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C’etait l’an 42

Auteur : Nella Bielski

Date de saisie : 19/04/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Quidam editeur, Meudon, France

Collection : Made in Europe

Prix : 18.00 €

ISBN : 978-2-915018-28-8

GENCOD : 9782915018288

Sorti le : 19/04/2008

  • Le choix des libraires : Choix de Michel Sanche de la librairie LIBELLIS a Narbonne, France – 18/07/2008

Je n’ai trouve aucune critique ni aucun compte rendu de ce livre paru en avril. J’ai l’impression qu’il est passe completement inapercu. Avant qu’il ne soit trop tard, lisez et conseillez ce magnifique roman, sensible et emouvant.
Entre Paris et la Russie, pendant l’occupation allemande, le destin de trois personnages pleins d’humanite.
L’anti-Bienveillantes…

  • Les presentations des editeurs : 30/03/2008

C’etait l’an 42
Nella Bielski

1942 : la barbarie nazie est a l’oeuvre en Europe. L’Allemagne a quasiment defait tout le continent et menace la Russie.
Dans Paris occupe, Karl Bazinger, officier de la Wehrmacht, realise qu’il ne peut plus ignorer ce qu’est cette guerre. Aventurier, voyageur, parfait gentleman, Karl a jusqu’alors toujours privilegie la vie a la politique mais desormais il s’interroge sur le regime qu’il sert. En Allemagne, son ami de la Luftwaffe Hans Bielenberg a trouve la reponse a ce dilemme dont il sait avec certitude qu’elle le conduira a la mort. A Kiev, la doctoresse et guerisseuse Katia prend soin de ce qu’il reste de sa famille, decime a la fois par le Goulag et le massacre de Babi Yar.

Dans un style lumineux et sur le ton de l’elegie, Nella Bielski entremele, dans ce roman tres russe, les destins de vies prises dans les soubresauts de l’Histoire. C’etait l’an 42 est cisele comme un tableau de maitre.

Un roman dense et insaisissable, bouleversant et original.

John Le Carre

  • Les courts extraits de livres : 30/03/2008

Dans sa chambre de l’hotel Berkeley, avenue Matignon, le capitaine Karl Bazinger prenait son bain.
Il s’etait reveille trop tot : un souci. Son fils Werner allait etre appele. En garnison a Berlin meme, il est vrai dans un premier temps : l’Ecole de l’Air. Bazinger, une jambe pliee, se savonnait la cheville. Peau fine. Pilosite modeste excepte sur le crane : ses cheveux poussaient de plus belle, a quarante-huit ans passes. Une vraie pelouse, bien tondue : un mot de Madeleine. Karl Bazinger sourit. Les tres jeunes femmes ne lui disaient pas grand-chose, mais Madeleine, sa chevelure noire un fleuve, lovee sur son sofa, a divaguer apres l’amour, sur Nietzsche, ses jambes interminables ramenees sous le menton, oui Madeleine, elle, le touchait. Les pelouses, il n’aimait pas. Dans sa maison, en Saxe, il fauchait ou laissait les moutons brouter sous ses fenetres, au petit bonheur. Il considerait leurs visages. Pour lui, les moutons avaient des visages. Visages d’une enfance, curieusement, alors que la sienne il l’avait passee sans qu’il y eut un seul mouton a contempler.
Karl Bazinger avait un autre fils, Peter, sept ans. Loremarie, sa femme, gardait, immuable, la maison. Les premieres contre-attaques des Russes ne promettaient pas une permission bien proche. Peu importe, puisque sa vie a Paris etait pas mal divertissante. De Malesherbes a Passy, via le faubourg Saint-Germain, on l’accueillait a bras ouverts.
Les jeudis, diners chez les Nallet, salon de boiseries blondes donnant sur un jardin ou les oiseaux chantent a tue-tete, pates aux truffes, salade de pissenlits cueillis au Bois de Boulogne, haut-brion. Rarement plus de quatre convives. Un soir, Karl Bazinger se trouve devant Drieu, un autre il est surpris de revoir la Eloi Bey, sa vieille connaissance du Caire, un troisieme, c’est Coco Chanel, couverte de chaines et d’emeraudes, ou Serge Lifar.
Une seule alarme, jusqu’ici, a propos de ses frequentations de la fine fleur parisienne : une remarque en coup de vent, de von Stulpnagel – ils se croisaient dans un couloir du Majestic : J’aurai bientot du mal a vous maintenir a Paris, mon cher Karl. Parlez toutes les langues que vous voudrez, vous en connaissez tant, mais arrangez-vous pour que votre nom ne vienne pas sur le tapis, a l’Office de Surete !…
De quelle langue pouvait-il s’agir ? Ah si ! Chez ces memes Nallet, mais quand ca ? Il y avait la cet antiquaire du Faubourg Saint-Honore, son eternel chale de vigogne sur l’epaule. On parlait des lettres de Rimbaud, les lettres d’Abyssinie. Etait la aussi son ami Feval, le photographe de la place des Vosges, chez qui Bazinger aimait entrer sans prevenir, chaque fois qu’il passait par la. Puis la conversation etait venue sur Yeats. Feval dormait. Madeleine, sous la table, de sa souple cheville caressait la jambe de Karl Bazinger, et lui se mettait a parler anglais. On parle souvent anglais chez les Nallet, c’est leur langue d’origine. J’oublie les domestiques. Ils sont la plantes comme des fantomes. Lui, officier de la Wehrmacht, parlait anglais dans le beau monde. Cela s’etait su. Les Bruns s’immiscaient partout, meme a mille kilometres de la Prinz Albertstrasse. Karl Bazinger eut un frisson : l’eau du bain s’etait refroidie.

Il fit couler de l’eau chaude tout en remontant le cours des derniers mois. Il se revoyait convoque, une quinzaine de jours plus tot, par le colonel Oswer, du cabinet de Schelenberg, rien de bien mechant. Dans les annees 20, Peter Oswer et lui etaient condisciples a Gottingen, ils y faisaient leur droit.

Vos mondanites, Bazinger, disait le colonel nouvellement promu, c’est toute une legende deja, vos succes aupres des femmes… Excellent, on vous felicite ! Mais si nous parlions de la facon dont nous pourrions faire fructifier vos talents de societe… Vous ne voyez tout de meme pas nos services doubles par la Gestapo ? Elle empiete deja sur nos prerogatives, vous vous en doutez… Eh bien, il s’agirait tout simplement, Bazinger, de faire, dans vos frequentations, un choix. Et d’ouvrir l’oreille, vous me suivez ? Cette dame russe, le docteur Troubetskoi, une princesse – oui, je sais, ils se disent tous princes, ces Russes blancs -, il y a des choses pas ininteressantes qui se trament dans sa clinique, a Bourg-la-Reine… Y etes-vous alle a propos ou ne vous rencontrez-vous que dans les cimetieres ?… Et cette exquise creature, Eloi Bey, chez qui vous prenez le the, place du Palais Bourbon, vous n’allez pas me dire que vous ignorez qu’elle se compromet jusqu’au cou avec l’Intelligence Service… Oh, jusqu’ici ces Francais ne nous font pas trop d’histoires, c’est vrai, mais la guerre s’enlise, Bazinger. En pays ennemi, il faut s’attendre a tout.