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Bleu comme Van Gogh

Auteur : Catherine Rihoit

Date de saisie : 14/06/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Rocher, Monaco, France

Collection : Litterature

Prix : 19.00 / 124.63 F

ISBN : 978-2-268-06585-4

GENCOD : 9782268065854

Sorti le : 05/06/2008

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Bapteme (du feu)

Ces derniers jours, les images de propagande americaine ont montre le bapteme de recrues. On baptise par immersion totale. Un trou creuse dans le sable est tapisse de plastique. La tete et le torse du soldat emergent, trempes. Il est noir. Les Noirs auraient-ils davantage besoin d’etre laves de la souillure originelle ? Cela refere-t-il seulement a la foi puissante des eglises du Sud ? Ou cela reflete-il simplement le fait que de nombreux Afro-Americains trouvent dans l’armee une facon de gagner leur vie ?
Les autres soldats, a l’arriere-plan, sont blancs. En short et tee-shirt, ils donnent l’impression d’attendre leur tour. L’aumonier militaire est blanc aussi. Agenouille au bord du trou, il couve l’ouaille ondoyee d’un regard martial mais un peu anxieux : c’est un pere, un vrai…
Le baptise a les yeux fermes, l’air souffrant. On a de la sympathie pour lui. Pense-t-il, dans ce sable inhospitalier, a un autre trou qui l’attend peut-etre ? A la mort du Christ qui serait bientot la sienne ? La legende nous apprend que ces hommes ont deja demande pardon a Dieu de ce qu’ils feront aux Irakiens. Ainsi, ils iront de hon coeur au combat…
Les soldats americains sont jeunes, ce sera leur premier feu, ils ont besoin de reconfort. Cependant ils n’ont pas, semble-t-il, demande a Dieu s’il etait d’accord, pour le pardon d’avance. C’est son boulot a Dieu de pardonner. On lui dit juste : “Pardonnez-nous nos offenses. ” Tuer des Irakiens est-il une offense, puisque selon le president des Etats-Unis, c’est l’Irak l’offenseur ? “Comme nous pardonnons a ceux qui nous ont offenses ” : la deuxieme partie de la phrase, c’est pour apres, quand on aura gagne. Pendant ce temps, plus loin (mais pas tellement) dans le desert, les Irakiens prient peut-etre aussi. Sur leur drapeau s’inscrit “Dieu est grand”, formule rajoutee lors de la guerre du Golfe. On ne prend jamais assez de precautions. Les Americains, de leur cote, chantent ” God is on our side ” et ” En avant soldats du Christ “. Chez eux, le bapteme est propose en option : un bienfait parmi d’autres de la democratie de consommation.
Les soldats ne font pas que ca. Ils se lavent, accumulent les pompes, ecoutent du rock’n’roll et boivent du Coca. On espere que de l’autre cote, les Irakiens ont droit au Mecca Cola pour etancher leur soif. Au temps de la guerre du Golfe, l’idee de Jihad semblait medievale. Maintenant, c’est guerre sainte des deux cotes. Ce bapteme proclamant la saintete de la guerre nous est propose comme un divertissement, au meme titre que les boucliers humains defilant enveloppes de blanc dans les rues de Bagdad. Le conflit traine, la Bourse baisse et le moral des populations aussi. Alors on nous donne, en amuse-gueule, un peu de croisade a l’aperitif. C’est pourquoi devant le soldat dans son trou d’eau on a vaguement honte. L’image proclame : “Il mourra pour vous, c’est un martyr “. Le martyre a la cote, ces temps-ci, c’en est genant.
De la guerre meme, on sait qu’on ne verra pas grand-chose. Des images choisies, album de famille de l’epouvante. Malgre ce qu’on nous bonimente, la guerre n’est pas un show. Elle illustre seulement cette fin de spectacle qu’est la societe liberale avancee. Apres tout, la photo nous dit qu’au trou, le soldat y va lui-meme. Ce n’est pas seulement qu’on l’y envoie. Il regarde le trou, le trou l’attire, ce trou du bapteme qui est en meme temps celui de la tombe. Il y serait protege de la necessite defaire des choix et des erreurs, de la crainte de ne pouvoir repondre a ce que le monde attend de lui, et de celle que le monde ne reponde pas a ce qu’il en attend… Protege de la vie…

Vittorio Cattiglione

Cet article est paru dans le Corriere della Sera. On m’a propose de le traduire. Le nom de l’auteur m’a saute a la figure. Depuis quand je ne l’ai pas vu, Vittorio, trente ans ? C’est ca, a peu pres. J’ai du mal a me souvenir des dates exactes. Depuis que j’ai quitte l’Italie, je suis brouillee avec le temps.

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Ce livre raconte la rencontre de deux terroristes qui s’ignorent. Quand Graziella loue une chambre de son pavillon de banlieue a Tarek, tout les separe : elle a cinquante ans, lui vingt ; elle est traductrice d’origine italienne, lui vient d’un pays d’Orient faire en France des etudes d’ingenieur en informatique. Entre eux, la mefiance se mue en amitie, mais ne deviendra jamais de l’amour. Car pour chacun, l’amour est ailleurs et au secret. Mais ils ignorent qu’ils ont quelque chose en commun : tous deux sont des innocents, que le vent de l’histoire pousse ou il veut. Quand Tarek, apres le 11-Septembre, se retrouve enferme dans une prison americaine, Graziella doit faire face a une jeunesse ou elle a, elle aussi, cotoye le terrorisme, Graziella qui ne sait pas vraiment qui elle est ni d’ou elle vient…
Portrait d’une femme courageuse mais prisonniere du passe, ce roman, construit comme un thriller, est traverse par le personnage de Van Gogh, revolte radical, dont un tableau est mysterieusement derobe au musee d’Orsay
Trois generations s’affrontent dans cette fresque d’un monde global, ou une tranquillite apparente recouvre violence et chaos. Ou le bien joue a cache-cache avec le mal. Ce mal qui, d’une epoque a l’autre, court comme un virus…

Romanciere, Catherine Rihoit est l’auteur de nombreux romans, dont La Favorite, (Folio, 1985) recompense par le prix des Deux Magots.