13/09/2007
- Les presentations des editeurs : 31/08/2007
Deux tours americaines fracassees par le ciel.
Une mysterieuse valise violette dans les mains d’un homme libre.
Un tueur impitoyable pretendant etre le frere du Diable diffuse en direct ses propres crimes sous les yeux du monde entier.
- Les courts extraits de livres : 31/08/2007
La Tour
C’est ce matin-la que je suis ne. Ce matin-la, a 8 h 46 et 40 secondes tres exactement. C’est aussi l’instant ou je suis mort.
Il faut reconnaitre que c’etait une matinee magnifique, la matinee faite sur mesure pour cette parturition qui suivrait l’arret de mes fonctions vitales. Car j’allais naitre, et pour cela je devais mourir. Voila pourquoi je m’etais rendu ici, dans cet endroit unique au monde : pour devenir une derniere fois ce que j’etais.
J’allais devenir humain, le temps de m’effacer de l’existence humaine. J’allais naitre, j’allais naitre pour mourir enfin et quitter le monde des hommes. J’allais venir au monde pour mieux pouvoir en partir.
Ce n’etait pas une raison franchement pire qu’une autre.
Le processus etait pour moi devenu une simple habitude. Pour renaitre, je devais mourir. Pour pouvoir mourir, je devais renaitre. C’est de ce paradoxe que je suis fait, il est ma nature, il est ma conscience, il est ma vie. Il est ce qui se tient au-dela meme de ma vie. Il est vrai que je suis un peu plus qu’un etre humain, je viens de bien plus loin, mes destinations comme mes origines ne vous sont pas connues.
J’avais tout prepare avec une tres grande precision depuis le jour ou j’avais appris que les Temps s’en venaient, j’avais tout prevu, tout planifie, de mon premier acte postnatal au dernier geste ante mortem. J’avais tout prevu, tout planifie, car je savais tout. Tout ce qui allait se produire, ici, sur le lieu de ma naissance. Sur le lieu ou ma mort prendrait son sens, au-dela d’elle-meme.
J’avais tout prevu, tout planifie. Car il etait temps de partir, le message avait ete clair. Et on obeit forcement aux messages, ils sont la pour ca. Pour qu’on leur obeisse. C’est leur role, dans notre corporation. Il fallait donc que je parte. Que je quitte le monde humain. Mission accomplie, observation de l’experience terminee. Quelques annees de repit avant le grand depart, au maximum, de quoi mettre ses affaires en ordre, achever l’operation en cours, effacer toute trace de son passage en ce monde, puis preparer le processus. Car pour nous, qui vivons ici sans y etre nes, nos morts et nos vies se succedent sans treve, grace a des technologies dont vous ne pourriez pas meme comprendre le debut d’un concept de base. Notre stock de morts et de renaissances est generalement fixe a l’avance, pour les besoins de la Mission, mais il peut etre sujet a des variations. Au dernier tour, notre naissance en tant qu’etres humains est le prodrome de notre ultime deshumanisation, et notre mort sera le retour vers notre existence initiale. C’est ainsi que nous sommes faits. C’est pourquoi nous vivons parmi vous depuis des millenaires sans que vous puissiez vous douter de quoi que ce soit.
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