Auteur : Elfriede Jelinek
Traducteur : Patrick Demerin
Date de saisie : 22/03/2006
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : J. Chambon, Paris, France
Prix : 14.00 / 91.83 F
ISBN : 978-2-87711-301-4
GENCOD : 9782877113014
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 14/05/2006
Elfriede Jelinek ecrit Bambiland pendant la guerre d’Irak en 2003. Le titre se refere a un parc de loisirs pres de Belgrade qui appartenait a Marko Milosevic, mais aussi a une revue editee par Udai Hussein et intitulee Banbilan. Rejetant de plus en plus les separations en genre, Elfriede Jelinek ecrit ici, un pamphlet mais aussi un texte litteraire enfin une piece de theatre que le metteur en scene devra recreer pour la scene. Car ici, point de personnage, point de dialogues, mais un long monologue qui peut etre vu aussi comme un texte polyphonique. Christoph Schlingensief en a parle comme d’un texte mitraillette.
C’est plus que la guerre d’Irak vue par vous ou par moi, plus que la retranscription mediatique d’un conflit presque virtuel. Ici on se passionne pour le systeme de navigation autonome du missile Tomahawk, les reussites industrielles d’Haliburton ou le petit chien de George W. Bush. On y retrouve tous les moyens habituels de Jelinek : jeux de mots, collages, ironie sanglante, metaphores deroutantes (Jesus W. Bush), recours aux auteurs anciens (ici a Eschyle, avec Bush Jr refaisant sa guerre d’Irak apres son pere a l’exemple de Xerxes refaisant la guerre aux Atheniens apres Darius). Le tout au service d’une denonciation de la guerre et de notre comportement de consommateurs mediatiques de celle-ci. L’absurdite de cette entreprise doit s’entendre jusque dans l’ecriture meme.
Bambiland que l’on peut lire comme un pamphlet contre la guerre d’Irak a ete joue en decembre 2003 au Burgtheater de Vienne.
- La revue de presse Liberation du 16 mars 2006 – Liberation du 16 mars 2006
Face a la guerre, nous. Represente (e) s par une folle totale qui campe seule en scene en faisant toutes les voix, tous les recits, et les bruits, a toute vitesse, en les mixant, en les hurlant a la face du monde, et se foutant de la gueule dudit. C’est Bambiland, un one-woman show comique d’Elfriede Jelinek, Nobel de litterature, sur Bush et Blair en Irak. Bambiland, ecrit au printemps 2003, a ete cree au Burgtheater en decembre de la meme annee…
Le genie de Jelinek est de se mettre devant la tele. Nous sommes les citoyens de cet Occident qui a envoye dans le desert l’armee bardee d’or (Eschyle, une des voix de Bambiland), mais nous sommes d’abord des telespectateurs. A peine a la maison, deja nous allumons l’image. ca doit fonctionner. Et ca fonctionne. Instantanement. Elles ne partent jamais sans laisser de trace, les images de notre divinite a nous, les images que nous voyons la, que nous sommes les seuls a voir, la sur l’ecran lumineux. Voila, nous eloignons ce peuple de sa foi, en echange nous lui donnons enfin notre image, et termine. Et c’est tres bien comme ca et c’en sera vraiment fini de ce peuple, qui n’a aucune notion du primat de la personne, car un peuple sans personnes individuelles, ca n’existe pas….
Peut-etre le truc le plus cale du livre : En ce moment, je suis le cul de l’humain, la je devrais devenir sa bouche et lui tailler une pipe en meme temps. La preuve par le GBU-28, je n’ai encore jamais rien eu d’aussi dur dans la bouche, les gars, et tout ca rempli de 300 kilos d’explosif trinotal hautement performant.