
Auteur : Giacomo Leopardi
Preface : Mario Fusco
Traducteur : Michel Orcel
Date de saisie : 11/12/2006
Genre : Poesie
Editeur : Flammarion, Paris, France
Collection : Bilingue, n 1242
Prix : 8.30 / 54.44 F
ISBN : 978-2-08-071242-4
GENCOD : 9782080712424
Sorti le : 13/05/2005
- Les presentations des editeurs : 11/12/2006
Vers 1816, au fin fond d’une province pontificale d’Italie du Nord, un jeune homme melancolique, petri de lectures erudites, s’apprete sans espoir a l’oeuvre de sa vie. Ce jeune homme, c’est Giacomo Leopardi. Il ecrit des poemes renouant avec la plus haute tradition italienne, celle qui remonte a Petrarque et au Tasse : en 1831 parait la premiere edition des Canti. De la vehemence des premieres canzones (A Angelo Mai, Brutus) aux meditations nocturnes des idylles (L’Infini, Le soir du jour de fete, A la lune), en passant par les grands poemes philosophiques (Le genet), le poete chante la solitude et l’exclusion, le temps repetitif et destructeur, le destin et la perte… Tour a tour elegiaque et revolte, nihiliste et exalte, Leopardi inaugure une forme nouvelle de lyrisme – un lyrisme decante de toute mievrerie : du moi au nous, sa voix deplore au nom de tous la souffrance d’etre. On peut dire de la poesie lyrique qu’elle est la cime, le comble, le sommet de la poesie, qui est elle-meme le sommet du discours humain, ecrivait-il dans son grand journal intellectuel, le Zibaldone. Ce recueil d’une noire beaute inspira des esprits aussi divers que Schopenhauer, Sainte-Beuve, Musset, Nietzsche, Laforgue, et, plus recemment, Walter Benjamin ou Giuseppe Ungaretti.
- Les courts extraits de livres : 11/12/2006
A l’Italie
O ma terre, je vois les murs, les arcs,
Et les colonnes, les effigies, les tours
Desertees de nos ancetres,
Mais point ne vois ta gloire,
Point ne vois le laurier ni le fer dont nos antiques
Peres etaient charges.
Ores sans armes,
Tu montres ta tete nue, ta gorge nue.
Helas, que de blessures !
Quelle paleur, quel sang ! Helas, comment te vois-je,
Femme si belle ! Je le demande aux dieux,
Au monde : ah, dites-moi,
Qui l’a reduite a cela ? Et pire encore :
Qui donc de chaines a charge ses deux bras,
Pour que, cheveux epars, privee de voile,
Sur le sol, inconsolable et delaissee,
Elle cache entre ses genoux
Son visage et qu’elle pleure ?
Pleure, car tu le peux, mon Italie,
Nee pour passer les peuples
Dans le sort faste et le mauvais destin.
Si tes yeux memes etaient deux sources vives,
Jamais tes larmes ne pourraient
Suffire a ta vergogne et a ta ruine,
Car, maitresse jadis, te voici pauvre servante.
Qui, se ressouvenant de ta renommee morte,
Parle de toi sans dire :
Jadis elle fut grande, ce n’est plus elle ?
Pourquoi, pourquoi ? Ou est la force ancienne ?
Ou sont les armes, la bravoure, la foi ?
Qui t’a ote le glaive ?