Auteur : Thom Jones
Traducteur : Jean-Pierre Carasso | Jacqueline Huet
Date de saisie : 31/10/2007
Genre : Romans et nouvelles – etranger
Editeur : Albin Michel, Paris, France
Collection : Terres d’Amerique
Prix : 20.00 €
ISBN : 978-2-226-18105-3
GENCOD : 9782226181053
Sorti le : 31/10/2007
- La Radio des libraires : David Rey de la librairie ATOUT LIVRE a PARIS, France (visiter son site) – 19/11/2007
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David Rey – 19/11/07
- Les presentations des editeurs : 16/11/2007
Dix nouvelles composent ce recueil dont l’action se deroule aux Etats-Unis mais aussi en Afrique. On y retrouve cette vision singuliere de la condition humaine propre a Thom Jones et ses personnages d’accidentes de la vie (Marines, boxers et autres…) mais aussi des themes puissants tels que la guerre au Rwanda ou la lutte contre les ravages du sida auxquelles sont confrontes des Americains, medecins ou membres d’une organisation humanitaire.
Tel une fresque hallucinee de Bruegel, le livre nous contraint a faire face aux maux eternels de notre espece : la guerre, la maladie, la famine et la decadence.
Quelle que soit la difficulte de leur situation neanmoins, les personnages de ces nouvelles savent manier l’ironie et s’ils font parfois preuve de fatalisme, ils finissent toujours par trouver une forme de redemption…
C’est aussi aux demons de notre temps que nous confronte Thom Jones dans ce livre impressionnant, sans menagement mais avec franchise et honnetete.
Auteur de trois recueils de nouvelles aux Etats-Unis, Thom Jones, dont les editions Albin Michel ont publie Le Pugiliste au repos en 2005, s’est impose comme un des jeunes ecrivains americains majeurs.
- La revue de presse Andre Clavel – L’Express du 13 decembre 2007
Ancien boxeur reconverti dans la litterature, l’auteur du Pugiliste au repos (reedite en 10-18) ecrit sans prendre de gants. Ses coups sont d’autant plus redoutables : il les assene avec une energie incroyable, pour mettre en scene une humanite dechue que le destin a violemment expediee au tapis, en ricanant. Quant a la prose de Thom Jones, elle fonce a tombeau ouvert et l’on comprend qu’il prefere ecrire des nouvelles plutot que des romans…
Ses nouvelles sonnent juste. Elles font mal, parce que notre monde souffre. En attendant le dernier round.
- La revue de presse Bruno Corty – Le Figaro du 8 novembre 2007
Traduit, comme Le Pugiliste au repos, avec douze ans de decalage, Coup de froid nous met en presence d’hommes et de femmes au bout du rouleau. L’Afrique a abime leur organisme, a coups de palu et de malaria. Elle a brise leurs bonnes intentions, ruine leur moral, accentue leurs vices. Les medicaments a haute dose, les drogues et l’alcool ont fait le reste. Certains ne quitteront jamais ce coeur des tenebres..
La nouvelle americaine possede en Thom Jones un talent rare, capable de convertir en mots les malheurs des hommes, de rendre palpable la violence de leur condition et de rire de cette vaste comedie.
- Les courts extraits de livres : 08/12/2007
Coup de froid
Fait chier merde, il y a un coup de froid et je m’appuie la corvee qui consiste a laisser tous les robinets ouverts parce que ma maison, et la plupart des maisons ici sur la cote Ouest, sont pas de vraies maisons – elles ont pas de fenetres a guillotine, pas de caves (qui protegent la tuyauterie comme un vide sanitaire pourra jamais le faire), pas de trottoir avec une paire de chenes altiers ou deux ou trois ormes, comme il y en a devant les vraies maisons, les bonnes vieilles baraques du Midwest. Ici les fenetres coulissent sur le cote, on a pas de cave, pas de trottoir, pas de vrais arbres, rien que des coniferes, et quand il se met a faire froid et qu’il neige, personne sait plus a quel saint se vouer. Deux centimetres de neige, on ferme les ecoles et tout le bled est paralyse. Au secours ! M’abandonnez pas, moi j’abandonne ! Bah, pour une fois qu’il fait froid, c’est deja un changement. Apres tout, faut pas se plaindre. Parce que les puces et les moustiques vont tous geler, et aussi parce qu’un changement, n’importe quel changement, c’est deja quelque chose. Et puis peut-etre que ca m’aidera a sortir de cette sinistre deprime post – africaine – je suis deprime, tu peux pas savoir. Je me reveille a trois heures du mat et je me dis, Oh, non, la tuyauterie va peter, alors je fais couler l’eau et je laisse goutter les robinets et je sors ouvrir les robinets exterieurs, qui sont les plus fragiles. C’etait couru, ils commencaient deja a geler. Je suis arrive juste a temps, une bonne chose, vu que dans mon etat, j’aurais ete absolument incapable de m’occuper d’un tuyau pete par le gel. Je venais de rentrer d’Afrique ou j’avais joue au docteur pour les indigenes, chope une malaria particulierement carabinee et perdu douze kilos. Mais c’etait une bouffee delirante qui avait amene Global Aid a me renvoyer chez moi. La pire crise que j’aie eue jusqu’ici. Et le lithium me file un tel psoriasis que j’ai l’air d’un alligator. On peut prendre du Tegretol pour ce genre de crise mais une fois j’y avais laisse tous mes globules blancs et j’avais bien failli claquer. Alors ce que j’aime faire quand je suis vraiment a cran, c’est m’injecter un peu de morphine en sous-cutanee, j’en avais des litres la-bas. Ca permet de garder son calme – et, contrairement a l’alcool, c’est un truc que je maitrise. N’empeche, j’avoue que c’est a cause de la drogue que j’ai perdu le droit d’exercer aux Etats-Unis et que je me suis retrouve chez Global Aid quand les choses se sont tassees. La volonte de Dieu, en fait. Le destin. Le karma. Comme on voudra. D’ailleurs, la folie douce est un atout en Afrique, une vraie raison d’agir. Et on peut faire tout ce qu’on veut la-bas, tant qu’on garde les pieds sur terre et qu’on va pas se pavaner a poil sur la pelouse du president a Nairobi pour se faire expulser (c’est ce que j’ai fait et c’est un coup pour lequel on vous expulse ; d’accord, j’ai menti, on peut pas faire absolument tout ce qu’on veut, et puis quoi, vous allez me faire un proces ?). Sous lithium, on evite les crises les plus graves mais on n’a plus du tout de ressort, on n’est plus capable que de se trainer en buvant de la biere Primus a la bouteille, en ralant qu’il fasse si chaud quand on a tellement de boulot.
Pendant que je suis dehors pour m’occuper de mes robinets, je jette un oeil a mon Oldsmobile en me demandant si c’est l’an dernier que j’ai change l’antigel. De retour au pieu, je m’avise d’un seul coup que ca fait trois ans, alors je sors pour faire tourner le moteur, assis dans la bagnole, claquant des dents – il fait moins vingt, c’est pas possible !
L’air chaud a vite fait de degivrer la voiture et je vais jusqu’au Safeway, rayon quincaillerie, ou j’achete un testeur d’antigel, un de ces machins avec des petites boules a l’interieur. A quatre heures du mat, je me retrouve dans ma cuisine ou je m’acharne a sortir ce truc de son emballage plastique dont il finit par jaillir en deux morceaux, l’ampoule montee a l’envers. A tous les coups, c’est un abruti d’Amerique centrale qui l’aura emballe cul pardessus tete pour vingt cents de l’heure chez un patron esclavagiste. D’accord, il est dans la merde, je sais – le fait est que j’y suis alle, la-bas, et que je pourrais meme lui expliquer pourquoi il est dans la merde, mais moi, alors, et mon putain d’antigel ? Je veux bien te plaindre, mon pote, mais moi, hein ? J’essaye de rafistoler le machin quand je me rends compte qu’il existe un gros risque de casser le verre et de se couper le pouce. Et sitot que cette voix qui est moi, qui est toujours en train de me parler, ca doit etre mon ego, j’imagine, me dit Fais attention, Richard, sinon tu vas te couper le pouce – a l’instant meme, je m’entaille le pouce jusqu’a l’os. C’est comme ca que, sans transition, je roule vers l’hopital, une serviette sur le pouce, en me disant, Y a une minute, tout allait bien, et je me retrouve en route pour les urgences !
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