
Auteur : Henry Porter
Traducteur : Jean-Francois Chaix
Date de saisie : 03/04/2008
Genre : Policiers
Editeur : Calmann-Levy, Paris, France
Prix : 20.90 / 137.10 F
ISBN : 978-2-7021-3886-1
GENCOD : 9782702138861
Sorti le : 20/02/2008
- Le choix des libraires : Choix de Christophe Dupuis de la librairie ENTRE-DEUX-NOIRS a LANGON, France – 27/03/2008
Septembre 1989, deux mois avant que le mur de Berlin ne tombe. Rudi Rosenharte est professeur d’histoire a Dresde, il y a quelques annees, il faisait partie de la Stasi. Aujourd’hui il est a Trieste pour un colloque… envoye par la Stasi qui l’a force (en retenant prisonnier son frere et sa famille) a reprendre le collier. Son objectif, retrouver une ancienne maitresse… le probleme : cette femme est morte et, visiblement, seule la Stasi n’est pas au courant. Rosenharte va aller au rendez-vous, voir de quoi il retourne. Il sera contacte par les services secrets occidentaux, qui veulent qu’il l’aide a localiser le terroriste Abou Jamal, qui va passer quelques temps a Dresde pour se faire soigner… aux bons soins de la Stasi. En l’echange de la liberation de sa famille, Rosenharte accepte. Mais pour plus de surete, il va jouer sur tous les tableaux.
“Oui, mais vous n’avez pas vecu a l’Est, vous ne mesurez pas la cruaute de la Stasi. Ils submergent de leur haine n’importe quel ennemi de l’Etat, qu’il soit dissident, espion ou simple punk de Prenzlauer Berg. Et ce n’est pas seulement une question de sentiment, mais de devoir. Chaque agent doit detruire les ennemis de l’Etat en leur infligeant un maximum de souffrances.”
Henri Porter nous avait habitue a de superbes romans d’espionnage “contemporains”, il remonte aujourd’hui le temps et part explorer “le temps beni” du roman de genre, avant la chute du mur de Berlin. Mais, en grand auteur qu’il est, il ne se contente pas d’un livre a papa, et grace a sa finesse d’analyse, il propose un excellent roman (meme s’il peine un peu sur la fin avec un Rosenharte un peu fleur bleue) mettant en avant le financement occulte du terrorisme.
- Les presentations des editeurs : 04/04/2008
Roman traduit de l’anglais par Jean-Francois Chaix
Septembre 1989 : la Republique democratique allemande est en plein naufrage et la toute-puissante Stasi s’avere incapable de contenir la vague de rebellion qui menace le pays.
Rudi Rosenharte a autrefois fait partie de l’elite de la Stasi. Il est aujourd’hui professeur d’histoire de l’art et mene une vie tranquille a Dresde.
La Stasi le recontacte pour lui ordonner de se rendre en Italie a un rendez-vous fixe par Annalise Schering, son ancienne petite amie. Lui seul sait qu’Annalise est morte des annees plus tot. Il l’a vue, les veines tailladees, baignant dans son sang. Mais la Stasi ignore tout de cette mort et reste persuadee qu’Annalise detient des informations de la plus haute importance.
Pour que Rudi accepte de s’impliquer, la Stasi abat une carte maitresse : son frere jumeau sera maintenu en prison tant qu’il ne sera pas de retour avec les informations convoitees. Rudi n’a pas le choix…
Malheureusement pour lui, la Stasi n’est pas le seul service secret a s’interesser aux informations de la mysterieuse Annalise. Il se retrouve alors l’otage d’une redoutable machination.
Henry Porter est ne en 1953 et vit a Londres avec sa femme et ses deux filles. Il a deja publie en France Nom de code : Axiom Day, Une vie d’espion et Empire State. Il est considere comme l’un des nouveaux maitres du roman d’espionnage.
Empire State est d’abord un bon roman d’espionnage, un vrai, haletant et complique a souhait.
Franck Nouchi, Le Monde des Livres
Rien ne manque au lecteur, ni les coups tordus ni les personnages troubles. Une reussite.
Marianne
- La revue de presse Francois Riviere – Le Figaro du 3 avril 2008
Henry Porter serait-il le plus romantique des auteurs anglais de recits d’espionnage…
Mais avec Brandebourg, l’auteur tourne le dos a ces raffinements pour se concentrer sur le destin d’un homme. Harland n’apparaissant qu’au second plan, c’est Rudi Rosenharte, un agent reactive de la police secrete de RDA, qui est le heros d’une aventure se deroulant au cours des quatre semaines ayant precede l’ecroulement du mur de Berlin…
On sent chez le romancier une sorte de jubilation hitchcockienne a meler a un suspense oppressant des moments d’intimite qui rendent encore plus attachante son entreprise. Le jeu des masques n’est plus, comme dans le recit d’espionnage traditionnel, fige dans une sauce aussi froide que la guerre qui l’inspirait.
- Les courts extraits de livres : 20/02/2008
LISIERE DU VIDE
L’homme au chapeau en paille lui emboita immediatement le pas, gardant la distance sans jamais prendre la peine de se cacher. Rosenharte l’avait vu trainer a l’exterieur de l’hotel quand il s’etait presente a la reception, ensuite aux abords du centre de conferences, puis a la terrasse d’un cafe de la Piazza dell’Unita. C’etait un type morose au visage fatigue qui portait sans conviction son chapeau en arriere comme s’il venait de le gagner a un stand de tir.
Il se tenait parfois si pres de lui que Rosenharte voyait les trous d’aeration du chapeau et la marque sur la mince bordure. Il voulait etre vu – c’etait evident – et, a une ou deux reprises, Rosenharte crut qu’il allait l’aborder, mais il s’engouffra chaque fois dans une rue adjacente.
Il se demanda si l’homme etait la partie visible de l’operation de surveillance de la Stasi a Trieste. Elle l’avait mis sur ses talons pour lui rappeler sa presence. Mais etait-ce necessaire ? Elle lui avait explicitement fait comprendre que la ville serait saturee de policiers. Aucun de ses faits et gestes ne lui echapperait.
Un service de renseignements occidental utilisait peut-etre l’homme comme appat pour detourner l’attention de la Stasi. Cela n’avait pas de sens non plus. Si les Americains ou les Britanniques le surveillaient – et pour lui, cela ne faisait pas de doute -, ils connaissaient la presence de la Stasi et l’incluaient dans leurs calculs. Rosenharte finit par conclure que l’homme au chapeau de paille etait un detail, une question secondaire dans un ensemble beaucoup plus menacant.
Il decida de l’oublier et se plongea dans les travaux de la conference sur le renouveau de la conscience artistique durant la Renaissance tardive, un theme qui reunissait cent cinquante specialistes venus de toute l’Europe. Entre deux conferences et groupes de discussion, le docteur Rudi Rosenharte explorait les rues de la ville chaude et insouciante, si magnifiquement imbibee de lumiere estivale. Il se rendait dans les bars autour de la grand-place pour boire un cognac et un expresso, et il regardait la foule, emerveille par le foisonnement incroyable de la vie italienne et, bien entendu, subjugue par la beaute des femmes. Meme en pareilles circonstances, il n’etait pas insensible a leur charme, ni d’ailleurs au contraste avec la vie en Allemagne de l’Est, ou la beaute etait depreciee comme une obsession bourgeoise et ou l’on ne pouvait pas acheter un citron d’un mois sur l’autre.
Cependant, il n’oubliait pas qu’il etait a Trieste pour un rendez-vous avec une ancienne maitresse – une maitresse qu’il savait morte depuis quinze bonnes annees, mais que la Stasi croyait toujours vivante.
Elle prit contact avec lui trois jours apres son arrivee. Dans l’enveloppe contenant le bulletin quotidien des conferences, une note manuscrite d’Annalise Schering lui donnait ces instructions : il devait se rendre seul a l’extremite du Molo IV – l’embarcadere n 4 -, dans le Vieux Port, ou elle l’attendrait en debut de soiree avec du Champagne frais. Plusieurs details rendaient cette note remarquable : la perfection de l’ecriture, la fougue romantique des sentiments et le lieu du rendez-vous, exactement le genre d’endroit a l’abandon qu’Annalise aurait choisi. C’etait comme si ses auteurs avaient synthetise et restitue l’essence d’Annalise. Il relut la note plusieurs fois avant de se rendre a la reception de l’hotel pour appeler sur la ligne interieure le colonel Biermeier, de la direction principale du contre-espionnage de la Stasi, le HVA, qui dirigeait l’operation a Trieste. Ce meme apres-midi, a 15 heures, Biermeier vint examiner la note dans sa chambre.
C’est un faux evident, insistait Rosenharte dans le dos de Biermeier, pendant que celui-ci lisait sur le petit balcon. C’est un piege. Ils essaient de nous rouler. Nous devrions rentrer et tout oublier.
Le colonel secoua la tete et se tourna vers lui. Son visage, d’un blanc malsain, et ses cheveux poivre et sel passes a la brillantine luisaient sous la lumiere du soleil. Il gonfla les joues et agita les revers de sa veste pour s’eventer. Rosenharte, nullement dupe de cette tactique de diversion, fit le vide en lui et lui renvoya un regard calme. Chaque pore de Biermeier suintait l’odeur de la Stasi. Rosenharte se demandait comment Biermeier avait pu mener tant d’operations a l’Ouest sans etre arrete. Non, camarade, ce n’est pas un faux. L’ecriture correspond exactement a nos echantillons. Nous poursuivons, comme l’a ordonne le general Schwarzmeer.
– Mais si ca foire, on me tiendra pour responsable. Vous detenez mon frere et il sera puni. Quelle est cette justice ?
Biermeier sourit, s’approcha et lui passa le bras autour de l’epaule. Allez-y, Rosenharte. Voyez ce que cette femme veut nous dire.