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Comme une mere

Auteur : Karine Reysset

Date de saisie : 19/06/2008

Genre : Romans et nouvelles – francais

Editeur : Ed. de l’Olivier, Paris, France

Collection : Litterature francaise

Prix : 18.00 / 118.07 F

ISBN : 978-2-87929-605-0

GENCOD : 9782879296050

Sorti le : 06/03/2008

  • Le choix des libraires : Choix de Nicole Leynaud de la librairie MAJUSCULE a ARMENTIERES, France – 17/09/2008

Emilie et Judith sont venues seules a la maternite. Leur parcours est different, l’une accouche sous X, l’autre attend cette naissance comme un miracle. Leurs destins vont se croiser. Ce roman est d’une grande sensibilite et nous habite longtemps.

  • Les presentations des editeurs : 17/09/2008

Elles sont venues seules et se retrouvent cote a cote dans la salle des naissances. Pour l’une comme pour l’autre, ce jour doit inaugurer un nouveau depart. La tres jeune Emilie accouche sous X et espere tout recommencer a zero. Judith, elle, attend avec une impatience teintee d’inquietude la naissance de son fils, Camille, un miracle apres tant d’annees de grossesses decues.

Mais, pour l’une comme pour l’autre, rien ne se passe comme prevu. Judith perd son bebe et, dans un geste de detresse, enleve l’enfant promis a l’abandon de la chambre voisine.

Des lors, le destin de ces deux femmes est irremediablement lie.

Karine Reysset explore tout en finesse les promesses que recele pour les meres l’arrivee d’un enfant, les inevitables blessures et la folie qui s’empare d’elles quand la maternite leur est refusee.

Un recit mene tambour battant, un sujet qui bouscule, un suspense prenant : Comme une mere ressemble a ces contes malefiques et merveilleux qui vous hantent longtemps.

Karine Reysset est nee en 1974. Elle a grandi entre Arras, Rouen et la banlieue parisienne. Apres dix ans passes a Paris, elle s’installe a Saint-Malo. En 2003, elle publie son premier roman, L’Inattendue. Suivront En douce en 2004, aux Editions du Rouergue, et A ta place aux Editions de l’Olivier en 2006.

  • La revue de presse Michel Abescat – Telerama du 18 juin 2008

Karine Reysset accompagne ses deux personnages avec une belle generosite, ne juge jamais, ne prend jamais la tangente quelle que soit la violence de ce qu’elle met au jour. Ce quatrieme roman est une superbe reussite, avec la mer pour horizon – l’action se passe pour l’essentiel a Saint-Malo. La mer, ses lignes infinies, ses eternites apaisantes, ses reves d’engloutissement. Une limite. Un point d’ancrage.

  • Les courts extraits de livres : 17/09/2008

On m’a installee dans une piece avec plusieurs lits. Par les fenetres donnant sur le parc, on entend les oiseaux, les conversations des promeneurs et le ronronnement des voitures. A ma droite, deux jeunes – indiens ou pakistanais – chuchotent dans leur langue. A ma gauche, une femme avec une chemise de nuit longue en satin violine et un chale couleur chair en mohair. Elle est maquillee, et ses longs cheveux noirs brillent. On dirait qu’elle s’est egaree, qu’elle s’appretait a marcher sur un tapis rouge a Cannes ou ailleurs et qu’elle a atterri la par erreur. Elle parait heureuse, et pourtant son beau visage grimace sous la douleur par intermittence. Elle est seule. Comme moi. Elle me sourit de toutes ses fossettes avant qu’on ne tire le rideau en plastique entre nous. Je trouve ca vraiment genant qu’on soit les uns a cote des autres.
Il y a deux jours, j’ai debarque ici comme une fleur. On m’avait dit le 8, et on etait le 8. Ca ne marche pas comme ca, je suis naive. Je ne savais pas, je n’ai pas suivi leur preparation a la noix. Non, je n’avais pas de contractions, ni perdu les eaux, rien de tout cela. La fille de l’accueil m’a regardee avec des yeux bovins, avant de me lancer un tres meprisant : Vous etes inscrite au moins ? Puis elle m’a demande mon nom. Je lui ai repondu que je ne pouvais pas le lui donner, que c’etait confidentiel. Elle voulait savoir si c’etait une camera cachee. Je l’aurais giflee. Je lui ai suggere de demander a Mme Blanchot, ca la ferait sans doute rire elle aussi.
Mme Blanchot, c’est la femme qui me suit depuis le debut. Elle assure l’interface entre l’hopital et la famille d’accueil en attendant l’adoption. Elle ne m’a pas jugee, elle m’a juste demande de bien reflechir. Elle m’a prevenue que c’etait irreversible ou presque. Il y a une sorte de delai de reflexion. Comme pour la vente par correspondance, on a le droit de changer d’avis, de se retracter. Pendant sept jours je crois, ou un mois ou deux, je ne m’en souviens plus. C’est tout reflechi, j’y ai deja trop pense, jusqu’a en devenir folle.
On m’a laissee patienter un long moment. J’aurais eu le temps d’accoucher sur la banquette de la salle d’attente. Le medecin m’a explique sechement qu’un enfant ne nait pas sur commande, mais quand il est pret, et que l’accouchement n’est provoque qu’au bout de quatre jours apres le terme prevu. Ce n’est en aucun cas une question de convenance personnelle. J’ai dit que ca n’allait pas etre possible, que ma formation commencait dans dix jours, que c’etait la chance de ma vie, je ne pouvais pas me permettre de la rater. Il s’est radouci, m’a conseille de revenir dans deux jours voir si on pourrait faire quelque chose pour moi.
Ces dernieres quarante-huit heures ont ete une torture, plus longues que les neuf mois qui viennent de s’ecouler. J’etais vraiment preparee, comme programmee, pour que ca se passe le 8, et depuis, je le sens bien, ma carapace se fissure, mon coeur est a nu, un fruit epluche, je suis plus vulnerable que jamais.
Je pose mes mains sur mon ventre pour calmer la petite, ca va perturber leur machine si elle est agitee. Dans l’ensemble, nous avons fait bon menage, elle et moi. Elle ne m’a pas embetee. Je suis sure qu’elle sera facile a vivre. Ca sera un atout pour elle.
– Le bebe va bien, me dit la sage-femme en controlant le monitoring.
Elle m’applique une sorte de gel tres froid. Elle me previent que ca va etre douloureux, enfin pas tres agreable.
Ce matin, le medecin a eu pitie de moi, il m’a dit qu’ils allaient declencher l’accouchement. Il m’a demande ou etaient mes affaires. Je me suis mise a paniquer, je pensais que pour le bebe l’hopital s’occupait de tout. Il parlait de moi. J’ai vraiment eu l’air bete, une fois de plus. Je les accumule, on dirait que je le fais expres. Il m’a demande si j’avais eu la liste.