Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Battling Siki

Auteur : Jean-Marie Bretagne

Date de saisie : 22/02/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : P. Rey, Paris, France

Collection : A tombeau ouvert

Prix : 16.00 / 104.95 F

ISBN : 978-2-84876-109-1

GENCOD : 9782848761091

Sorti le : 14/02/2008

Acheter Battling Siki chez ces libraires independants en ligne :
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)

  • Les presentations des editeurs : 22/02/2008

Battling Siki… Un destin magique, ensorcele.

A 8 ans, cet enfant du Senegal est kidnappe par une danseuse hollandaise, qui l’emmene a Marseille. Vite abandonne, il commence une carriere precoce de boxeur, interrompue par la Premiere Guerre mondiale. Rescape des tranchees, il retourne sur les rings, ou il affronte le heros du sport francais, Georges Carpentier, qu’il bat en 1922 a la surprise generale. Mais ce match, qui le sacre champion du monde, causera aussi son malheur : pour defendre l’idole nationale, on accuse bientot Siki de tricherie, et les journaux se dechainent contre ce championze, symbole de la dangereuse race noire. A l’inverse, de rares intellectuels prennent sa defense et en font le champion des opprimes.

Il n’a d’autre choix que de partir boxer aux Etats-Unis, ou la presse l’attaque encore plus violemment. Siki rend coup pour coup. Vous avez une statue de la Liberte ici, declare-t-il, mais c’est un mensonge. Provoquant les autorites, il se promene en cape rouge sur Broadway, un singe sur l’epaule, et se marie avec une Americaine blanche, sans avoir divorce de sa premiere epouse. Trop de vagues, trop de defis : il est assassine de trois coups de revolver, le 16 decembre 1925, a Harlem. Il n’a pas trente ans.

Battling Siki… Une vie breve et magnifique, faite de legendes et de combats. La vie d’un homme decide a garder la tete haute. A n’importe quel prix.

Jean-Marie Bretagne est journaliste et ecrivain. Il a decouvert l’histoire de Battling Siki en residant dans la ville natale du champion, Saint-Louis-du-Senegal.

  • Les courts extraits de livres : 22/02/2008

Extrait du prologue :

Le 24 septembre 1922 se produisit a Montrouge un cataclysme sportif et politique. Ce jour-la, Georges Carpentier perdit son titre de champion du monde de boxe. Il ne fut pas seulement battu, mais surclasse, balaye, s’inclinant par KO a la sixieme reprise. On l’evacua du ring sur une civiere, a demi inconscient et ensanglante.
Carpentier etait l’idole des Francais. Sa defaite humiliante consterna les millions de supporters qui l’avaient adule. Surtout, pour dire les choses comme elles sont, personne n’aurait pu, ou voulu imaginer que cet embleme de la nation s’effondrerait devant… un sauvage. Son vainqueur, Battling Siki, venait du Senegal.
L’arbitre du combat, M. Henry Bernstein, comprit immediatement combien ce resultat etait inacceptable, choquant. Desireux de sauver la carriere de Carpentier, ou pris, qui sait, d’un instinct de conservation raciale, il disqualifia Siki, sous pretexte d’un coup defendu. Cependant, les quarante mille spectateurs hurlerent, refusant ce verdict.
Quelle mouche piquait la foule ? Elle ne voulait donc pas qu’on sauve son favori ? Peut-etre reagissait-elle ainsi par esprit de justice, ou bien encore jouissait-elle de ce moment excitant, quasiment historique : un negre champion de France et du monde, en 1922, c’etait inoui ! Apres un quart d’heure de bronca, Bernstein n’eut d’autre choix que de rendre a Battling Siki la victoire qui lui revenait.
Le Senegalais n’en profita pas longtemps. On l’accusa bientot de conduite antisportive – et, grace a cette nouvelle ruse, sa couronne mondiale lui fut retiree. Battling ne se laissa pas faire, il ridiculisa ses detracteurs, les obligeant a lui restituer ses lauriers… Cependant, la polemique continua. Le bruit courut que Siki l’avait emporte, certes, mais indument, en profitant d’un match truque. Nous le verrons, cela aussi relevait du mensonge. Ce n’etait qu’une nouvelle maniere de renverser le resultat insupportable du combat de Montrouge. Pourtant, la verite officielle trouva son compte dans cette rumeur. Elle a traverse les epoques et, aujourd’hui, elle prevaut dans les encyclopedies pugilistiques. Le Senegalais y est presente comme un tricheur ou, dans le meilleur des cas, un champion du monde au rabais, vainqueur par simple coup de chance. Tout se passe comme si, quatre-vingts ans apres, son triomphe restait inacceptable ! D’une certaine maniere, les efforts de M. Bernstein ont porte leurs fruits : Siki est desormais disqualifie pour de bon…
Pourquoi ? Pourquoi, ce jour-la, Siki a-t-il gagne pour rien ? Pourquoi n’en a-t-il tire ni gloire, ni profit, ni meme la plus elementaire reconnaissance posthume ? Ce livre est une tentative de reponse.
Je ne suis pas le premier a me poser ces questions. Siki a eu et a encore des defenseurs. Au lendemain du match de Montrouge, un jeune homme publia un article enflamme dans une feuille communiste militante. Depuis que le colonialisme existe, ecrivit-il, des Blancs ont ete payes pour casser la g… des Noirs. Pour une fois, un Noir a ete paye pour en faire autant a un Blanc. […] Nous felicitons Siki de sa victoire.
En 1922, l’auteur de ces lignes, Nguyen Ai Quac, etait un inconnu, et son soutien ne fut pas d’une grande utilite a Battling. Pourtant, une trentaine d’annees plus tard, lui aussi livra son combat contre les Francais de l’Hexagone, sous le nom de… Ho Chi Minh !
Siki a inspire bien d’autres elans de sympathie. En 1929, un ecrivain italien, Orio Vergani, tira de son histoire un roman intitule Io, povero negro (Moi, pauvre negre). Vergani etait un original. Ami de Pirandello, il devint un des pionniers du photojournalisme, puis se fit chroniqueur sportif et defenseur de la gastronomie italienne, a laquelle il consacra une academie ! Le pauvre boxeur, apres sa mort, suscita de nouveaux hommages, plutot inattendus. Un lieutenant de Che Guevara, Fernandez Mell, adopta le pseudonyme de Siki au milieu des annees 1960, lorsqu’il se battait au Congo. Plus pres de nous, un groupe de hard rock strasbourgeois s’est egalement baptise Battling Siki, de meme qu’un quatuor de country blues, base a Detroit, aux Etats-Unis.
Le leader de l’independance vietnamienne, un maquisard communiste, un Italien anticonformiste… J’allais oublier, parmi ses supporters heteroclites, un dramaturge, Jean-Michel Bruyere, qui a ecrit un opera inspire de la vie de Battling. Ainsi, la gloire qui lui etait promise a laisse place a une etrange aura. Il est devenu, de loin en loin, l’embleme des laisses-pour-compte, des malmenes, des utopistes, voire des farfelus – pas un embleme eclatant, mais au contraire secret, clandestin.