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Ce ne sont que des mots

Couverture du livre Ce ne sont que des mots

Auteur : Catharine McKinnon

Traducteur : Isabelle Croix | Jacqueline Lahana

Date de saisie : 11/04/2007

Genre : Sociologie, Societe

Editeur : Des femmes-Antoinette Fouque, Paris, France

Prix : 10.00 / 65.60 F

ISBN : 2-7210-0541-3

GENCOD : 9782721005410

Sorti le : 29/03/2007

  • Les presentations des editeurs : 16/06/2007

CE NE SONT QUE DES MOTS

Il n’existe aucune preuve etayant la these selon laquelle la pornographie ne cause pas de prejudices, et meme les tribunaux ne cherchent plus de faux-fuyants devant ses ravages. Le scandale aujourd’hui, c’est que les prejudices qu’elle provoque constituent la preuve de sa puissance en tant qu’idee et, que, donc, elle doit etre protegee au nom de la liberte d’expression. Ayant transforme des prejudices reels en idee de prejudice, et la discrimination en diffamation, les tribunaux nous disent en substance que, dans la mesure ou les produits sont diffamatoires, c’est-a-dire contiennent des idees diffamatoires, ils doivent etre proteges, meme s’ils exercent une discrimination a l’encontre des femmes en usant de moyens qui vont de la reification au meurtre.

C.A.M.

Catharine A. MacKinnon, docteure en droit et en sciences politiques, avocate a la Cour supreme, est l’une des grandes figures du feminisme americain. Ses nombreux ouvrages (dont Le Feminisme irreductible, publie en 2005 aux Editions Des femmes-Antomeue Fouque) s’attaquent aux violences sexuelles faites aux femmes, et notamment a la pornographie.

  • Les courts extraits de livres : 16/06/2007

Pour les tenants de cette conception, l’argument selon lequel la pornographie est un acte perpetre contre les femmes est une affirmation metaphorique ou surrealiste, rhetorique ou irreelle, une hyperbole litteraire ou un instrument de propagande. Partant du postulat que les mots n’ont qu’une relation referentielle avec la realite, ils defendent la pornographie comme n’etant faite que de mots – meme lorsqu’elle se presente sous forme d’images necessitant l’utilisation directe de femmes, meme lorsqu’elle est ecrite avec des corps de femmes, meme lorsque des femmes sont detruites afin qu’elle soit exprimee ou montree ou parce qu’elle a ete exprimee et montree.
L’une des conceptions de la protection de la liberte d’expression repose sur le principe que les mots expriment quelque chose et sont donc presumes constituer une forme d’expression a proteger. Cela vaut egalement pour les images, dont le contenu expressif beneficie du meme niveau de protection. Or la vie sociale regorge de mots que la loi traite comme les actes qu’ils designent sans que cela paraisse le moins du monde contraire au premier amendement. La comparaison des cas ou le premier amendement est invoque avec ceux ou il ne l’est pas est particulierement edifiante. Ainsi, l’ordre Tue lance a un chien dresse n’est qu’un mot, qui n’exprime pas le point de vue je veux te voir mort, alors qu’en realite, c’est generalement ce qu’il fait. Cet ordre est considere comme un acte assimilable a la destruction d’un individu, comme lorsque l’on dit a un peloton d’execution : Pret, visez, tirez. Aux termes de la legislation anticorruption, se prononcer pour le oui lors d’un vote legislatif entraine un delit qui n’est fait que de mots. Il en va de meme de la fixation concertee des prix dans le cadre des lois antitrust ; dire : Augmentez vos fichus prix de vingt pour cent et j’augmenterai les miens demain matin n’est pas considere comme une forme d’expression protegee mais comme une tentative de monopolisation, un delit hautement verbal.