Challans et le Pays maraichin

Au commencement etaient deux chapelets de roches : l’un a l’entree du golfe de Machecoul et l’autre au large, devant celui de Challans. Vous reconnaissez la, au nord, les rochers de Bouin et, au sud, le Pont d’Yeu. Ce sont en quelque sorte les assises, les premieres pierres qui ont fonde ce pays. Ce sont bien les maraichins qui ont, pendant ce dernier millenaire, dresse cent kilometres de chaussees face a la mer et creuse cent fois plus de fosses.
Car jamais terroir ne fut plus realiste que ce pays maraichin, sans cesse rappele au souvenir de sa naissance laborieuse et a la necessite d’une lutte de tous les instants pour survivre. Ce fut en effet dans la douleur que ce pays trempa son caractere. Ne dans le denuement, c’est a lui seul qu’il doit son essor. Ce fut sa chance !

Au commencement

Au commencement etaient deux chapelets de roches : l’un a l’entree du golfe de Machecoul et l’autre au large, devant celui de Challans. Vous reconnaissez la, au nord, les rochers de Bouin et, au sud, le Pont d’Yeu. Ce sont en quelque sorte les assises, les premieres pierres qui ont fonde ce pays.

Tout est parti de la, il y a fort longtemps. Pourtant ce marais etait encore bien loin d’etre dessine ! Car, dans cette grande agitation des origines, le Createur – ou la nature – l’avait tout simplement oublie, laissant au temps le soin de faire son ouvrage : que les houles sans cesse recommencees accrochent a ces deux ecueils des argiles et des sables pour dresser les dunes de Monts et former l’ile de Bouin. C’est en effet derriere celles-ci qu’un espace protege des flux marins se revelera etre propre aux depots de sediments fins tout en recevant, en outre, les eaux douces descendues du bocage de l’arriere-pays. Restait donc aux maraichins a faire ce que des auteurs regionaux – Jean Yole et Julien Rousseau -ont appele l’epopee maraichine ou le grand oeuvre des maraichins : transmuter le plomb vil de ces vasieres en une terre porteuse de vertes prairies naturelles ou de l’or blanc des salines !

Car ce sont bien les maraichins qui ont, de leurs petites mains, pendant ce dernier millenaire, dresse cent kilometres de chaussees face a la mer et creuse cent fois plus de fosses.
Cette entree en matiere maraichine, sans doute un peu cavaliere, trouvera au cours de notre periple des precisions ou, toujours, le mythe le cedera a l’Histoire. Car jamais terroir ne fut plus realiste que ce pays paraichin, sans cesse rappele au souvenir de sa naissance laborieuse et a la necessite d’une lutte de tous les instants pour survivre. Ce fut en effet dans la douleur que ce pays trempa son caractere. Ne dans le denuement, c’est a lui seul qu’il doit son essor. Ce fut sa chance ! Pas etonnant qu’il soit conscient de lui-meme et s’enorgueillisse de sa singularite ! Comme le philosophe du XVIIIe siecle, il pourrait s’ecrier : Si je ne suis pas meilleur, au moins je suis autre ! Il pourrait meme rajouter : Je suis maraichin !