Blandine-Marcel

Marcel, mon frere imaginaire, s’est fait desintegrer un jour a la sortie de l’ecole, par une autre mere interrogeant tout simplement la mienne : ” Comment va votre fils aine ? ” Et la, fini l’Empire Marcel, il a sombre. Elles me l’ont execute sur le parvis, devant temoins et il a fallu que je distribue moi-meme les tracts de dementi : ma mere ne voulait pas de fils aine. Ainsi, pour ne pas laisser tomber l’imaginaire, j’ai travesti mon frere en fille. Marcel est des lors devenu Blandine, Blandine-Marcel pour les intimes, histoire de ne pas oublier ses origines.
Premier roman signe Florentine Rey, Blandine-Marcel est une porte ouverte sur un monde etrange et poetique, peuple de metaphores et d’images surrealistes. Petit personnage curieux, fantaisiste, un brin pervers mais singulierement touchant, le heros-heroine, double imaginaire d’une femme-enfant, nous transporte sur les chemins que prendraient nos vies si nous laissions un peu plus de place a l’insolite et au reve. Un voyage tendre et inattendu au cours duquel vous croiserez Welly-le-cancrelat, une armee de Martine, un motard inquietant, Davyn Chicode, des escargots… et quelques grandes personnes.

Nous compulsons le catalogue, devenu la metaphore de nos attraits pour l’aventure. Son contenu le hisse au rang d’album de souvenirs a conquerir. On nous conseille des combines : bateau-ski nautique et plongee ou desert-chameau-randonnee. Sur papier glace, des echantillons de pays aux visages nouveaux nous eblouissent. Partout Bienvenue, dans la contree la plus hospitaliere de la planete, dans la ville la plus accueillante du monde, ou les jeunes du pays trainent et s’ennuient a mourir parce qu’il n’y a rien a y faire, si ce n’est observer et recenser les touristes. En vacances, on a besoin de se reposer, de penser un peu moins que d’habitude, de lire des livres achetes a l’aeroport, de manger un peu plus et de dormir un peu plus. Meme si les reves que propose le catalogue sont etroits, c’est tentant : on partirait bien s’abrutir un peu, comme tout le monde, essayer de penser moins que rien. On irait bien se rouler dans le sable chaud des Caraibes, formule tout compris avec sur place, des laisses sans fil a nos pattes, des colliers de boules ou des bracelets a points, pour payer ce qu’on aura consomme. Les pages du catalogue se froissent sous nos doigts impatients, les voyages sont lisses et trop prepares. Pourtant nous sentons bien qu’il faut nous decider car cet ete, la planete va vite etre complete. Pour preuve, l’etendue des propositions qui en impose ! Tout est accessible, sur mesure et deniche particulierement pour nous par l’agence. Chaque destination a ses specialites. Il n’y a plus qu’a reserver et crediter : le bleu de la Grece, les pates d’Italie, le couscous d’Afrique du Nord, les tissus et couleurs d’Inde, les taxis londoniens, les cocotiers de Tahiti… Heureusement, on a le debordement creatif !