Couleurs de Biarritz

Entre le phare de Biarritz, sentinelle avancee sur la mer et l’enigmatique folie du baron de L’Espee qui surplombe la Cote des Basques, il y a encore la Vierge pour embrasser de son rocher toute l’etendue oceanique.

Dans le somptueux ecrin du golfe de Gascogne a la courbe majestueuse, Biarritz a garde son labyrinthe inextricable de rochers, de chambres, d’arcades, de grottes et de cavernes, etrange architecture jetee pele-mele au milieu des flots qu’admirait deja Victor Hugo.

Mais a peine evoque-t-on la reine des plages et la plage des Rois que deux silhouettes altieres se hissent par-dessus les toits d’un palais aux allures imperiales. L’infatigable entrepreneur Napoleon III et Eugenie la divine inspiratrice demeurent encore l’ame de l’ancien port baleinier et, dans leur sillage, les audacieux Biarrots n’ont-ils pas commis la folie de batir en trois ans plus de trois cents maisons ?

Si l’epoque actuelle a reussi a fixer les restes magnifiques de son eclectisme architectural herite de tous les coins de l’univers, elle dote egalement la ville des jalons aussi indispensables que controverses de sa marche vers l’avenir : Mediatheque, Ecole de Musique, Cite du Surf, etc.

Les auteurs de cet ouvrage sont partis a la recherche de ce grain de folie qui a fait la renommee et continue d’animer Biarritz.

Les fraiches aquarelles de Claude Marissal explorent a merveille les replis les plus secrets des rivages biarrots et font decouvrir une architecture souvent meconnue dont Alexandre de La Cerda s’applique a reconstituer la vie palpitante et parfois demesuree.

Alexandre de La Cerda, auteur de nombreux ouvrages sur Biarritz et laureat de l’Academie francaise cultive avec talent et erudition cet heritage cosmopolite legue par ses grands-parents qui avaient choisi la villegiature imperiale voila plus d’un siecle.

Claude Marissal est accompagnateur de rando-aquarelles au sein de l’association La Balaguere, dont la vocation est la decouverte des Pyrenees.

De nuit, la cote s’eclaire admirablement dans ses moindres details en un spectacle feerique.

L’hiver, les grandes tempetes semblent emporter des pans entiers de littoral ; des gerbes d’eau giclent a l’assaut du Palais et du Rocher de la Vierge, eparpillant au vent leur panache d’ecume.

L’ete, eclatent les hortensias, ainsi nommes en l’honneur de la reine Hortense que son sejour a Biarritz en 1807 avait aidee a se remettre de la perte cruelle, en bas age, de son fils premier-ne ; le second, Louis-Napoleon, devenu Napoleon III, saura s’en souvenir lorsque son epouse Eugenia de Teba y Montijo l’attirera dans la petite localite de paysans et d’anciens chasseurs de baleines qui commencaient deja a planter des tamaris sur les falaises et transformer quelques chemins de sable en rues…