Auteur : Marie Le Drian
Date de saisie : 30/08/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Table ronde, Paris, France
Collection : Vermillon
Prix : 16.00 / 104.95 F
ISBN : 978-2-7103-2988-6
GENCOD : 9782710329886
Sorti le : 23/08/2007
- Les presentations des editeurs : 17/09/2008
De la Noel au jour de l’an, les jours sont longs pour les solitaires. Dans son hameau perpetuellement envahi par le brouillard, Helene se doit cependant de meubler ce temps a la fois irreel et ineluctable. Harcelee par les sarcasmes desesperants et desopilants de sa mere morte, elle commence par la demarche obligee : l’achat des langoustines. Et nous voici, lecteurs ahuris, embarques dans une traversee comico-epique ou aucune illusion, aucun faux-semblant, aucune aberration de la vie en societe ne nous sont epargnes.
Le ton de Marie Le Drian fait merveille. On s’emeut, et on rit.
Marie Le Drian a publie cinq romans dont La Cabane d’Hippolyte (Julliard), Prix Bretagne 2001, Prix Breizh du Roman 2001, et Ca ne peut plus durer (Julliard), Prix du Roman de la Ville de Carhaix, et plusieurs recueils de nouvelles ou recits.
- Les courts extraits de livres : 17/09/2008
Rien ne serait arrive si, en ce matin de reveillon, les langoustines avaient toutes ete de la meme grosseur. Si, anonymes et fretillantes, elles avaient attendu, entassees dans un seul cageot. J’aurais poursuivi tranquillement ma vie aux cotes de Dominique et des deux veuves de la gymnastique dans ce brouillard epais qui attenue les bruits, les lumieres et les souffrances. Un brouillard iode : on y entend les vagues, le vent et les marees, on peut se saisir du sable et des goemons mais surtout on oublie que, la-bas, a l’horizon, il existe une ile.
Rien ne serait arrive. Longeant le chemin obscur, je serais allee, comme tous les matins, rendre visite a Eleonore, mon amie des marais, et, par elle, prevenue du danger – non, pas du danger, de l’evenement -, j’aurais ete plus calme devant mes invitees. Deja, je n’aurais pas oublie la mayonnaise.
Mais, depuis bien des annees, la vie et la mort des langoustines, leur destin sur nos tables, ont terriblement change : autrefois, on les servait seulement pour les mariages et les communions, les baptemes et les repas de galas, evidemment, pour les reveillons de Noel, apres les huitres, avant la lotte et le cabillaud. Il existait une ceremonie de la langoustine. On avait du respect pour elle. Pour ceux qui la pechaient, la vendaient et ceux qui l’achetaient.
Tu lui as pris des langoustines ?
On vous aimait si, dans votre assiette d’invite, en dehors des fetes habituelles, on vous servait des langoustines. Vous deveniez une grande occasion. Vous-meme. Mais tout a change. Les gens venus de l’interieur ont multiplie les occasions. On a banalise la langoustine. Meme en semaine. N’hesitant pas a en vendre de petites, toutes petites. Des classes entieres de petites et de moyennes langoustines sont arrivees sur le marche.
Ces gens, venus de l’interieur vers nos cotes, deja ravis de deguster des huitres laiteuses en plein mois d’aout, ont file, tete baissee, vers les langoustines.
Est-ce que vous avez des langoustines ? Ma femme et moi, nous adorons…