Auteur : Jean-Philippe Domecq
Date de saisie : 16/08/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Fayard, Paris, France
Collection : Litterature francaise
Prix : 18.00 / 118.07 F
ISBN : 978-2-213-63412-8
GENCOD : 9782213634128
Sorti le : 16/08/2007
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Les presentations des editeurs : 04/09/2007
Sur un des carrefours qui delimite la rue, un homme regarde passer les voitures.
Il a l’air de venir de tres loin. D’au-dela de tous les peripheriques. De si loin qu’on l’appelle “L’Abyssinien”. Sur l’autre carrefour, un magasin, epicerie et epicentre, ou se croisent parfois les habitants. Un couple de vieux, un autre de jeunes. Une ancetre plus que bizarre. Un solitaire de retour apres quinze ans. Tout cela n’a l’air de rien. Mais aussi l’air inquietant. Une menace semble monter, des caves jusqu’aux astres, comme une maree.
Un grand derangement se prepare, que tous ces gens sentent venir sans pour autant le comprendre. Roman fable, ou l’intime sensation des corps rejoint l’infini cosmique, Cette rue evoque ce qui couve pour les hommes et pourtant depasse leur entendement.
Jean-Philippe Domecq est romancier et essayiste.
- La revue de presse Emmanuel Carrere – Le Figaro du 6 septembre 2007
Et voici ce nouveau roman, Cette rue, qui nous ramene au point de depart de l’aventure, c’est-a-dire a l’observation medusee du reel. Plus d’ecran cette fois-ci, plus de culture, ni de debat, ni d’argumentation, juste cela : cette rue. Une de ces rues ou l’on ne fait que passer. Une rue a sens unique, en plus, dans un de ces quartiers dont on aurait du mal a dire s’ils sont peripheriques. Une rue avec ses habitants…
Dans ce livre ou vacille tout ce qui couve pour les hommes et pourtant depasse leur entendement, c’est finalement le cosmos qui a, pas le dernier mot, il n’y en a pas sur ce terrain, mais, a intervalles reguliers, des mots comme celui-la : Au-dessus du recit, tranquille, tres en dessus, parmi les zones sombres de Titan couvertes d’oceans de methane, il y avait une mer de dunes, au moins. Et autour du recit, de Titan, au-dessus de l’epicerie, de la rue, le ciel solaire n’a l’air de rien, mais tout de meme. Oui, tout de meme.
- Les courts extraits de livres : 04/09/2007
Et donc,
Ce que le recit dit au debut, c’est qu’il y avait ce couple de vieux dans la rue, toujours, quand on y passait. Sauf peut-etre entre midi et deux, et encore, peut-etre y etaient-ils quand meme, mais on evitait, vu la chaleur.
Ce n’etait pas une rue passante, a vrai dire. A part une voiture ou deux qui s’arretaient au feu qui la plupart du temps clignotait pour aucune. Les gens, le plus qu’il en passait, c’etait en milieu de matinee, pour faire les courses aux commerces de la place, au bout du bas de la rue, puisque l’autre bout donnait sur un carrefour sans commerces, lui, que traversait un boulevard avec encore moins de pietons si possible, mais ou les voitures deboulaient vite et de front, d’ou sans doute la coulee d’air gris sous le soleil, et Dieu sait si le soleil tapait a l’epoque, entre maisons et platanes ou devaient se meler chaleur et vapeurs d’essence. Tout ca dans un de ces quartiers dont on aurait du mal a dire s’ils sont peripheriques, meme.
Seulement voila, chaque fois qu’on passait, chaque fois les deux vieux y etaient. Meme la nuit apres diner. Et meme apres minuit, bien apres. Et le soir ? Oh, le soir…
Le soir, entre six et huit, ils etaient assis cote a cote, toujours, sur le pas de la porte ouverte. C’etait leur porte : ils y entraient, ils en sortaient, c’etait leur porte. Ouverte le soir et seulement le soir. Mais on ne voyait rien au-dela du seuil. D’abord parce qu’on n’osait pas trop regarder, les deux vieux assis devant ne demandant qu’a commenter ce qui se passait, c’est-a-dire pourquoi on passait, alors on passait. De toute facon il faisait trop sombre par cette porte, c’est tout. Par la fenetre attenante en revanche, fenetre ouverte comme la porte uniquement pour la seance sur chaises, on n’en devinait guere plus que par la porte, mais, si discret fut le coup d’oeil, c’etait curieux cette lueur mouvante et flashee de ce qui ne pouvait etre qu’une tele allumee ; car, si ecran allume c’etait, et ca l’etait, il n’eclairait pas le moindre angle de buffet, pas la moindre etagere, la moindre cruche jaune et bleu publicitaire, le moindre papier peint pendouillant du moindre mur. Allumee pas pour eclairer la piece, la tele donc. Mais pas pour eux non plus, puisqu’ils etaient dehors.
Encore que, peut-etre ils ecoutaient le son.