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Au pays des Soviets : le voyage francais en Union sovietique, 1917-1939

Auteur : Fred Kupferman

Date de saisie : 22/02/2007

Genre : Histoire

Editeur : Tallandier, Paris, France

Collection : Contemporaine

Prix : 21.00 / 137.75 F

GENCOD : 9782847343892

Sorti le : 01/02/2007

  • Les courtes lectures : Lu par Sylvain Elie – 13/04/2007

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Sylvain Elie – 20/02/2007

  • Les presentations des editeurs : 13/04/2007

Durant l’entre-deux-guerres, les retours d’URSS furent un genre politique et litteraire tres en vogue, d’autant que ce pays different de tous les autres ne s’ouvrait pas au tout-venant, du moins sans preparation. Des lors, la connaissance que pouvaient en prendre les voyageurs venus d’Occident devenait un enjeu lourd d’ideologie et de propagande. Que savoir, que comprendre, que raconter du pays du grand mensonge, ou de la grande illusion, ou du grand espoir ?
Fred Kupferman, par un subtil montage d’extraits de 125 recits de voyageurs francais, apporte des reponses necessairement contradictoires, car si chacun decouvre chez les Soviets ce qu’il est venu y chercher, personne en revanche ne revient tel qu’il etait avant la grande epreuve.
De Gide au paysan de la Correze, de Charles-Andre Julien a Pierre Pascal, de Henri Barbusse a Georges Friedmann, d’Eugene Dabit a Pierre Herbart, ce sont autant de versions composant un panorama dont personne, face au choc du socialisme reel, ne sort indemne.

Fred Kupferman, qui enseignait l’histoire contemporaine a la Sorbonne et a l’IEP, est mort en 1988. Apres l’incontournable biographie de Laval, Au pays des Soviets est le deuxieme titre de son oeuvre pionniere a etre reedite chez Tallandier.

  • Les courts extraits de livres : 13/04/2007

La fin d’une liaison

Des hommes presque inconnus en France – Lenine, Trotsky – ont pris le pouvoir et tout a change. La Russie nous lache, entre en negociation avec l’ennemi au moment le plus noir de la guerre, apres l’ecrasement italien a Caporetto, apres la capitulation roumaine. L’opinion francaise, demoralisee par l’echec de l’offensive du Chemin des Dames, affolee par la publicite faite autour des affaires de trahison, en veut aux Russes de parler de paix quand elle est elle-meme en proie au doute. Lenine et Trotsky, couple diabolique voue a l’execration des foules par la presse pro-russe, qui a tourne casaque depuis Octobre, vont servir de boucs emissaires. Ce sont leurs agents, dit-on avec insistance, qui frappent nos soldats dans le dos. Brest-Litovsk, cette petite gare ou des ambassadeurs en casque a pointe serrent la main des bolcheviks, devient soudain celebre, comme la gare de Montoire le sera plus tard.
Les Francais avaient-ils aime vraiment la Russie du tsar ou leur avait-on fait croire qu’ils l’aimaient ? En tout cas, il n’est pas besoin de les pousser beaucoup pour qu’ils haissent la Russie rouge. La traitrise bolchevique, c’est Brest-Litovsk. La malhonnetete bolchevique, c’est le refus impudent de reconnaitre les dettes du tsarisme. Les coupons des emprunts sont devenus des souvenirs detestables, comme des lettres d’amour que l’on relit apres la rupture. Il y a aussi la rumeur grossissante, entretenue par les recits des rescapes, russes et francais : la Russie est rouge du sang d’innocents extermines par milliers, par millions peut-etre. Le retournement massif de la presse, si discrete naguere sur les crimes du tsarisme, conforte l’opinion moyenne dans sa haine et sa peur du bolchevisme. La Russie rouge, qui ne s’appelle pas encore l’U.R.S.S., n’a pas pour seul ennemi le capitaliste depossede. Elle inspire l’effroi et la repulsion a l’homme de la rue. En quelques mois, cet Etat naissant, si faible encore, acquiert le douloureux privilege d’etre deteste de l’univers entier. Il faut etre fou pour defendre les bolcheviks, plus fou encore pour aller a Moscou.