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Au point d’epine

Auteur : Danielle Boulaire

Date de saisie : 30/08/2007

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Rhubarbe, Auxerre, France

Prix : 12.00 / 78.71 F

ISBN : 978-2-916597-04-1

GENCOD : 9782916597041

Sorti le : 23/05/2007

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  • Les presentations des editeurs : 30/08/2007

Une femme attend le retour de l’homme qu’elle doit epouser. Cet homme est dans les tranchees, occupe aux travaux de la guerre. Ils s’ecrivent. Lui, envoie des cartes postales. Elle l’attend, elle brode le trousseau de noce. Le recit s’articule sur ces deux metaphores sans cesse reprises au fil des mois, des annees : celle de la carte postale au motif obsedant qu’il lui a envoyee, celles des differents et merveilleux points de broderie qu’elle place sur les pieces du trousseau comme des jalons minuscules du temps qui s’ecoule. Devidement lent des heures, brefs eclats d’une revolte qu’on etouffe, retour a la norme, a l’attente… Le destin de la femme, comme celui de l’homme, est scelle.
Ce texte m’a paru beau, a la fois pudique et impudique, tout impregne de nostalgie ; double projection dans un futur sans cesse recule pour le personnage, et dans un passe dont le lecteur, meme s’il le sait deja lointain, n’a pas perdu le souvenir.
Michel Host

Danielle Boulaire a publie une enquete sur un cas de sorcellerie en Normandie, La Desencraudeuse (ed. Stock) et des nouvelles dans diverses revues. A travers ses textes, elle souleve le voile sur des destins de femmes apparemment scelles. Elle anime des ateliers d’ecriture a Vincennes et en Normandie.

  • Les courts extraits de livres : 30/08/2007

Quand il est revenu de la guerre, Etienne a rapporte toutes les lettres, toutes les cartes postales que Rosalie lui avait envoyees. Bien emballees dans un epais papier d’emballage, ficelees d’un large elastique. Car il est soigneux et, par ailleurs, ne jette jamais rien.

Grace a quoi ils ont pu, le soir de leurs noces, choisir une carte postale, en souvenir, et la fixer au bois du lit, dans l’alcove sombre, fermee de rideaux de perse rouge et noire.

A moins que ce soit lui seulement qui ait fait le choix, se rappelant emu le jour ou il l’a recue, les oreilles gelees et les pieds dans la boue…

C’est lui, tres certainement.

Car elle, feuilletant inquiete les missives qui lui reviennent, dans un mouvement qu’elle n’avait pas voulu puisqu’elle les destinait au seul Etienne, d’elle a lui, pourrait-elle imaginer l’une d’entre elles ainsi livree, commune, privee de son expediteur comme de son destinataire, figee ?

Pire. Etienne, lui rapportant ses lettres, ses cartes, ne les rejette-t-il pas ? Ne se retrouve-t-elle pas, a tout jamais, chargee seule de cette preuve d’amour pour lui ?

Cependant elle a laisse faire, sans pouvoir, de son cote, choisir parmi les cartes qu’elle a recues d’Etienne.

Il est vrai qu’il y en a peu – et meme, si on compte, tres peu ; mais Etienne n’avait guere le temps : il faisait la guerre -. Comment se decider a en isoler une, a rompre les maillons qui ont jalonne la longue absence d’Etienne ?

Les cartes sont rangees dans le coffret en buis peint de violettes, portant l’inscription : Souvenir de Nice. Cependant elle n’est jamais allee a Nice.

Elle se dit parfois qu’elle aimerait sceller ce coffret, garder intact le souvenir de ces jours, de ces mois. Que personne ne puisse regarder les illustrations, ne puisse lire les mots d’Etienne.

Pas meme elle.

Mais la boite est sur la cheminee et chacun peut en passant soulever le couvercle.

Alors elle ne pense plus a tout ca.

De toute facon, les cartes postales qu’on choisit longuement, qu’on ecrit avec amour, en s’appliquant, qu’on recoit dans la joie et le soulagement, ca fait longtemps.

Ca fait meme tres longtemps.