
Auteur : Francois Jonquet
Date de saisie : 03/04/2008
Genre : Spectacles
Editeur : Sabine Wespieser editeur, Paris, France
Prix : 16.00 €
ISBN : 978-2-84805-062-1
GENCOD : 9782848050621
Sorti le : 03/04/2008
- Le choix des libraires : Choix de Claire Strohm et Robert Roth de la librairie AU MOULIN DES LETTRES a EPINAL, France (visiter son site) – 28/06/2008
Daniel Emilfork possede la grandeur des demunis. C’est un “personnage” a la vie comme a la scene. Si son existence materielle est precaire, denuee de confort et de bien-etre, c’est qu’il lui oppose l’infini richesse des nourritures immaterielles de l’esprit, celles de Shakespeare, par exemple, dont il reve, dans un ultime sursaut de vie, d’adapter les sonnets au theatre.
Emilfork est une figure de la scene et de l’ecran, mieux : une gueule, dont il voudrait etre fier, mais que la vie lui a donnee comme un fardeau. Emilfork c’est aussi une voix, un accent, ceux d’un exile chilien. Chilien, oui, mais pas tout a fait. Ni blanc ni noir, peut-etre gris. Ce fils de militants marxistes, originaires de Russie, apprend tardivement qu’il est juif, puis homosexuel. Le theatre ou la vie, Non. Le theatre ET la vie pour survivre a l’innommable destin de l’etranger.
Emilfork en vieillard, c’est un homme seul et qui souffre de n’etre plus face a son public. Qui, desormais, lui donnera l’amour ? Le recit de Francois Jonquet raconte avec sobriete la grande dignite de celui qui s’achemine vers une fin qu’il s’etait revee autre.
- Les presentations des editeurs : 26/02/2008
Daniel Emilfork, acteur incomparable au visage reconnaissable entre tous, jouissait d’une mysterieuse aura. Au cinema dans Casanova ou La Cite des enfants perdus, a la television dans Cheri Bibi, au theatre dans Dommage qu’elle soit une putain monte par Visconti ou dans Richard II de Chereau, ou encore au detour de l’un de ses innombrables seconds roles, il savait rendre inoubliables ses apparitions.
Lors de la derniere annee de sa vie, cet homme solitaire, qui vivait reclus dans son appartement du haut de la butte Montmartre, s’est lie d’amitie avec Francois Jonquet. Au cours de visites et de conversations telephoniques, il lui a ouvert son coeur, raconte sa vie, romanesque, debordante, rythmee de grandes scenes et de portes claquees, de rencontres artistiques fabuleuses et de sanglantes ruptures. Pauvre mais fastueux, orgueilleux et frondeur, dragueur toujours vert, ce dandy amoureux de l’exces s’accommodait mal d’une existence qui s’amenuisait lentement. Mais il savait faire basculer la vie dans le cocasse et l’absurde. Il avait le pouvoir fabuleux de soudain l’enchanter.
Dans ce livre bref et dense, ecrit d’une traite tout de suite apres la mort du comedien, en octobre 2006, Francois Jonquet a restitue le personnage au plus pres de sa verite. Il a donne a entendre sa voix. Entre ces deux etres que tout separait, l’age, le parcours, les origines, s’est nouee une relation tendre et profonde, que la fuite du temps accelerait. Le fragile vieil homme donnait a son cadet, qui a cette epoque traversait un moment de faiblesse, de sa force et de sa bravoure. Daniel est un hommage tragique et drole a un homme qui aura theatralise toute sa vie.
FRANCOIS JONQUET vit a Paris. Avant Daniel, il a publie deux livres portraits : une biographie, Jenny Bel’Air, une creature (Pauvert, 2001), et un livre d’entretiens, Gilbert & George, intime conversation (Denoel, 2004). Son premier roman, Et me voici vivant, est paru en 2006 chez Sabine Wespieser editeur.
- Les courts extraits de livres : 26/02/2008
Bonjour Daniel, c’est Francois. Je peux passer vous voir demain en fin d’apres-midi ?
– Avec grand plaisir, Francois, a quelle heure voulez-vous ?
– 18 heures ?
– 18 heures, parfait, Francois…
– Je vous apporte des fromages ?
– Ca me ferait tres plaisir, Francois, j’ai tout mange. Je vous embrasse tres fort. A demain, Francois.
La voix allegre, heureux de cette perspective qui va combler les heures, il raccroche.
Grimper en fin d’apres-midi dans le minibus de Montmartre a l’angle du boulevard et de la rue des Martyrs, c’est deja quitter Paris. Dans une atmosphere embrumee, les vieux de la Butte remontent chez eux, graves et pensifs, leurs paniers pleins de provisions. Specialiste des demarrages en cote, le minibus crapahute a pic, slalome et se contorsionne dans le dedale des petites rues. Arret au Bateau-Lavoir. Daniel y avait vecu dans l’atelier de Max Jacob, si legitime dans la lignee de princes de ce palais de la Boheme. Mais l’atelier avait pris feu et on avait reloge Daniel a l’ombre du Sacre-Coeur.
Je deploie les oeilleres pour tracer dans les ruelles a poulbots, touristes, et oublier les croutes de la place du Tertre. Et c’est a chaque fois une delivrance de deboucher sur la vaste ouverture de la rue Saint-Eleuthere, la vue sur Paris minuscule, et partout le ciel. Revigorant comme un coup de brise marine. Daniel habite la, dans ce bout de chaussee qui degringole dans le vide et le ciel. Depuis une semaine, depuis sa mort, la lumiere orangee qui la nuit eclaire le plus haut clocheton du Sacre-Coeur est desormais, pour toujours, une veilleuse a son ame.
J’ai tout de suite retenu 1478, comme si son code etait l’annee d’une bataille ou d’un sacre, memorise depuis l’enfance. Je penetre dans la fraicheur de cet immeuble du vieux Montmartre. Frapper fort est ecrit sur sa carte de visite punaisee sur la porte.
Je tape trois coups. Daniel apparait, tres droit mais un peu chancelant, le sourire litteralement jusqu’aux oreilles, le regard petillant, si rejoui. Bref moment suspendu : alors que je suis encore dehors, il savoure ce premier instant de la visite, qui l’arrache au plus grand mal, la solitude. Moi, je suis sous le coup de sa presence. De l’ampoule qui pendouille du plafond, son visage fabuleux attrape toute la lumiere. Apparition qui me renvoie a ma premiere vision de Daniel, station Lamarck-Caulaincourt. De dos, vetu de noir, sa presence annulant toutes les autres, il s’engouffrait dans un couloir. Je n’avais vu Daniel qu’au cinema, incarnant la lubricite pour Fellini, souvenir lointain, mais j’ai instantanement identifie sa silhouette. Il filait dans ce sous-sol comme dans les caves d’un chateau fort, archetype qui hante l’inconscient, spectre qui traverse le temps. Etre qui serait aussi une idee.
Je ne sais pas vraiment ou, a l’extremite de mes joues, dans une zone entre mon visage et mon cou que je n’ai jamais le temps d’identifier, tant je suis saisi, deconcerte et un peu degoute, il applique deux baisers tres humides. Intentionnellement tres humides, il n’y a pas de doute. Pendant cette ultime annee ou j’ai connu Daniel, j’ai multiplie les stratagemes pour les eviter, mais il l’a toujours emporte.
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