Auteur : Rachel Grunstein | Henri Merou | Jerome Pecnard
Date de saisie : 15/10/2007
Genre : Education, Pedagogie
Editeur : Ed. des Arenes, Paris, France
Collection : Notre ecole
Prix : 12.00 / 78.71 F
ISBN : 978-2-35204-034-7
GENCOD : 9782352040347
Sorti le : 06/09/2007
- Les presentations des editeurs : 16/10/2007
Penches sur leurs pupitres, ils ont trace, a la plume, des lignes d’ecriture cursive stupefiantes de precision et de beaute.
Le geste sur, virtuoses du compas et de la regle, ils nous ont laisse des croquis precis au millimetre et des figures d’anthologie.
Frises enjouees, dessins au pastel, illustrations poetiques et droles… ils ont fait des chefs-d’oeuvre avec quelques crayons de couleur.
Calligraphes a l’encre violette, dessinateurs poetes, geometres en herbe… Ils figurent au tableau d’honneur de notre ecole.
- Les courts extraits de livres : 16/10/2007
Le rituel de recriture
Dans le silence de la classe, les doigts se crispent, le front bute se rapproche du pupitre, les yeux se plissent sous l’effort : l’enfant apprivoise l’ecriture. Autrefois a la plume, aujourd’hui au stylo, il apprend a tracer des lettres qui s’assemblent, forment des mots puis des phrases, a l’encre de son coeur. Un monde nouveau s’ouvre a lui. Mais, pour les ecoliers d’hier, comme pour ceux d’aujourd’hui, qu’il est long et difficile le temps de cet apprentissage !
Lorsque Jules Ferry rend l’instruction obligatoire en 1881, il veut que l’ecrit soit accessible a tous. La Republique a besoin de commis et d’employes. Au fil des annees, les methodes se succedent et l’ecriture se transforme. L’ecriture endimanchee et artistique laisse progressivement la place a une ecriture plus utilitaire, prompte et aisee. L’ecriture ronde ou gothique s’efface devant une ecriture cursive, rapide, elegante et lisible.
L’apprentissage est un rituel. L’eleve apprend a tracer en premier les petiettes, a traits de plume (les i, j, r et t). Viendront les jambettes (les m, n, u, v), puis les ventrues (les a, b, d, p) et enfin les biaizettes (les x, y, z). Toute lettre se doit de comporter trois parties. La partie pleine s’execute en appuyant sur la plume, une autre, tres fine, appelee liaison, se trace du bas vers le haut, enfin le delie unit le plein et la liaison. L’exercice vise a la perfection. La page d’ecriture etait, pour les hussards de la Republique, synonyme de maitrise de soi, de l’esprit et du corps. Le maitre inculque une discipline de fer, au besoin a coups de regle sur les doigts. Il faut se tenir droit, avoir le geste sur, car la main, sans flechir, doit tracer des lettres a l’inclinaison parfaite, sous le modele rouge du maitre.
Bien des dangers guettent l’ecolier consciencieux : la plume gratte le papier lorsque l’on appuie trop fort, les pates ingrats mouchettent la page, la gomme efface les ratures, mais laisse un trou dans la feuille. L’encre violette a disparu. Les pleins et les delies ont a leur tour laisse la place a une ecriture moins formelle et plus libre. Mais, pour l’ecolier, la magie de l’ecriture demeure : elle est eternelle comme l’enfance.
Rachel Grunstein