Auteur : Hisham Matar
Traducteur : Frederick Hel-Guedj
Date de saisie : 17/01/2007
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Denoel, Paris, France
Collection : Et d’ailleurs
Prix : 20.00 / 131.19 F
ISBN : 978-2-207-25849-1
GENCOD : 9782207258491
Sorti le : 11/01/2007
- Les courtes lectures : Lu par Julien Dailliere – 16/09/2008
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Julien Dailliere – 29/01/2007
- Les presentations des editeurs : 16/09/2008
Tripoli, 1979.
La societe libyenne etouffe sous le regime autoritaire du colonel Kadhafi mais le jeune Suleiman, neuf ans, a bien d’autres soucis : il s’ennuie sous l’ecrasante chaleur estivale. Son pere est absent, on le dit en voyage d’affaires. Sa mere, adoree, crainte, erre dans la demeure, de plus en plus souvent ivre, et delire jusqu’a epuisement. Tout est murmure, tout est secret, tout est hostilite. Mais bientot le monde du petit Suleiman bascule : en plein centre-ville, un matin, il apercoit Baba, son pere, cache derriere d’epaisses lunettes noires.
Pas un signe, pas un geste, l’homme les ignore, sa mere et lui. Subtilement, la peur et le doute s’installent dans la vie de Suleiman. Qui sont ces hommes en armes qui viennent fouiller la maison ? Pourquoi le pere de Karim, son meilleur ami, est-il emmene par la police ? Comment se fait-il que sa mere brule un a un les livres de la bibliotheque, jusqu’alors veritable tresor familial ? Un livre puissant et juste sur la fin de l’enfance et l’horreur de la repression politique.
Hisham Matar est ne a New York de parents libyens. Il a passe une partie de son enfance a Tripoli puis au Caire. Venu suivre des etudes a Londres, il apprend en 1990 l’enlevement puis le rapatriement de force de son pere dans les geoles libyennes : il n’a aucune nouvelle de lui depuis 1995. Au pays des hommes, son premier roman, figurait dans la derniere selection du prestigieux Booker Prize.
- La revue de presse Agnes Severin – Le Figaro du 11 janvier 2007
A travers les yeux d’un enfant condamne a porter des secrets trop lourds pour lui, c’est une geographie mentale qui se dessine, d’une cour remplie de verdure a l’horizon turquoise de la mer, en passant par un toit plat transforme en atelier de bricolage. Hisham Matar voit le monde avec poesie, a travers les images simples, cheres a l’imaginaire oriental. Une orgie de mures (cadeau des anges pour faire patienter les hommes avec un avant-gout de paradis) a califourchon sur un mur, la voiture blanche des sbires du regime en faction devant la maison, les interrogatoires en direct a la television, un regard qui se perd dans les couleurs melees du couchant, c’est la realite saisie a vif dans toute sa beaute et sa cruaute. Le genre de blessure qui ne se referme jamais.
- Les courts extraits de livres : 16/09/2008
J’ai ete reveille en pleine nuit par le bruit du verre qui se brise. Une lumiere etait allumee dans la cuisine. Maman etait a genoux, elle parlait toute seule en ramassant les morceaux de verre. Elle etait pieds nus. Quand je l’ai vue, elle s’est masque la bouche de l’interieur du poignet, sa main en conque pleine de verre brise, et elle a pouffe, un petit ricanement nerveux, etrange, un melange de rire et de pleurs. J’ai couru pour lui apporter ses pantoufles, je les lui ai lancees, mais elle a secoue la tete avant de se diriger vers la poubelle d’un pas incertain, et d’y jeter ce qu’elle avait dans la main. Elle s’est mise a balayer le sol. Quand le balai a atteint les pantoufles, elle s’est arretee, et elle les a enfilees.
J’ai vu son flacon de medicament a moitie vide, sur la table du petit dejeuner. Il n’y avait pas de verre a cote, rien qu’une cigarette qui se consumait dans un cendrier regorgeant de megots et d’allumettes aux tetes noircies. Son verre avait du se briser. Maman etait retombee malade. Je me suis senti les joues brulantes de colere : ou est Baba ? Il faudrait qu’il soit la, lorsqu’il est a la maison, tout est normal, elle n’est jamais malade et je ne me reveille pas comme ca pour decouvrir que tout a change.
Elle s’est assise, s’est relevee, est allee chercher un autre verre et l’a rempli de son medicament. Cela empestait dans toute la cuisine. L’odeur me montait a la tete. Elle s’est tournee vers moi. J’etais encore sur le seuil. Elle a eu de nouveau ce petit gloussement, m’a demande Quoi ?, et puis son regard a chavire, ailleurs. Qu’est-ce que tu as ? Pourquoi est-ce que tu me regardes comme ca ? Tu n’as rien de mieux a faire ? Elle secouait la tete, rien que pour elle. Je ne comprends pas pourquoi tu me regardes comme ca. Je n’ai rien fait. Va te recoucher, il est tard. C’etait dit avec un serieux exagere.
Je suis retourne au lit, mais je n’ai pu trouver le sommeil. Je l’ai entendue passer dans la salle de bains. Elle y est restee un long moment. Je n’ai pas entendu l’eau couler. Mon coeur s’est affole. Et puis, tout a coup, elle en est sortie et elle a regagne sa chambre. Je suis alle a sa porte, et la j’ai hesite.