Auteur : Michel Serres
Date de saisie : 01/11/2007
Genre : Art – Peinture
Editeur : le Pommier, Paris, France
Collection : Beaux livres
Prix : 39.00 / 255.82 F
ISBN : 978-2-7465-0350-2
GENCOD : 9782746503502
Sorti le : 20/10/2007
- Les presentations des editeurs : 02/11/2007
Neuf tableaux eblouissants de Carpaccio entourent, embrassent la chapelle des Esclavons, a Venise (Scuola di Schiavoni) Admiratifs, nous les contemplons un par un : saint Georges terrasse le dragon ; saint Jerome amene au monastere son lion ; saint Augustin entre en extase… Dans cette serie grandiose, le peintre a-t-il eu l’intention de raconter une histoire, comme s’il s’agissait d’une bande dessinee ? Auteur d’un premier livre, deja trentenaire, sur Carpaccio, Michel Serres propose dans ce livre second, de raconter, justement, cette histoire.
Comment passer du combat mortel a la paix ? Mille manieres d’accomplir une telle evolution : vitale, morale, historique, politique, religieuse… se tissent ensemble pour aboutir a un recit unique dont l’elan ressemble a celui de l’hominisation. Nous souffrons tous des violences de la vie; nous en attendions plus de douceur. Les recits racontes ici invitent a cette esperance.
- Les courts extraits de livres : 02/11/2007
PARUES EN 1975, mes Esthetiques sur Carpaccio, dont je deplore parfois le style pratique pendant une jeunesse ou une tension insupportable provoquait de l’obscurite, decrivent l’un apres l’autre quelques tableaux, non tous, de la chapelle des Esclavons, a Venise, sans tenir compte de leur enchainement.
Revenu sur des lieux qu’alors j’avais hante longtemps, j’eus l’intuition, trente ans apres, que la serie racontait une histoire ou plusieurs ; non pas seulement le triple cycle des saints dalmates, Georges, Tryphon et Jerome, que la confrerie, la reunie, reverait, mais une geste complete d’initiations, de conversions, personnelles peut-etre, collectives sans doute, plus profondes encore, je crois ; en tout cas, des recits. Que voici.
En quatre tableaux plus longs que hauts, la geste commune de Georges et Tryphon occupe les deux premiers murs de la chapelle, a gauche en entrant et au fond ; viennent ensuite, sur la muraille de droite, deux scenes de l’Evangile, plus hautes que longues : l’agonie du Christ et la vocation de saint Matthieu ; suit la vie de saint Jerome, en deux nouveaux tableaux, de nouveau plus longs ; la serie se termine avec saint Augustin en extase dans sa cellule. Plusieurs recits, d’un seul tenant me semble-t-il aujourd’hui, traversent des souffrances mortelles, paiennes, chretiennes, bruit et fureur sacrificiels, au sortir de quoi la conversion a l’Ecriture, prise comme pivot, rend possible, des la terre, le passage de cet enfer de violence au paradis, de la mort a la vie, de la chair en morceaux a l’esprit. Carpaccio raconte-t-il, d’abord, la genese du spirituel ? De la gauche vers la droite, dans le sens de la lecture, ces neuf toiles, gloire des Schiavoni, me paraissent, en effet, dire, d’une seule coulee, comment liberer ces esclaves-la : eux, nous, tout le monde.