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Autoportrait en vert

Couverture du livre Autoportrait en vert

Auteur : Marie NDiaye

Date de saisie : 17/09/2006

Genre : Biographies, memoires, correspondances…

Editeur : Gallimard, Paris, France

Collection : Folio, n 4420

Prix : 4.50 / 29.52 F

ISBN : 978-2-07-033754-5

GENCOD : 9782070337545

  • Les presentations des editeurs : 14/09/2006

Ma mere est une femme en vert, intouchable, decevante, metamorphosable a l’infini, tres froide et sachant, par la volonte, devenir tres belle, sachant aussi ne pas le desirer. Ma mere, Rocco et Bella, ou en sont-ils a present ? Je n’ecrirai pas, eux non plus, jusqu’au jour ou, peut-etre, une lettre m’arrivera d’un lieu inconnu, accompagnee de photos d’inconnus qui se trouveront etre mes proches a divers degres – lettre dont, meme si elle est signee Maman, je contesterai l’authenticite, puis que j’enfouirai quelque part ou elle ne sera pas denichee.

Marie NDiaye

  • Les courts extraits de livres : 14/09/2006

20 mars 2001 – Le malheur et la poisse d’une certaine facon la protegent. Je la visite chez ses parents, dans cette campagne desolee, mouillee, et je constate qu’ils n’osent rien exiger d’elle, bien qu’ils aient un temperament autoritaire. Elle est gentille et douce et decoloree au point d’en sembler irreelle. La vue de mes enfants lui est penible. C’etait une cruelle erreur que de les amener. Pour conjurer je ne sais quelles calamites, elle ne cesse de porter la main a ses cheveux, son geste est devenu frenetique et irreflechi. Malgre tout, malgre la peine, l’inquietude, les perspectives reduites, je me dis : oh, elle s’en sortira.
29 mars 2001 – Le hasard d’une promenade lui a fait rencontrer Ivan et comme Ivan et Jenny ont eu ensemble une histoire d’amour a l’epoque lointaine ou Jenny vivait encore dans cette campagne, voila tout d’un coup Jenny attablee chez Ivan et la femme d’Ivan, la voila invitee a partager leur dejeuner, en compagnie de plusieurs gaillards, jeunes adultes pleins de sante et de beaute, qui sont leurs fils, et voila Jenny prise d’etourdissement au milieu de cette famille complete et resplendissante, voila qu’elle se demande si elle n’est pas a cet instant dans son propre reve qui lui montrerait la vie merveilleuse qu’elle aurait pu avoir si elle etait restee dans le village de ses parents. Car il ne fait pas de doute pour Jenny qu’elle aurait alors vecu avec Ivan, et au souvenir de l’amour tres grand qu’elle avait pour lui et de la passion qu’il avait pour elle, elle frissonne d’une douleur nouvelle, une douleur qui se superpose a toutes les douleurs qui la tourmentent deja, et encore une autre sorte de perplexite comme, soudain, il lui parait invraisemblable qu’elle soit, elle, Jenny, dans la situation desolante ou il semble bien qu’elle soit, elle, Jenny, que la chance avait comblee de dons et d’habiletes, elle qui avait toujours eu abondance de choix.