Auteur : Fabrice Glockner
Preface : Jean-Claude Bousquet
Date de saisie : 30/03/2008
Genre : Theatre
Editeur : Cardere, Laudun, Gard
Collection : Dialogue
Prix : 15.00 / 98.39 F
ISBN : 978-2-914053-42-6
GENCOD : 9782914053426
Sorti le : 14/03/2008
- Les presentations des editeurs : 04/04/2008
La scene se deroule en 1867. Charles Baudelaire a formule une demande d’admission au sein d’un Ordre Initiatique. Un Grand Initie est charge de deceler ses motivations profondes.
Le parfait Alchimiste du Verbe, ayant perce le secret de l’univers, et l’Initie aux mysteres eternels, capable de voir au-dela du miroir, se livrent, dans un des salons du somptueux hotel Pimodan, a une conversation intime et passionnee. Charles Baudelaire consentira-t-il a la mort initiatique et trouvera-t-il enfin le Nouveau auquel il aspire ?
Sera-t-il pret a entreprendre ce voyage symbolique, en marge du monde contemporain et de la realite quotidienne qui l’oppresse ?
Le Grand Initie reussira-t-il a guerir le poete de son angoisse du Spleen 9 Sera-t-il lui-meme metamorphose par cet entretien et definitivement acquis au langage des fleurs et des choses muettes ?
Dans un dialogue imaginaire entre le poete et un Grand Initie, l’auteur nous livre des clefs inedites de la spiritualite baudelairienne et de la sagesse initiatique. Il invite a reconnaitre en Baudelaire un Semblable, un Frere en Ideal.
Preface de Jean-Claude Bousquet
Fabrice Glockner est ne en 1968 a Villeneuve-lez-Avignon. Il se consacre aujourd’hui a l’ecriture en Lozere.
- Les courts extraits de livres : 04/04/2008
LE GRAND INITIE
Une premiere lecture des Fleurs du mal laisse le sentiment d’un univers livre a Satan, a la corruption et a la misere, a la debauche et a l’hypocrisie.
Votre adresse Au lecteur m’a marque par son pessimisme. Il me vient en memoire ces quelques vers :
La sottise, l’erreur, le peche, la lesine.
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Si le viol, le poison, le poignard, l’incendie,
N’ont pas encor brode de leurs plaisants dessins
Le canevas banal de nos piteux destins.
C’est que notre ame, helas ! n’est pas assez hardie.
Vous maniez comme nul autre la science du Verbe, vos vers sont d’une maitrise parfaite et d’une rare beaute. Ils revelent toutefois une approche tragique de la nature humaine, un manque de confiance en l’homme que vous jugez criminel et demoniaque dans le pire des cas, mesquin et vil dans le meilleur.
Reellement, croyez-vous en la presence des demons en l’homme – je devrais plutot dire en leur omnipresence ?
CHARLES BAUDELAIRE
Des demons et de la connerie !
C’est que le monde, Cher Monsieur, est un enfer ou l’homme est en proie a l’accablement permanent. Alors oui, je suis persuade de l’omnipotence des demons en l’homme.
Vous tombez mal. C’est un mauvais jour pour moi. Je viens d’apprendre que l’Academie Francaise, ce temple de l’intrigue et de l’hypocrisie, ce haut lieu de la mediocrite et des convenances, a rejete ma candidature. Remarquez, je m’y attendais; mais avec une seule voix pour ma personne, je suis abasourdi, et ce qui n’arrange rien, par ailleurs crible de dettes.
J’espere que mes propos ne vous choquent pas trop. Ces abrutis, ces niais poudres et fardes, ces vieillards en ridicules habits verts m’ont tellement decu que j’en perds toute retenue. Ils n’ont veritablement aucun sens de la poesie. C’est un jour a Spleen, comme j’en connais tant, maintenant que j’ai touche l’automne des idees.
Quand le ciel bas et lourd pese comme un couvercle
Sur l’esprit gemissant en proie aux longs ennuis.
Et que de l’horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits :
Quand la terre est changee en un cachot humide.
Ou l’Esperance, comme une chauve-souris.
S’en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tete a des plafonds pourris :
C’est oppressant. C’est une sensation d’etouffement. Et ce n’est pas une image litteraire ! Imaginez dans ma pauvre tete des cloches qui tout a coup sautent avec furie et se mettent a geindre opiniatrement.
LE GRAND INITIE
Et pourtant, vous ecrivez des poemes lumineux : je pense a L’invitation au voyage, Le beau navire, La vie anterieure… Vous y montrez une indeniable capacite d’elevation.
Au total, vous donnez le sentiment d’un etre profondement partage entre la lumiere et les tenebres, l’azur et la nuit, entre l’Ideal inaccessible et la dure realite. Le titre de votre recueil, Les Fleurs du mal, ainsi que celui de la premiere partie, Spleen et Ideal, sont revelateurs de cet ecartelement.
Pourquoi etes-vous si contradictoire, pourquoi ne pas faire taire les mauvaises pulsions qui obscurcissent votre coeur ? Pourquoi, dirais-je presque, vous y complaire avec tant de delectation morose, pourquoi exagerer vos penchants negatifs et ne pas voir principalement le Beau, le Vrai, le Juste, qui sont en vous, je le sais Baudelaire, comme en tout homme ?