Auteur : Pierre Peju
Date de saisie : 23/08/2007
Genre : Romans et nouvelles – francais
Editeur : Gallimard, Paris, France
Collection : Blanche
Prix : 18.50 / 121.35 F
ISBN : 978-2-07-078102-7
GENCOD : 9782070781027
Sorti le : 23/08/2007
L’Alinea (Martigues)Dialogues (Brest)Durance (Nantes)Maison du livre (Rodez)Mollat (Bordeaux)Ombres Blanches (Toulouse)Sauramps (Montpellier)Thuard (Le Mans)
- Le courrier des auteurs : 26/09/2007
… J’accorde une tres tres grande importance aux libraires qu’on appelle libraires independants, c’est-a-dire ceux qui ont des vrais choix, qui savent mettre en avant certaines oeuvres et qui savent defendre les livres qu’ils aiment. Je suis tres reconnaissant a de nombreux libraires en France qui ont defendu mes livres et qui, je l’espere, defendront aussi celui-ci, parce qu’un libraire auquel sa clientele fait confiance, auquel les habitues de sa librairie font confiance, peut enormement pour un livre. Et je dirai qu’un libraire peut plus pour un livre que les critiques. Donc, j’aime les libraires. Je suis moi-meme fils de libraire, mon pere avait cree a Lyon une grande librairie qui s’appelait la librairie La Proue. Et je crois que mon grand plaisir dans la vie, c’est d’entrer dans les librairies et d’y passer de tres longs moments. Que ce soit des librairies generalistes, des librairies specialisees, des librairies d’occasion, je n’en manque aucune, y compris quand je suis a l’etranger et y compris lorsque c’est dans des pays dont je parle tres peu la langue, j’aime me trouver parmi les livres. J’ai une preference pour les librairies petites et moyennes dans lesquelles on peut rester un grand moment, et fouiner, et faire des decouvertes, et puis surtout, decouvrir les gouts, les choix des libraires. Parce qu’un libraire, c’est un peu comme un collectionneur pour la peinture ou pour les arts plastiques. Un libraire est quelqu’un qui a sa propre bibliotheque mentale qu’il sait mettre en avant. En rentrant dans une librairie, on sait qu’on entre un peu dans la tete d’un libraire en tant que libraire et lecteur. Que ce soit a Paris ou dans certaines villes de France, et entre autres dans la ville pres de laquelle j’habite c’est-a-dire Grenoble, il y a des librairies que j’aime beaucoup parce qu’elles sont de taille tout a fait raisonnable, tout en ayant un grand choix de livres. Et evidemment, on a toujours soif d’une sorte de decouverte d’un auteur dont on n’a jamais entendu parler ou d’un auteur qu’on n’a jamais encore lu et avec le livre duquel on va ressortir. Voila, sur ces paroles, je vais dire au revoir a tous, au revoir aux Internautes, au revoir aux libraires et aux lecteurs, et je reste avec mon Coeur de pierre, d’une pierre qui est tantot friable, tantot dure peut-etre, mais qui bat tranquillement lors de cette rentree litteraire bien chargee. A bientot.
- Le journal sonore des livres : Lu par Pierre Peju – 05/09/2007
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Pierre Peju – 05/09/2007
- Les presentations des editeurs : 04/09/2007
Leila, une lyceenne ardente et audacieuse, troublee par un cours de philosophie sur les ames et les sorts, decide de tout quitter, famille, etudes, banlieue, pour partir sur les routes.
Schulz, un homme errant, au bout du rouleau, entraine la jeune fille dans une fatale randonnee. Il y a aussi Ellen, belle Irlandaise, Juliette, comedienne en quete d’un role, Mahler, psychanalyste detraque, et Larsen, le romancier aux prises avec l’une de ses creatures…
Qui manipule ces personnages ?
Seule Meme la Noire, la femme oracle, connait le secret des destins croises.
Roman captivant, Coeur de pierre est aussi un recit ironique et metaphysique, qui parle du Destin, de l’incertitude des relations et des pouvoirs de l’ecriture.
Pierre Peju est l’auteur, aux Editions Gallimard, de Naissances, de La petite Chartreuse (prix Inter 2003, porte a l’ecran par Jean-Pierre Denis en 2005) et du Rire de l’ogre (prix du Roman FNAC 2005). Ses romans et ses essais sont traduits dans une vingtaine de langues.
- La revue de presse Bernard Morlino – Le Figaro du 25 octobre 2007
Roman borgesien avec ce qu’il faut de labyrinthes et de miroirs. Roman bien mene, divertissant et qui fait reflechir. Ceux qui auront ce livre entre les mains ne s’ennuieront pas une seconde et joueront avec les moi reels ou reves. N’est-ce pas la plus belle des recompenses pour un romancier ? L’histoire met en lumiere un ecrivain qui au moment de detruire ses manuscrits tombe sous la menace de ses personnages rendus a l’air libre. Faits d’encre et de papier, Schulz et Leila deviennent etres de chair et de sang. Tres vite, la jeune fille reclame d’agir a sa guise, refusant de dependre de l’humeur d’une personne qui a un stylo a la main ou un ordinateur sous les doigts…
Ce roman sur le destin explore les vies gigognes que chacun accumule. Il fait penser a un bouquet d’anemones, toutes pareilles et pourtant de couleurs differentes.
- La revue de presse Jean-Louis Ezine – Le Nouvel Observateur du 18 octobre 2007
Ironique a souhait, metaphysique en diable, Coeur de pierre est un roman sur le roman…
Il est rare qu’un personnage de fiction se plaigne a son auteur, pour lui reclamer une ame mieux accordee a ses aspirations. Pour ca, il faut traverser les miroirs. Qui est le personnage de qui ? De cette mise en abyme, pretexte a une reflexion prodigieuse sur les pouvoirs de l’ecriture, il s’ensuit que nous ne vivons pas dans le meilleur des mondes possible, celui que Dieu et Leibniz auraient choisi pour nous, mais qu’ils les laissent tous exister, sans souci de finalite, de coherence ni d’harmonie. A la disposition des litterateurs. Les romans, ca sert a se demander a quoi ca sert de les ecrire. Merci, monsieur Peju.
- Les courts extraits de livres : 29/09/2007
Expulsion
Trois coups !
Quelqu’un frappait a la porte. Trois coups puissants et imperieux contre le cadre de bois.
Police ! Puis une grele de petits coups impatients contre la vitre qui allait voler en eclats. Ouvrez ! Police !
Encore abruti de sommeil, roule dans ses couvertures sur le matelas de mousse pose au milieu de la piece vide, Schulz distinguait le bleu des uniformes a travers le verre depoli. Il entendait des craquements, des bruits de pas et des voix d’hommes autour de la maison. Confusement, il avait percu le ronronnement d’un moteur au ralenti puis des claquements de portieres. Il avait tellement redoute cet instant ! A l’aube, chaque fois que des pas lourds approchaient dans le noir, il sursautait. Pour la premiere fois, Schulz esperait pouvoir passer l’hiver dans ce qu’il avait si longtemps considere comme leur maison. Il avait reussi a dormir sans etre reveille par son cauchemar habituel, ni par une quinte de toux. Le froid etait la desormais, glacial. En ce 31 octobre, il ne restait en principe aux autorites que quelques heures pour proceder legalement a des expulsions. Et du monde a jeter a la rue, squatters, locataires n’ayant pas paye leur loyer depuis des mois, il y en avait beaucoup !
Les policiers ou plutot les juges qui les envoyaient avaient donc attendu le tout dernier jour prevu par la loi ! Ils etaient la. C’etait fini. Schulz rejeta les couvertures, se dressa peniblement, chercha en vain ses lunettes et se resigna a deverrouiller la porte. Il portait son vieux manteau bleu marine boutonne jusqu’au cou, un foulard gris, des chaussettes. Pret a partir, en somme. Les coups redoublaient. Dans l’affolement, il renversa le petit rechaud pose a meme le sol, avec la casserole contenant un reste de pates agglomerees, pietina la paperasse et les livres qui cernaient le matelas.
Ses lunettes lui manquaient. Sans elles, il n’y voyait pas trop mal, mais il en portait depuis l’enfance et, bien ajustees sur son nez, elles etaient devenues un masque de protection magique sans lequel il se sentait vulnerable. Il etait amaigri et mal rase et les policiers qui penetraient dans la maison lui parurent gigantesques. Ils avaient de beaux visages lisses et roses, et des uniformes impeccables. Puissants et reluisants, ils se trouvaient surtout du bon cote de cette saloperie d’existence. Schulz l’avait connu et aime ce bon cote. Il s’y etait trouve durant pas mal d’annees. Il s’etait cramponne longtemps. Et puis un jour, il avait lache prise.
Monsieur Schulz ? Police ! Vous etes sous le coup d’une procedure d’expulsion prononcee par le tribunal, le 24 avril de cette annee. Nous sommes le 31 octobre, et… D’une main gantee de cuir noir, un policier tendait un imprime officiel tandis que deux de ses collegues encadraient Schulz, s’attendant de sa part a un geste de rebellion. Derriere eux, un type en civil ne disait rien. Il avait un museau de rat, une casquette de tweed enfoncee jusqu’aux yeux et prenait des notes en se servant de son porte-document comme d’un pupitre.