Skip to content Skip to sidebar Skip to footer

Deuils de miel

Auteur : Franck Thilliez

Date de saisie : 25/02/2008

Genre : Policiers

Editeur : Pocket, Paris, France

Collection : Pocket. Thriller

Prix : 6.70 / 43.95 F

ISBN : 978-2-266-16634-8

GENCOD : 9782266166348

Sorti le : 14/02/2008

  • Les presentations des editeurs : 26/02/2008

Apres le deces accidentel de sa femme et de sa fille, le commissaire Sharko est un homme brise. Insomnies, remords, chagrin… Difficile dans ces conditions de reprendre du service. Mais une macabre decouverte va brutalement le ramener a la realite : une femme est retrouvee morte, agenouillee, nue, entierement rasee dans une eglise. Sans blessures apparentes, ses organes ont comme implose. Amateur d’enigmes, le tueur est aussi un orfevre de la souffrance. Et certainement pas pret a s’arreter la. Pour Sharko, deja detruit par sa vie personnelle, cette enquete ne ressemblera a aucune autre, car elle va l’entrainer au plus profond de l’ame humaine : celle du tueur… et la sienne.

Conduite du recit pied au plancher, imagination diabolique, rebondissements en rafale. (…) Outrance dramatique, frenesie du rythme, sureclairage des details, le lecteur n’a pas de repit.
Michel Abescat – Telerama

Cet ouvrage a recu le prix sang d’Encre des lyceens

Egalement chez Pocket : dans la meme serie, Train d’enfer pour Ange rouge, La chambre des morts et La foret des ombres.

  • Les courts extraits de livres : 26/02/2008

Un an… Un an depuis l’accident.
Un moment d’inattention. Une seconde. Meme pas. Une pulsation. Bordure de nationale. Une crevaison. Je me baisse, ramasse un boulon echappe sous le chassis. Me releve. Trop tard. Ma femme court au milieu de l’asphalte, ma fille au bout de ses doigts. Un vehicule qui surgit, trop vite. Bleu. Je vois encore ce bleu trop saillant, alors que je m’elance en hurlant. Le crissement des freins sur la chaussee detrempee. Puis, plus rien…
Un jour, on reapprend a vivre.
Et, le lendemain, tout fout le camp…
Devant moi, au creux des remparts de Saint-Malo, un type deambule tranquillement, les cheveux a l’air, le teint flatte par les rouges d’un crepuscule flamboyant.
C’est lui, je l’ai reconnu sans l’once d’une hesitation. La France n’est pas assez grande, il faut que je croise sa route, au terme de mes conges. Celui qui leur a arrache la vie.
Le chauffard.
A cet instant, quelque chose craque en moi. Une dechirure abominable…
Dire que je pensais qu’elle allait mieux, ma Suzanne, apres six annees de traitements abrutissants et de cris dans la nuit. Le traumatisme de son enlevement semblait s’essouffler, elle savait sourire a nouveau, au moins a mes yeux, avait reappris les choses simples de la vie. Se laver, s’habiller, s’occuper un peu de notre petite Eloise. Bien sur, ce n’etait plus la combattante d’autrefois, tellement lointaine parfois, si decrochee de la realite et dependante d’autrui. Sans cesse a arpenter la frontiere de la folie. Mais j’avais percu dans ses yeux le renouveau, la soif de vivre surpassant celle de partir.
Suzanne… Pourquoi t’es-tu lancee sur une nationale avec notre fille ? Quel demon s’est empare de toi, en ce triste matin d’automne ?
Ces questions, je les ai ressassees des centaines et des centaines de fois. Un livre, qu’on ne referme jamais…
Devant, l’homme, Chartreux, il s’appelle Patrick Chartreux, s’adosse sur la vieille pierre et sort son telephone portable. Il se retourne brusquement vers moi, je detourne la tete et simule un interet soudain pour le grand large. L’onde tranquille, ses bateaux paisibles. Je ne sais pas comment reagir. Une haine grandissante me brule la gorge et je me sens capable d’une connerie. Mes poings se crispent, tandis que Chartreux s’engouffre dans un bar branche. Le voir disparaitre me soulage. J’aurais pu repartir, l’oublier. Alors, pourquoi me suis-je decide a l’attendre, grillant clope sur clope ? Pas bon signe…
Le front perlant, les mains moites, j’ouvre et ferme mon portefeuille d’un geste nerveux. Ma carte tricolore de flic occupe a nouveau son emplacement. Apres tant d’annees loin du pave et des traques, j’ai repris le metier. Quitter le Nord, son ciel bas, ses souvenirs trop blessants. Puis retrouver la Grande Pieuvre, ses rues surpeuplees, cette vie de dingue au 36. Leclerc, mon divisionnaire, m’a mis plusieurs fois a l’epreuve ces six derniers mois et je n’ai pas failli. Il pense avoir retrouve le commissaire d’antan, sa hargne au combat. Il a sans doute raison. Jamais cette hargne n’a ete aussi grande…
Le commercial frique sort enfin, fringant dans son costume de marque. Il hume l’air iode, reajuste son col de chemise griffee avant d’attaquer sa marche. Des flashs me fracassent l’esprit. Sa tete de vainqueur, au proces. Ses faux airs de compassion. Ses larmes simulees. Trente kilometres au-dessus de la moyenne, deux existences volees et une si petite punition ! A l’epoque, des bras avaient su m’empecher de le demolir. Plus maintenant. J’accelere le pas et me rapproche de lui…
Bifurquer dans une ruelle deserte restera tres certainement sa plus grande erreur. Son corps ploie sous le feu de ma colere, tandis que mes cheries hurlent la, dans ma tete… Encore et encore… Je me releve, tremblant, le visage dans l’ombre. Mes yeux sont gorges de sang et de sueur…
Qu’est-ce que j’ai fait ?