Ce que le vent apporte

… Je vais vous parler d’un coup de coeur personnel sur une bande dessinee recente d’un jeune auteur espagnol : Jaime Martin, Ce que le vent apporte, dans la collection Aire libre, chez Dupuis. C’est l’histoire d’un jeune medecin qui se retrouve au fond de l’Oural dans sa clinique tres isolee au milieu de la foret. Il se retrouve tres vite confronte a une mysterieuse affaire qui ensanglante les neiges alentours et qui rend la population du coin hostile a son egard, qui a du mal a faire confiance a son jeune age. Ce jeune medecin, comprenant qu’il ne devra compter que sur lui-meme, va se debrouiller seul avec l’aide de ses quelques infirmiers et infirmieres qui travaillent a ses cotes, pour essayer de trouver lui-meme sa verite, ce qui l’aidera probablement a se faire accepter plus facilement par cet entourage hostile tout au long de cet album. Cette histoire angoissante va etre servie par un dessin assez epure, des couleurs tres sobres, pas de grands aplats de rouge, de quoi que ce soit, plutot des couleurs tenues a la limite du pastel, ce qui rend cette histoire beaucoup plus sombre. Ca cree un climat assez angoissant, assez terrorisant. Une grande insistance sur les regards de chacun des personnages, que ce soit les personnages principaux ou les personnages secondaires. Chaque regard est tres expressif : la terreur, la crainte de l’autre, la crainte de l’inconnu, l’angoisse, tout cela est bien traduit par ces regards et ces couleurs. La tension regne en permanence de la premiere a la derniere page. Le mystere garde toute son ampleur grace a ces regards. Les decors sont juste le minimum, juste ce qu’il faut, pas trop de details, rien qui ne desservirait l’histoire en fait. Beaucoup de gros plans. Pour le coup, on se sent vite happe par l’ambiance, on prend vite fait et cause pour ce jeune medecin, et on suit vraiment avec lui l’histoire, on cherche avec lui qui ou quoi peut ensanglanter toutes ces neiges alentours. L’insecurite est latente. Ce dessin en permanence sombre – parce qu’il ne faut pas oublier que l’histoire se passe essentiellement la nuit pour la plupart du temps -, ce dessin sombre cree un malaise permanent dans lequel ce jeune medecin se debat, et du coup, on se debat tous avec lui, jusqu’a decouvrir bien evidemment la verite, verite bien sur que je ne vous devoilerai pas, puisque je vous invite evidemment a la decouvrir vous aussi en lisant ce tres bel ouvrage…

Yan Jamey – 19/10/07

– Mais de quoi ont-ils peur ?

– Moi, j’ai pas peur. Galina est mon chien-loup. Il tuera celui qui me veut du mal.

– Personne ne te veut du mal, Marina. Cet homme est le nouveau docteur…

– Mes parents, y disent qu’il veut se faire la main sur nous.

Russie, 1916.

Pour fuir la police tsariste, le jeune Alexandre accepte un poste de medecin au fin fond de l’Oural. La-bas, l’homme qu’il remplace a ete sauvagement assassine. Mais ce n’est pas la premiere fois que la neige se trouve ensanglantee quand soufflent les vents mauvais. Ainsi, loin de la revolution rouge, la mission d’Alexandre tourne au roman noir.